Paris - Yerevan

du 5 au 10 décembre 2000

Paris - Yerevan

Premier volet du projet franco-arménien, Paris-Yerevan est un récit de voyage où la chronique réaliste se mêle aux rêveries de voyageurs.

Composition chorégraphique autour d’un voyage
Paris - Yerevan (Extraits de journaux)
Points de repères

Composition chorégraphique autour d’un voyage

Premier volet du projet franco-arménien, Paris-Yerevan est un récit de voyage où la chronique réaliste se mêle aux rêveries de voyageurs.

A l’occasion d’un projet commun avec le metteur en scène Xavier Marchand, nous effectuons entre 97 et 98 plusieurs séjours en Arménie.

Ces différents voyages sont l’occasion d’aller à la rencontre d’un pays sublime par la beauté de ses paysages, riche d’une très ancienne culture, passionnant de par son caractère à la fois slave et oriental. Pourtant un pays sinistré, meurtri par le séisme de 88 et par la guerre avec l’Azerbaïdjan, exsangue comme la plupart des pays d’ex URSS. Un tout petit pays coincé entre cinq frontières et servant de monnaie d’échanges aux grandes puissances… Mais un très ancien et grand peuple.

Très vite, il devient impossible de dissocier l’objet de nos recherches (la réalisation d’un spectacle) de l’expérience vécue, et se fait jour l’envie de rendre compte de cette expérience, de s’attarder sur le voyage lui-même.

En juin 99, je propose à quatre danseurs français de nous accompagner, et de procéder sur place à la constitution d’un fonds de matériaux : collection d’objets, rédaction d’un journal, prises de sons, photos, films vidéo.

Au travers de leurs journaux croisés, des musiques saisies au vol dans les rues, ou données au détour d’une rencontre et des témoignages dont ils ont été, parfois involontairement, les dépositaires, ils dressent une sorte d’état des lieux.

L’artiste Marina Faust réalise le montage à partir des douze heures d’images rapportées de là-bas, et imagine un dispositif circulaire composé de douze moniteurs dans lequel s’inscrit la présence des danseurs .

Paris - Yerevan (Extraits de journaux)

Samuel : C'est une ville russe avec des orientaux dedans.
Haïm : Un jour, tout était neuf ici : les immeubles, les voitures, les lits, les nappes, les services de table. À partir de 10h, plus d'eau.
Isabelle : Sur le bureau de la directrice du théâtre Métro, trois téléphones dont deux rouges et un jaune, un petit ventilateur en plastique, un vase avec de longues fleurs fanées, un bol Simpson
Aurélien : Il porte un uniforme vert kaki. Il est assis droit. Il tient sa casquette à l'envers pas la visière, avec sa main droite, sur sa cuisse droite. Son regard est droit. Il fait des claquettes avec ses pieds. Tantôt du talon, tantôt de la pointe.

Points de repères

A

Alfortville : Dès 1925, près de la moitié des arméniens réfugiés en France habitaient à Issy les Moulineaux ou Alfortville. Cette "Arménie des bords de Seine" véritable "grenier de mémoire" porte les cicatrices du génocide et de l'exil.

Ararat : "Le 7ème mois, le 17ème jour, l'Arche se posa sur le Mont Ararat" (genèse 8.4)
L'Ararat biblique, symbole d'appartenance au monde des origines et au paradis perdu, est resté du côté turc de la frontière.

