« Le monde est plein de gens qui méprisent ce qu’ils ne peuvent pas imaginer. »
Sade vu par Yukio Mishima, c’est, comme l’écrit l’auteur japonais, « Sade vu à travers le regard des femmes ». Six femmes réunies à trois reprises lors des différentes incarcérations du « divin marquis » : sa femme, Madame de Sade - qui après avoir tout fait pour lui, le quittera le jour de sa libération -, la mère de celle-ci, la petite sœur et maîtresse, une courtisane, une amie d’enfance, une domestique. Six femmes, aux caractères, aux sentiments, aux attentes différents, qui s’affrontent.
Sade n’est jamais présent, mais lui, l’homme de toutes les remises en question et de toutes les transgressions, est le spectre effrayant et fascinant qui rôde et les obsède. L’espace scénique est le théâtre des opérations sur lequel les six femmes vont se déplacer comme les pièces d’un échiquier imaginaire, semblant obéir à des règles de jeu précises, mais connues d’elles seules. Leurs costumes - corsets et crinolines - sont leurs armures. Telles des bernard-l’hermite, elles ont investi des coquillages fabuleux qui les protègent et leur donnent forme et consistance.
Mais nous, spectateurs, nous sommes les témoins du difficile combat qu’elles livrent : quand elles n’ont plus cette parole qui est leur arme face au chaos qui menace, nous les retrouvons, fragiles et vulnérables en attente, au bord du plateau.
Adaptation française André Pieyre de Mandiargues.
15, route de Manom 57103 Thionville