« La société va mal. Mais qui ose prendre à bras-le-corps les problèmes criants de la pauvreté (si visible dans nos rues), de la malnutrition infantile (source de toutes les délinquances), de la surpopulation urbaine (berceau de toutes les violences) ? La police est débordée et nos gouvernants bégaient d’impuissance… »
Un homme seul, philanthrope et courageux, a pris sur lui de réfléchir frontalement aux maux de nos sociétés pour proposer enfin des solutions rationnelles et salutaires : les pauvres n’ont-ils vraiment aucunes ressources ? Si : leurs bébés, dont la chair procurera aux classes aisées une nourriture recherchée et aux classes populaires du travail, avec l’ouverture d’abattoirs spécialisés. Trop de SDF polluent nos rues ? Étiquetons les nationaux et chassons les autres à la mer ! Et ainsi de suite, tout est l’avenant : c’est simple, efficace et économique.
Qu’on se rassure : l’auteur du célébrissime Voyage de Gulliver (1667 – 1745) usait du rire et de la provocation pour dénoncer, il y a bientôt trois siècles, ces formidables programmes politiques qui alimentent la haine et le rejet de l’autre. Cela vous fait toujours penser à aujourd’hui ? Alors venez écouter la vraie-fausse conférence menée, chiffres en main et sourire en coin, par l’auguste David Gabison : vous n’avez pas fini de n’en pas croire vos oreilles !
Après des études de théologie, David Gabison sombre dans le théâtre et part en RDA se former au sein du Berliner Ensemble. De retour en France, il accompagne l’aventure du Théâtre de Gennevilliers, aux côtés de Bernard Sobel, de 1969 à 1990. Il joue également dans nombre de films et dans des mises en scène d’Yvon Davis, Jacques Lassalle, Georges Wilson, Roger Blin, Marcel Maréchal, Antoine Vitez, Hans Peter Cloos, Bruno Bayen, Michel Didym, Michel Dubois, Anne-Marie Lazarini, Jean-Yves Lazennec…
Adaptation de David Gabison.
« Cela se passait il y a trois cents ans, du temps que les hommes étaient un peu plus des loups qu’ils ne le sont aujourd’hui, pas beaucoup plus. » Par une terrible nuit d’hiver, le misanthrope Ursus recueille dans sa roulotte deux enfants abandonnés au froid et la faim : une petite fille aux yeux gelés, et un garçon horriblement défiguré par des trafiquants d’enfants : Gwynplaine, au visage tailladé d’un rictus monstrueux et pétrifié, magistral et irrésistible, deviendra rapidement le célèbre « Homme qui rit », vedette incontestée des foires de la vieille Angleterre… jusqu’au jour où la Chambre des Lords le réclame !
Christine Guênon, magnifique comédienne s’il en est, s’est faufilée au cœur des huit cents pages de L’homme qui rit, immense roman d’aventure politico-philosophique, pour suivre à la trace nos héros au fil de leurs pérégrinations. Elle a avec elle une chaise, un banc, une table de maquillage, et la plume inoxydable du grand Victor, génial conteur de la geste humaine, infatigable militant d’une démocratie réelle qui considèrerait enfin les plus démunis (l’étranger, le pauvre, le bagnard et les enfants) comme la pierre de touche de nos sociétés : « Ce qu’on m’a fait, on l’a fait au genre humain. On lui a déformé le droit, la justice, la vérité, la raison, comme à moi les yeux, les narines et les oreilles. Comme à moi, on lui a mis au cœur un cloaque de colère et de douleur, et sur la face un masque de contentement », confie Gwynplaine, l’homme qui rit et qui fait rire. Mais qu’est-ce que rire d’un rire ? Est-ce la seule réponse possible à la violence cynique du pouvoir ?
Formée aux Ateliers des Quartiers d’Ivry et à l’Espace Acteur, Christine Guênon a joué sous la direction, entre autres, de Michel Cerda, Daniel Soulier, Jean-Christian Grinevald, Thierry Atlan, Manuel Rebjock, Jacques Falguière, Guy Delamotte… Elle a régulièrement collaboré avec François Rancillac (Le pays lointain et Retour à la citadelle de Jean-Luc Lagarce, La Folle de Chaillot de Jean Giraudoux, Détours d’après Sophie Calle) et joue dans Roi Lear 4/87 d’après Shakespeare, mis en scène par Antoine Caubet.
Adaptation de Christine Guênon.
La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.