Arménie : Située dans une position stratégique entre l'Europe et l'Asie, au carrefour des voies de commerce et d'invasion, l'Arménie a été le champ de bataille perpétuel des grands empires d'Orient et d'Occident. Sous domination perses, puis romaines, le pays retrouvera son unité sous Tigrane le Grand. L'empire s'étend alors de la Mer Caspienne à la Méditerranée du Caucase à la Palestine. Il ne durera que 15 ans. Après 3 siècles de dominations ottomanes et à la suite des massacres de 1915, le Traité de Sèvres prévoit une Arménie indépendante mais il n'est jamais appliqué. En 1920, les bolcheviks proclament la république socialiste soviétique d'Arménie, la plus petite d'URSS. Ses frontières sont celles que nous connaissons aujourd'hui. 29 800 km². Entièrement située sur de hauts plateaux formés de massifs volcaniques, l'Arménie compte peu de terres arables essentiellement concentrés autour de la plaine d'Ararat proche d'Erevan, et de la région de Gumri. L'Arménie est indépendante depuis 1991.

B

Bakou : Pogrom anti–arménien de Soumgaït et Bakou (Azerbaïdjan) les 27 et 29 février 1988. Les revendications arméniennes pour rattacher à leurs territoires la région du Haut Karabagh, peuplée à 80% d'arméniens, mais incorporé à l'Azerbaïdjan par Staline, ont réveillé toute une chaîne de souvenirs de part et d'autre : des massacres de Bakou en 1905, aux guerres frontalières de 1918-1920. Le nationalisme Azéri s'est d'abord exprimé par la violence poussant à l'exode 500 000 arméniens du pays, tandis qu'inversement, 200 000 azéris fuyaient l'Arménie par crainte des représailles.

Blocus : Suite au conflit du Karabagh et sous pression de l'Azerbaïdjan, un blocus international est imposé en 1989. La coupure des voies de communication et d'approvisionnement en gaz et produits pétroliers est aggravée par la fermeture, au lendemain du séisme, de la centrale nucléaire de Metzemor, d'où : une paralysie des entreprises, l'arrêt des constructions dans la zone sinistrée et d'énormes difficultés dans la vie quotidienne (peu ou pas de gaz, deux heures d'électricité par jour, fermeture des écoles, administrations (et théâtres) et de 80% des usines). Faute de crédits occidentaux pour mettre la centrale aux normes de sécurité, le redémarrage de Metzemor se fera en 1995 avec l'aide de crédits et de techniciens russes…

C

Catholicos : Au début du IVème siècle, l'événement central qui contrebalance l'influence de l'Orient iranien, dissociant l'éthique des arméniens de celles de leurs voisins perses puis plus tard, musulmans, est la conversion au christianisme. L'Arménie devient ainsi le premier état à adopter officiellement la religion chrétienne. Les arméniens forgent ainsi une culture distincte soutenue désormais par une Eglise nationale : à sa tête, le catholicos.

Cognac : Le Cognac arménien, fleuron de la petite industrie alimentaire a été racheté par Pernod Ricard en 1997.

D

David de Sassoun : L'épopée arménienne David de Sassoun est parvenue jusqu'à nous par la tradition orale. Arbitrairement considérée comme une production des environs du Xème, elle est vraisemblablement plus ancienne (Vème), et sa composition aurait duré des siècles. Mélange de mythologie, d'esprit chevaleresque et de morale sociale, alliant la chanson de geste, le drame et la satyre, elle reflète toute l'histoire du peuple arménien.

Djorkaef (Youri) : Célèbre joueur de l'équipe de France de football ; d'origine arménienne.

Dram : Monnaie arménienne. 10$ = 5 420 Dram

Diaspora : On compte environ 5 millions d'arméniens dans le monde issue de la génération rescapée du génocide.

F

Funambule : Le péhlewan désigne le funambule, le lutteur, le champion. Son héroïsme est attribué à un don concédé par Dieu ou par un Saint, en l'occurrence Saint Jean le Précurseur (Sourp Garabed). Aujourd'hui la tradition se transmet de père en fils. Comme pour les toréadors en Espagne, les habits du péhlewan sont établis de longues traditions. Ces gestes et ces tours obéissent à un rituel inchangé depuis le Moyen-Age. Le péhlewan est un intercesseur entre le ciel et la terre.

