Melone Blu

Il était une fois, dans un lieu inconnu, à une époque incertaine, trois générations. Chacune se succède, chacune a sa dramaturgie.

La première découvre une île où pousse un fruit qui a toutes les vertus du monde : le Melone Blu. Portée par l’utopie d’un monde meilleur, elle s’installe, elle cultive. C’est la mise en branle de l’imaginaire moderne, celui du progrès et le début de la révolution agricole. Pour la raconter au plateau, un chœur parle de « l’aventure la plus extraordinaire que la région n’ait jamais vécue ». C’est un conte populaire, chaleureux, qui respecte la tradition de l’oralité qui transporte les mythes fondateurs. Tout le monde le connaît, le raconte, se l’approprie, ajoute son détail. C’est un socle commun, notre roman historique.

La deuxième génération se met à rêver d’une récolte qui se ferait toute seule. Elle innove, redouble d’inventivité, construit des automates et des machines révolutionnaires, exploite l’eau de mer et la liqueur de fruit comme de formidables carburants. C’est la révolution scientifique et industrielle. Mais le chœur a disparu, ce sont des individus qui s’adressent à nous. Malgré l’utopie et l’énergie vitale qu’ils partagent, leurs voix laissent percevoir, déjà, les premiers doutes, les premières désillusions.

La troisième et dernière génération hérite d’un monde qui tremble sur ses bases. Deux frères : l’un prône la révolution, l’autre la continuité. Tous deux clivent, l’un par ses accusations, l’autre par la fermeté de son cap. Les deux prolongent les erreurs de leurs aïeuls. Cette histoire-là, nous la connaissons. Personne ne nous la raconte. Elle se déroule au présent, sans ambages.

Melone Blu est l'histoire de nos progrès et de leurs conséquences. L’histoire de ceux qui ont cru, générations après générations, que notre monde fini pourrait toujours nous offrir davantage.

Samuel Valensi a choisi l'assertivité du conte philosophique pour raconter cette histoire, sans accuser, ni blâmer.

Distribution en alternance.