Pas pleurer entrelace l'histoire de Montse, la mère de la narratrice, qui, jeune paysanne catalane en 1936, découvre d'un même coup liberté politique et sexuelle, et le revirement de Bernanos, catholique fervent révolté par une Église qui bénit les atrocités commises par les troupes franquistes. Dès 14 ans.
Dès 14 ans.
Anne Monfort puise dans le roman Prix Goncourt 2014 de Lydie Salvayre pour dessiner son propre regard sur le Barcelone d’hier et d’aujourd’hui. Elle crée un spectacle poétique où les souvenirs de la guerre civile espagnole de 1936 résonnent comme un écho aux plus récentes manifestations catalanes. Deux personnages -Lidia et Marc- plongent dans leur mémoire familiale pour écrire un livre et réaliser un film, et tentent, aujourd’hui, de comprendre la guerre d’Espagne et ses répercussions.
Je m’interroge souvent, dans mes spectacles, sur la façon dont le corps est traversé par le politique, qu’il le veuille ou non. C’est, je crois, pour cette raison, au départ, que j’ai voulu adapter le roman de Lydie Salvayre, qui raconte l’histoire de sa mère Montse, traversée dans son corps par la révolution espagnole de 1936, par la retirada, et dans sa langue « fracagnole » par l’exil. Et aussi, car ce roman est venu entre mes mains par l’intermédiaire de mon père. Il y a eu donc, assez vite, une histoire de générations dans tout ça. En creux du portrait de sa mère, Lydie Salvayre pose un autre portrait, le sien, d’autrice, de femme, de fille, d’héritière. Je crois que c’est surtout cela que j’ai voulu raconter et comment, à leur tour, les héritiers de l’histoire familiale et politique transmettent. Les aisances et les réticences de ces transmissions degré 2. C’est ce qui m’a amenée, je crois, à penser ce spectacle comme un dialogue entre une femme dépositaire de la mémoire de sa mère et un jeune homme, qui serait la troisième génération et regarde l’histoire avec un angle politique d’aujourd’hui, celui d’une Espagne encore traversée par la question des « nationaux ». De même que Lydie Salvayre, écrivant son livre, confronte la matière intime livrée par sa mère à une histoire racontée par les livres, au témoignage de Bernanos dans Les Grands cimetières sous la lune, nos deux personnages, Lidia et Marc essaient de comprendre, de relier l’intime et le politique, leurs connaissances historiques, psychologiques, scientifiques.
La rêverie autour du roman est devenue une rêverie sur l’histoire, sur la mémoire et les émotions que ces dernières charrient. Comment la mémoire passe à la génération suivante, dans les corps, dans les actes ? Quelles sont les traces dans une ville, cachées ou montrées ? Comment raconter ce qu’on ne peut pas raconter, par les mots, par les images, par les sensations ? Ce chemin, nécessairement heurté, se confronte à des vides, à l’invention, à des ruptures de formes entre la littérature, le cinéma, le théâtre. Et au final, comme dans toute quête, c’est la quête elle-même qui devient centrale, et constitue l’objet scénique ou filmique.
20, rue Marie-Anne Colombier 93170 Bagnolet
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