Spectacle en allemand, surtitré en français.
Othello, un noble maure, enlève et épouse la jeune et belle Desdémone qui est amoureuse de lui. Deux officiers partagent l'amitié et la confiance d'Othello. L'un, Iago, est fourbe et dissimulateur ; l'autre, Cassio, est honnête et loyal. Voulant déshonorer son général, Iago le dénonce tout d'abord à Brabantio, le père de Desdémone. Convoqué chez le Doge de Venise, Othello se défend avec succès et est placé à la tête de la flotte vénitienne pour défendre la cité de l’offensive
ottomane.
Victime d'une tempête, la flotte ottomane est coulée et les Vénitiens, sains et saufs, accostent à Chypre. Othello, nomme alors Cassio comme second. Iago, qui convoitait cette place, décide de se venger. Il complote contre Cassio et tente de corrompre Desdémone. Repoussé par elle, il s'ingénie à provoquer la jalousie d'Othello, en assurant que sa femme a été la maîtresse de Cassio. Servi à souhait par le hasard, Iago parvient à ses fins et Othello étouffe Desdémone dans son lit, avant de se poignarder. Cassio prend sa succession et Iago s’apprête à être exécuté.
Othello, avec Hamlet et Le Roi Lear, font parties des dernières tragédies de Shakespeare qui contiennent des observations aiguës sur les comportements humains. La jalousie d’Othello, dont le caractère est proche de la paranoïa, est ici représentée de façon si pertinente que celui-ci est devenu un archétype du personnage submergé par l’émotion.
Iago, qui a le rôle le plus actif de la pièce, est quant à lui dirigé par l’envie, l’humiliation et le sentiment d’avoir été floué. Avec Othello, Skakespeare a écrit une pièce sur les mécanismes qui régissent l’ambition et les subtiles stratégies de l’exclusion.
Le général Othello passant outre son fidèle serviteur Iago, nomme Cassio son nouveau lieutenant malgré son manque d’expérience. Iago décide de détruire Othello. Il va semer le doute au sein de son mariage récent avec Desdemone et l’entraîner dans le tourbillon auto destructeur de la jalousie.
Il va habilement manipuler l’opinion de la société qui déjà se sent troublée par l’union d’un homme noir et d’une femme blanche. De nature pourtant prudente et rationnelle, Othello perd de plus en plus pied ; son appréhension de la réalité et de son identité s’amoindrit à mesure que Iago le pousse vers la perte de contrôle, qui sera finalement une catastrophe pour la communauté entière.
Cette pièce de Shakespeare écrite en 1604 fait partie de ses dernières grandes tragédies dans lesquelles il observe avec acuité le comportement humain et sa profondeur psychologique. Les dynamismes paranoïaques de la jalousie sont ici si bien décrits que le personnage d’Othello incarne l’illustration même de cette émotion. On perd de vue souvent que c’est bien l’envie, l’humiliation, et le sentiment d’avoir été laissé pour compte qui motive Iago, le personnage le plus actif de la pièce. Dans Othello, un texte sophistiqué, Shakespeare parle de la concurrence masculine, de leur carrière, des subtiles stratégies de l’exclusion sociale, et du racisme et de la sexualité. Bien que Shakespeare ouvre bien des voies, la pièce est un puzzle déroutant.
Pourquoi Desdemone s’engage-t-elle, lucide, vers sa propre destruction ? Pourquoi Iago détruit-il Othello ? Et pourquoi ce dernier se perd-il aussi ?
Thomas Ostermeier
49 avenue Georges Clémenceau 92330 Sceaux