G

Génocide : La guerre éclate en Europe le 28 juillet 1914. Pour les dirigeants turcs qui signent le 2 août un traité d'alliance secret avec l'Allemagne, c'est l'occasion de se débarrasser de la tutelle étrangère. Cette guerre générale est aussi le moment propice pour apporter une solution finale à la "Question Arménienne".

Dans la nuit du 24 avril 1915 (qui en deviendra la date commémorative), le coup d'envoi du génocide est donné par une première rafle visant à décapiter la nation : plus de 650 notables arméniens d'Istanbul sont arrêtés, déportés en Anatolie et assassinés. Fin mai 1915, Talaat (Ministre de l'Intérieur) donne l'ordre de déplacer les arméniens vers des "camps de réinstallation". Le même scénario se répète alors dans toutes les provinces arméniennes : arrestation, torture et exécution sommaire des élites, puis déportation du reste de la population – traînée, après liquidation des hommes de plus de 15 ans, vers les déserts de Syrie et d'Irak, dans une longue marche vers la mort.

On estime à 1,5 million le nombre de disparus, soit deux tiers de la population. Pourtant, 20 ans plus tard Hitler pourra dire "Qui se souvient des arméniens de Turquie ?" et en tirer les conséquences. Car le mot qui désigne la destruction intentionnelle d'une nation ou d'un groupe ethnique ne sera inventé qu'en 1944 suite aux crimes nazis. Alors, est-ce bien un génocide comme se le demandent encore certains historiens ?

La définition de la convention sur la répression du crime de génocide adoptée en 1948 par l'ONU et signée par la Turquie, s'applique en tout cas point par point aux évènements de 1915. Malgré cela, il n'a à ce jour jamais été reconnu "officiellement", ni par la Turquie, ni par la communauté internationale (en France, le Sénat n'a toujours pas ratifié la proposition de reconnaissance officielle de l'Assemblée Nationale). Ce négationnisme a été vécu comme une seconde mort par les survivants et leurs descendants. La reconnaissance du génocide est devenue la revendication prioritaire d'une nouvelle génération ulcérée par ce déni de justice et du droit à la mémoire.

P

Paradjanov : Cinéaste géorgien d'origine arménienne Sergueï Paradjanov est devenu un symbole d'opposition à la ligne artistique de réalisme soviétique prônée par le parti. Un musée Paradjanov existe à Yerevan conservant les œuvres, collages, dessins réalisés par l'artiste durant les quinze années où son œuvre cinématographique fut censurée par le régime. Il sera interné en camp à régime sévères pendant 5 ans. Il meurt en 1990, n'ayant pu tourner que 7 films dont Les chevaux de feu, La Forteresse de Surami, Sayat Nova et Achik Kerib, qui auront fait de lui un cinéaste de renommée internationale.

Pétrole : L'enjeu géopolitique majeur de cette partie du monde réside dans le tracé du pipeline qui doit acheminer à travers le Caucase les réserves pétrolières de la Mer Caspienne vers l'Occident ; Bakou en Azerbaïdjan est l'un des ports pétroliers les plus importants.

S

"Sans retour possible" Mention obligatoire sur les passeports des exilés après 1915.

Spitak : Epicentre du séisme du 7 décembre 1988, Spitak a été entièrement rasé en l'espace de quelques secondes (28), tandis que Gumri (ex Leninakan) deuxième ville d'Arménie était détruit au deux tiers.

Y

Yerevan : Capitale de l'Arménie ou Erevan. 956 000 habitants en 1977. Combien aujourd'hui ?

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Informations pratiques

Théâtre Public de Montreuil - Salle Maria Casarès

63, rue Victor Hugo 93100 Montreuil

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  • Bus : Mairie de Montreuil - Pasteur à 35 m, Mairie de Montreuil à 83 m
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Théâtre Public de Montreuil - Salle Maria Casarès
63, rue Victor Hugo 93100 Montreuil
Spectacle terminé depuis le dimanche 10 décembre 2000

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