« Neuer Tanz devient pop », annonce Va Wölfl à propos de cette pièce. Sur scène, des orgues, des micros, des guitares électriques, des violons – et le groupe, aux commandes de cette machine sonore, s'apprêtant à faire résonner la salle d'accords familiers, de reprises doucereuses ou discordantes, de riffs électriques ou de mélodies mélancoliques.
En chef d'orchestre invisible de ce chantier musical, VA Wölfl va transformer le « devenir-pop » en déclaration de guerre, détournant progressivement notre écoute des morceaux par un dérèglement souterrain des codes scéniques. Traversés par des courants alternatifs, des impulsions contradictoires, mélangeant play-back et direct, les interprètes sont soumis à une mécanique qui les change en rouages d'un manège devenu fou. Une chanteuse est déplacée comme un mannequin. Au synthétiseur, une interprète fait des pointes tout en continuant à jouer, une autre utilise son instrument comme moyen de locomotion.
Pendant près de 90 minutes, nous sommes soumis aux effets corrosifs de cette opération alchimique qui transmute notre univers « pop » en requiem désaccordé. L'entreprise du divertissement et les mots d'ordre consuméristes ou hygiénistes qu'ils véhiculent, se retrouvent pris au piège d'un miroir déformant, qui nous renvoie ses messages sous une forme indéchiffrable. Le langage se fait karaoké, remix ou murmure inaudible, cri indistinct ou chanson monotone – perforé ça et là par des sentences provocatrices : « Qu'avons-nous à faire de la liberté ? Donnez-nous de l'argent ! ». A la perfection érigée en principe répond le ratage, le dérèglement des têtes de lecture – le concert devenant la caisse de résonance du désordre qui sévit au dehors.
Le « parking de Woolworth » – métaphore du désert du réel – se reflète dans cet espace, capable d'absorber et de broyer tous les matériaux qui passent à sa portée. Peut-être sommes-nous dans la galerie d'un centre commercial, baignés dans une musique d'ambiance... Mais le disque est rayé, les néons sont aveuglants, et les vendeurs derrière leurs vitrines semblent des automates dont le programme se serait déréglé. C'est une scène, un dispositif de vision – comme un rétroviseur au travers duquel nous observons les apparences de la réalité se dissoudre.
Gilles Amalvi
« ...two soldiers died in Afghanistan today and one of those soldiers was a hero.
His name was " White Mike".
White Mike, this song is for you, we miss you... »
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Voiture : A3 (Porte de Bagnolet) ou A1 (Roissy) ou RN3 (Porte de Pantin) sortie Bobigny / centre-ville ou A86 sorties N° 14 Bobigny /Drancy.
Parking à proximité (un parking gratuit dans le centre commercial Bobigny 2 est accessible les soirs de représentation)