Parmi les œuvres marquantes de l’histoire de l’opéra, l’Armide de Lully tient une place spécifique. Ce fut, tout d’abord, la dernière tragédie lyrique de Lully et Quinault. Sans doute la plus forte réussite dramatique de Quinault, et l’aboutissement du projet de tragédie en musique porté par Lully, qui décéda l’année suivant sa création. Le fantastique personnage de la magicienne Armide, infidèle et pourtant si belle, inspira aux deux auteurs les pages les plus fortes de l’opéra Versaillais. Armide vient une décennie après Atys former l’autre chef d’œuvre du duo Lully/Quinault. Mais ce fut aussi un modèle qui s’imposa jusqu’à nos jours : Gluck en fait une nouvelle version un siècle plus tard (et quel chef d’œuvre !), Rossini emboite le pas, Haendel l’a peut être connue quand il composait son Rinaldo…
Chef-d’œuvre du 17e siècle, Armide illustre le choc des mondes chrétien et musulman au travers de l’histoire de l’invincible chevalier Renaud et de la princesse-guerrière musulmane Armide. Obsession, jalousie et magie constituent les piliers de cette histoire d’amour tragique. Armide est un drame psychologique. En dépit de sa virginité, Armide exerce sur les hommes une puissante fascination qui les prive de tout instinct d’agressivité et suscite en eux un irrésistible désir sensuel. Armide elle-même est protégée car elle n’a jamais connu le désir. Renaud, pour sa part, puise en sa propre virginité une volonté de fer qui l’immunise aux charmes d’Armide.
Les aventures guerrières et amoureuses du Chevalier Renaud et de l’infidèle Armide ont la force d’inspiration des grands mythes. Le somptueux Sommeil de Renaud, les invocations magiques d’Armide, leurs duos éperdus, l’effondrement du palais de la magicienne vaincue et folle de dépit amoureux : autant de scènes inoubliables sublimées par la musique de Lully.
Mais Armide, comme toutes les grandes œuvres de Lully, se fait rare sur les scènes d’opéra, présentée deux fois seulement à Paris en deux décennies. Aussi la reprise de la production conduite à Toronto par Marshall Pynkoski pour Opéra Atelier Toronto est-elle une occasion à saisir absolument. Le magnifique Persée de Lully monté par Opéra Atelier en 2004, sous la direction d’Hervé Niquet et dans des décors richement baroques, avait également fait forte impression.
Dans des costumes somptueux, plaçant la chorégraphie comme soutien du drame musical, cette Armide venue du Canada après sa reprise à Toronto, avec l’orchestre Tafelmusik Baroque Orchestra, est servie par des solistes de l’ancien et du nouveau monde, accompagnés par les Chantres du CMBV : les sortilèges d’Armide sont de retour à Versailles !
Livret de Philippe Quinault d’après la Jerusalem délivrée de Torquato Tasso
Musique Armide de Jean-Baptiste Lully (1632-1687)
Avec les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles et Tafelmusik Baroque Orchestra.
Château de Versailles, Place d'Armes 78000 Versailles
Entrée par la Grille d’Honneur. L'accès aux salles se fait par la Cour d'Honneur Porte B.
Voiture : Par l’autoroute A13 et A86, sortie Versailles Château.