« Les pièces de Pirandello sont des pièces sur l’humain comme improbable, fragile, violent rapport au vrai. Dans On ne sait comment, c’est un quartet bourgeois. Deux couples. L’homme de l’un des couples trahit son ami et couche avec sa femme. A partir de ce moment-là, il dévisse en quelque sorte. Il engage une vertigineuse remise en question de tout rapport à la vérité. Soupçonne tout. Empoisonne tout.
Comme dans un roman de Dostoïevski où tout serait permis, ayant découvert qu'il était capable d’un tel acte, et que cet acte trouvait des complices, sa maîtresse, sa femme qui le couvre. Il ne veut plus croire que l’homme soit capable d'une quelconque vérité. Et il se livre au mensonge et travestit tout ce qu’il touche. La pièce est géniale à cet égard, car elle est sans tabou dans les rebondissements. Et cela pour nous entraîner au coeur des ténèbres, vers le point noir de l’âme humaine, ce coeur abject et indistinct où vérité et mensonge sont indiscernables et qui est le coeur de notre époque : relativisme, nihilisme complaisant, goût de l’ironie et de la déléctation morose.
Mais la fin est un retournement ultime. L’invention du geste qui sauve. L’affirmation qu'il y a une différence qui fait l’humain. L'affirmation surtout de la modernité : si l’humanité n’est garantie par rien, si elle n’est jamais les masques qu'elle se donne, elle peut les choisir ces masques. Le vide comme condition d’une liberté réelle, humaine et donc artistique.
Voilà ce que j’aime dans la situation de la mise en scène aujourd’hui : c'est qu'il faut décider, soit de verser les textes du côté du pessimisme ou du faux humanisme ambiant, soit du côté de la construction politique nouvelle et de l’invention des formes de notre nouveau courage. Pirandello, en France particulièrement, est mis d’habitude du côté du relativisme. Et je dis, avec d’autres, qu’il est le contraire, qu’il est du côté de la plus exacte lutte pour penser encore les conditions de notre nouveau courage et d’un possible contre le renoncement. »
Marie-José Malis
Traduction Michel Arnaud, L'Arche.
« [...] Un spectacle d’une radicalité absolue. [...] Un théâtre de pleine lumière, au sens propre [...] comme au sens figuré avec cinq comédiens, comme privés d’artifices, à nu sur un plateau où les rideaux qui s’ouvrent et se ferment ne dévoilent ni ne cachent jamais que le vide. » René Solis, Libération, 11 avril 2011
« La mise en scène de Marie-José Malis fut pour moi un de ces événements de théâtre où l’on comprend soudain quelque chose sur quoi on s’était depuis toujours trompé. En l’occurrence la vraie destination des pièces de Pirandello. » Alain Badiou, “Eloge du théâtre, lieu métaphysique”, Le Monde, 17 juillet 2012
Magnifique ; je connaissais le texte qui aurait pû être dit plus rapidement mais l'effort pour aller à Aubervilliers en valait la peine. Du Pirandello qu'on n'oublie pas !
Belle salle.Texte difficile comme toujours avec Pirandello. Excellents acteurs qui parfois murmurent leur texte, le rendant difficilement audible. Pièce jouée trop lentement. On pourrait facilement raccourcir la représentation de 30 à 45 minutes.
Pour 2 Notes
Magnifique ; je connaissais le texte qui aurait pû être dit plus rapidement mais l'effort pour aller à Aubervilliers en valait la peine. Du Pirandello qu'on n'oublie pas !
Belle salle.Texte difficile comme toujours avec Pirandello. Excellents acteurs qui parfois murmurent leur texte, le rendant difficilement audible. Pièce jouée trop lentement. On pourrait facilement raccourcir la représentation de 30 à 45 minutes.
Passage Molière - 157, rue Saint Martin 75003 Paris