Acculé à la fuite par ses mauvais agissements, Peer Gynt se lance dans une quête effrénée qui le conduit dans les montagnes où il rencontre, comme dans un rêve, le roi des Trolls dont il séduit la fille, avant de reprendre la route pour rejoindre sa mère, Ase, qui se meurt. Vingt ans plus tard on le retrouve en Afrique, riche marchand d’esclaves vivant dans la débauche. Ruiné, on le couronne empereur des fous, roi de l’illusion.
La pièce s’achève par un retour au pays natal, auprès de Solveig, femme refuge longtemps négligée : « Celui qui ne voulait pas être un bouton brillant sur le gilet du monde » en vient à confesser : « Payer de sa vie sa naissance, le prix est lourd ! »
Fantasque, rêveur, poète ; insolent et égoïste ; séducteur, prétentieux, hâbleur ; lâche et irresponsable : Peer Gynt attire ces qualificatifs mais reste pour lui-même une énigme : « Quantité de pelures ! Le noyau va-t-il paraître ; où étais-je moi-même ? » Pour Ibsen, priver un homme de l’illusion qu’est sa vie, c’est lui ôter toute joie d’être. Place au théâtre donc, ce mensonge consenti.
« L'interprétation est de haut vol avec en tête un Antoine Philippot, extraordinaire Peer Gynt, qui livre là une véritable performance. (...) C'est comme on dit « de la belle ouvrage », une version qui fera date, une création à marquer d'une pierre blanche. » Nicole Bourbon, Reg'arts
« La mise en scène de Peer Gynt (...) n’est pas chose facile, mais Christine Berg est bien à son affaire avec sa troupe choisie de comédiens rageusement engagés, énergiques et infatigables. » Véronique Hotte, Hotello
« En donnant à la pièce un côté cabaret brechtien, Christine Berg réussit son coup. » Stéphane Capron, Scèneweb
Voilà une merveilleuse épopée féerique ! Une Odyssée, un voyage initiatique, métaphore de l’existence tout entière, et aussi obscur qu’elle… La capacité d’Ibsen à nous embarquer et à nous perdre est délicieuse, comme dans les contes… On rit à la lecture des aventures de Peer Gynt et à ses déboires successifs, image génialement déformée de nos propres mésaventures.
Être soi-même est la question d’une vie – l’obsession de tout artiste ; elle nous oblige à faire face à nos choix et à considérer le chemin que nous traçons, confrontés que nous sommes parfois au Grand Courbe : « Fais le détour ! » et nous voilà égarés… Impossible à résumer, Peer Gynt pose des énigmes philosophiques, à la fois joyeuses et abyssales.
Je pense qu’on peut faire de cette oeuvre un beau spectacle à partager, je veux dire à déguster, comme un mets inconnu. Mais comment traiter cette fable folle ? Le réalisme serait impossible : le symbole nous aide certes, mais il faut d’abord traiter la féerie… Une baraque de foire est notre théâtre : estrade, guirlandes, rideau rouge et tout un monde de boniments et d’entourloupes se lève… avec une simple baguette magique. Apparitions, disparitions, le spectateur est complice.
Dès lors, nul besoin des vingt-cinq acteurs normalement requis. Nous créons un spectacle de troupe où l’on change de chapeau, et où l’habit fait le moine : les garçons jouent des filles et inversement si besoin ; ce théâtre-là ne s’embarrasse pas de la réalité qui serait bien fade dans le monde des Trolls norvégiens. Et puis, de la musique : percussions, trompette, chant, danses aussi, et le diable s’en mêlera.
Être soi-même et personne d’autre, ça fait beaucoup de moi-même à l’intérieur de moi… vertige de l’identité, c’est donc bien du théâtre qu’il nous faut.
Christine Berg
L’oeuvre entière du dramaturge norvégien Henrik Ibsen peut se lire comme une remise en cause des valeurs établies, des contraintes sociales et morales. En 1864, Ibsen quitte la Norvège. C’est durant cet exil qu’il écrit Peer Gynt – 1867, composé dans l’ltalie méridionale.
Dans ce poème dramatique en cinq actes nous suivons les mésaventures de Peer Gynt, personnage fascinant et complexe, hors norme, hors des normes. On a beaucoup glosé sur le sens du drame et sur le personnage de Peer Gynt ; certains voient en lui la caricature d’un individualisme forcené ; d’autres un Faust norvégien ou bien la résurgence d’un Don Quichotte…
Qui est Peer Gynt ? Nul ne le sait vraiment ; ce qu’il y a d’à peu près certain, c’est qu’il n’est pas un seul Peer Gynt mais des Peer Gynt comme autant de pelures de soi. Peer Gynt en effet, c’est le fantasque, l’extravagant, le délirant, le rejet du monde, le désir sans limite, l’imagination foisonnante ; Peer Gynt c’est aussi le rêve, mode d’être où se réfugier mais également espace intime où se (re)trouver ; car Peer Gynt c’est peut-être avant tout la question de l’identité.
« Être (à) soi-même » est le leitmoriv du drame. La quête fondamentale du personnage d’Ibsen n’est pas celle de la connaissance comme chez Faust, ou celle d’un réenchantement du monde comme chez Don Quichotte, mais une quête plus intime, plus humaine d’une certaine façon : celle de l’identité, du qui être ? Ainsi, ce que nous montre Ibsen, c’est non seulement l’angoisse de l’être (motif hamletien) mais aussi le désir d’être ; or une des premières manifestations de l’être gyntien est sans aucun doute celle du monstre : que ce soit par son comportement hors des normes qui heurte ceux que l’on peut appeler « les mêmes », ou par son imaginaire qui le coupe d’une partie de luimême, des autres et du monde…
Arnaud Baignot
Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.