Six danseurs développent un vocabulaire chorégraphique qui s’appuie sur des actions détournées de leur but d’origine. Les mélodies de Bach, jouées en direct par cinq musiciennes de l’ensemble baroque il Convito, les accompagnent. Le tout est sublimé par une installation vidéo en temps réel qui donne aux corps des proportions architecturales.
Au cinéma, un close-up est un cadrage qui isole une partie du corps. Un changement d’échelle que Noé Soulier expérimente dans cette pièce pour six interprètes, où il renouvelle l’approche de la chorégraphie filmée sur scène. L’image permet d’être au plus proche des corps tout en leur donnant des proportions architecturales. En confrontant ainsi deux types de chorégraphie, une pour l’espace physique de la scène et l’autre pour l’espace de la projection, Noé Soulier fait cohabiter plusieurs scènes qui peuvent interagir différemment avec la musique. Jouées par les cinq musiciennes de l’ensemble il Convito de Maude Gratton, les pièces contrapuntiques de Johann Sebastian Bach se concentrent sur une construction polyphonique abstraite mais elles n’en sont pas moins expressives. C’est cette tension que Noé Soulier explore pour sonder les méandres complexes et polyphoniques de nos expériences intimes, des plus intenses aux plus infimes, qui ne connaissent ni la simplicité ni la linéarité d’un schéma narratif.
Le vocabulaire chorégraphique qu’il développe dans Close Up s’appuie sur l’improvisation pour trouver un chemin entre abstraction, émotion et sens. Pour cela, le chorégraphe s’appuie sur des actions pratiques détournées de leur but d’origine comme attraper, éviter, frapper ou lancer. La reconnaissance de ces actions est rendue impossible par de nombreuses distorsions mais elles portent malgré cela une charge affective et émotionnelle et finissent par créer une forme d’expressivité. Close Up s’engage dans cet interstice entre mouvement et fiction, en fidélité avec le travail que mène Noé Soulier depuis plus de dix ans, où la réflexion théorique se déploie au fil d’une pratique profondément ancrée dans le mouvement et de dispositifs scéniques singuliers.
Vincent Théval
« En zoomant grâce à une caméra sur un détail du mouvement et du corps, il propose en cours de spectacle de regarder la danse par un autre prisme. Projetées sur grand écran au-dessus du plateau, n’apparaissent que des images fragmentées de leur mouvement, un bras, un pied, un dos. L’effet est troublant, puissant. Plus que de la chorégraphie, c’est du grand art. » L’œil d’Olivier
2, place du Châtelet 75004 Paris