Un couple qui se détruit
Note d'intention
La presse
Chaque soir, Il picole. Aux Flandres et au Palace, avec Mohamed, son pote. Puis, ivre, il rentre chez lui où Elle l’attend. Et chaque soir, Il impose le récit de sa soirée. De médiocres aventures comme, par exemple, celle de Mohamed qui s’est fait casser la gueule par des Yougoslaves. Mais ce n’est ni le contenu ni la gravité de l’anecdote qui l’importe, c’est comment son histoire peut engager la discussion avec Elle et inévitablement provoquer la querelle.
L’occident dont il est question, c’est ce pays où le soleil se couche, dans lequel on distinguerait à la loupe, le temps d’un spectacle, les corps de deux êtres anéantis par l’absence de désir et dont la raison ne parvient plus à faire obstacle à la violence.
Hervé Guilloteau
Occident est une pièce noire. Elle met en scène un couple monstrueux et comique. Il et Elle ne tiennent plus que par un jeu (de mots), une danse (de mort), un rituel (intime) qui les font se tenir encore l’un en face de l’autre. L’extrémisme dont il est question est une donnée du jeu. C’est aussi une réalité sociale facilement vérifiable. Dans mon travail d’écriture, il est question toujours de la lutte de la conscience sociale contre les pulsions asociales et inversement. Le rire est une solution possible.
Rémi De Vos
Par la Cie meta jupe. La pièce est publiée aux Editions Actes Sud - Papiers (2006).
J’étais à Paris lorsque Rémi a écrit les dernières lignes d’Occident. Chez lui pour discuter de ma petite jeune fille. Il m’a demandé de lire Elle, il a lu Lui. Qui commence ?
Lui Putain.
Elle Tu m’as fait peur. Où t’étais ?
Lui Espèce de pute.
Elle Où t’étais ?
Lui Sale putain.
Elle C’est tout ?
Lui Pute de merde.
Elle C’est quoi ton problème ?
Lui Salope.
....
Fin de lecture, je lui dis que cela me faisait penser à La dernière femme de Marco Ferreri. Il m’a cité Coeur des Ténèbres de Conrad.
Yvette Poirier et Gilles Blaise étaient parfaits lors des lectures publiques que nous avons organisées plus tard. Par leur présence, par leur gravité, par leur humour, d’une profonde justesse à servir ce dialogue rythmé, dont la trivialité à l’état brut amuse et dérange. Il et Elle forment un couple suffoquant qui pratique le repli sur soi et l’autodestruction.
Porter Occident à la scène, c’est tenter de mettre debout ces deux êtres essoufflés, lamentablement habiles à user encore de n’importe quel poncif pour mieux entretenir le feu de leur enfer.
Hervé Guilloteau
"C’est une comédie mais sous les rires qui fusent, on sent le malaise et la tourmente qui encombrent les deux êtres, les rendent indispensables l’un à l’autre. Le couple n’arrive plus à s’atteindre, chacun enfermé dans son monde, loin l’un de l’autre et paradoxalement si proches dans leurs colères et incompréhensions. Occident est l’histoire d’un couple qui n’arrive plus à vivre ensemble, mais ne parvient pas à se séparer. C’est plein de force et ça remue les tripes." Lucie Rabréaud, Ouest France, février 2006
" (...) Car la pièce de Rémi De Vos est un combat de boxe. (...) De leur voix, de leurs corps, de leurs regards, de leurs poings... les comédiens Yvette Poirier et Gilles Blaise, occupent pleinement et intensément l’espace épuré du ring. Sans que jamais les deux acteurs ne se touchent, une pièce charnelle et coup de poing." Véronique Escolano, Ouest France, février 2006
"C’est de nos peurs dont nous parle Rémi De Vos. Derrière son texte - Occident - se cachent un continent, un pays (le nôtre) en crise et en proie au fantasme de l’étranger. (...) Dans cet Occident déglingué, pas d’issue de secours. Hervé Guilloteau a choisi d’atténuer le choc frontal avec le public. Et c’est heureux. Il a fait appel à Gilles Blaise (impeccable de vérité et de démesure controlée) et à Yvette Poirier (pathétique et troublante) que le texte semble condamner au rôle de victime expiatoire." Vincent Braud, Pil, janvier 2006
5, passage Louis-Philippe 75011 Paris