Duncan, roi d'Ecosse, sauve son trône grâce à la loyauté et au courage de ses généraux, Macbeth et Banquo. Célébrés comme des héros, les deux amis rencontrent sur la lande trois sorcières. Elles délivrent une prophétie qui bouleversa leur existence : Macbeth deviendra roi et Banquo engendrera des rois... Poussé par sa femme, Macbeth assassine Duncan. C'est le premier crime d'une longue série. Mais le remords et la folie le guettent...
Dans une mise en scène enlevée et délicate, cette tragédie à part dans l’œuvre de Shakespeare est ici intensément servie par dix comédiens et musiciens.
« L’oeuvre de Shakespeare porte cette universalité passionnante, foisonnante, vertigineuse, qui nous permet aujourd’hui encore de prendre le pouls du monde et de notre condition humaine éternellement questionnée. Pièce tragique, pièce politique, Macbeth est la pièce du chaos, et notre monde est également un chaos en devenir, à moins qu’il ne soit déjà le chaos.
Macbeth est une pièce qui va vite, l’enchainement des situations et la rapidité de l’action entrainent et surprennent les protagonistes eux-mêmes dans la dynamique infernale du crime. Macbeth est un homme qui de héros devient tyran sanguinaire, mais il est aussi une force et un mystère. Surtout, il n’est pas seul. Macbeth est double, et Lady Macbeth l’accompagne comme Juliette accompagne Roméo. Nous avons choisi d’explorer la dimension mystérieuse de ce couple maudit, mais passionnel et amoureux car la tragédie de Macbeth révèle des myriades d’éléments qui nous dépassent.
« Le clair est noir, le noir est clair, planons dans la brume et le mauvais air » claironnent dès le début de la pièce les sorcières. S’extirpant des profondeurs de la Terre, elles surgissent, se transforment en êtres vaguement humains, sorcières à barbes, créatures maléfiques. Sûrement moins maléfiques, toutefois, que les hommes eux-mêmes. Avant d’entamer sa ronde bouffonne, le trio infernal, tel un coryphée antique, prend un malin plaisir à titiller les peurs, les frustrations, les ambitions, la faim dévorante du couple Macbeth pour le lancer dans une aventure de folie et de mort.
Sons d’ailleurs et instruments rares et anciens, joués sur scène par deux musiciens font entrer le spectateur dans un univers sonore, une scénographie virtuelle, un décor qui ne dit pas son nom. Au chaos mental répond le chaos du monde, à la fois effrayant et fascinant. Macbeth est une pièce cosmique, une pièce métaphysique questionnant l’être au monde, sondant la dimension à la fois tragique et bouffonne de notre condition humaine. Le rire n’est jamais loin du ricanement, le ricanement du cauchemar.
La découverte de la langue et du rythme du texte induits par la traduction de Jean-Michel Déprats a constitué une part importante du travail avec les comédiens. Il s’agissait de dégager la gestuelle, le rythme charnel de cette langue à la fois âpre et poétique. Imaginer un langage des corps pour une pièce de chair et de sang a été un autre axe de recherche : danse-contact, étreintes, combats.
Une scénographie simple, composée d’un tissu de 150 m² figurant la lande ou le magma, une passerelle pour le château permettant plusieurs niveaux de jeu, la table du banquet. Nous cherchons à convoquer l’imagination plutôt que l’historicité, le symbole plutôt que la réalité dans une pièce qui fait la part belle à la fantasmagorie. »
Philippe Penguy
5, rue des Vignes 75016 Paris