Fable contemporaine, Dan Då Dan Dog est un conte d’hiver qui prend le détour du rêve, ouvrant la possibilité d’une autre temporalité, verticale et multiple. Par une dramaturgie malicieuse, la metteuse en scène Pascale Daniel-Lacombe bobine et rembobine l’espace et le temps, évoquant avec humour et tendresse les incertitudes de notre époque tourmentée.
Dan Då Dan Dog, que veulent bien vouloir dire ces sonorités si dansantes ? Le jour où le jour est mort ou peut-être plus spécifiquement dans ce cas, Le jour où le chien nommé Jour est mort.
À l’image de ce titre mystérieux, la pièce écrite par le dramaturge suédois Rasmus Linberg se déploie comme une énigme étrange et décalée, enchâssant les récits et les temporalités. Sur fond de fait-divers, on y suit les parcours embrouillés de sept personnages et d’un chien. Un matin ou peut-être un soir, quand en Suède le jour cède sa place à la longue nuit polaire, un vieil homme meurt laissant derrière lui une veuve et une petite communauté désemparée, en proie à des questions existentielles.
À la fois victimes d’eux-mêmes et de cette société qui ne connaît ni compassion ni fraternité, iels témoignent d’une maladroite humanité qui nous émeut autant qu’elle nous fait rire.
Fable contemporaine, Dan Då Dan Dog est un conte d’hiver qui prend le détour du rêve, ouvrant la possibilité d’une autre temporalité, verticale et multiple. Par une dramaturgie malicieuse, la metteuse en scène Pascale Daniel-Lacombe bobine et rembobine l’espace et le temps, évoquant avec humour et tendresse les incertitudes de notre époque tourmentée.
L’écriture est ciselée, concise et drôle bien qu’elle s’ouvre à des sujets amers qui s’entrecroisent dans le désordre. Dans une dramaturgie qui bobine et rembobine l’espace et le temps, les parcours de sept personnages et d’un chien s’entortillent, interdépendants bien malgré eux. On traverse une étonnante dramaturgie chorale qui serait comme un catalogue de manifestations fragiles, où chaque cas est unique. Et c’est drôle. Rasmus tisse avec malice des intimités mises à l’épreuve, des crises existentielles qu’il met au premier plan dans un contexte sociétal qui provoque des fractures, des solitudes affectives, un hyper-individualisme sclérosant, sans compter le poids d’une culture luthérienne où la rédemption n’existe pas. Le temps n’y est pas chronologique mais s’inscrit comme dans nos rêves, rythmé par des associations d’idées, ce qui nous invite à lâcher prise dans un charivari spatio-temporel qui allège la gravité des thématiques, au point de défier la loi de la gravité elle-même. La collaboration de Pascale Daniel-Lacombe et Marianne Ségol, dramaturge et traductrice de Rasmus Lindberg, vient faire sonner l’univers textuel de l’auteur par échos et rebonds avec d’autres de ses pièces. Un personnage se rajoute à la pièce initiale avec la complicité de Rasmus Lindberg.
L’enjeu scénographique est de spatialiser les passés, présents et futurs imbriqués. Dans la mise en scène, cette représentation spatio-temporelle prend le détour du rêve, qui « (...) ouvre la possibilité d’une autre temporalité, verticale, et qui pourtant traverse cette vie, ce temps. (...) qui ne consiste pas à prédire, mais à réorganiser ce que nous croyons muet ou sans possible, à raconter une projection dans une action perdue. Un rêve qui agit en nous un peu comme une force qui viendrait découdre le passé et permettre de l’habiter autrement. Un rêve qui ne dit pas ce qui va arriver, mais qui inaugure un chemin autre. (...) Si je ne rêve pas, je n’ai pas de lieu en moi où puisse s’espérer le temps. Le temps est le sang du rêve. »
41, avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers
Voiture : Porte de Clichy, direction Clichy-centre. Tout de suite à gauche après le Pont de Clichy, direction Asnières-centre.
A 86 Sortie Paris Porte Pouchet. Au premier feu tourner à droite, avenue des Grésillons.