Poète et auteur dramatique norvégien, il a fondé le théâtre de son pays. Né dans un foyer bourgeois mais touché par la ruine, il devient préparateur en pharmacie. Les événements de 1848 en France, puis dans une bonne partie de l’Europe, soulèvent en lui un enthousiasme révolutionnaire. Il se sent alors une vocation d’auteur dramatique, et publie la même année Catilina, à compte d’auteur. En 1850, son texte Les Guerriers à Helgeland est joué au théâtre de Christiania (aujourd’hui Oslo).
En ces décennies d’éveil des nationalités en Europe, un théâtre norvégien s’ouvre à Bergen. Ibsen en devient le directeur artistique et le poète attitré. Il doit composer des pièces d’inspiration nationale, mais introduit surtout dans ses textes une observation fine de la société de son époque. Il prend position sur les problèmes de son temps, et se penche particulièrement sur la situation féminine. Son théâtre ne rencontre qu’un succès très limité.
Sa rencontre avec Suzanne Thoresen, féministe passionnée, lui rend sa confiance en lui. Devenue sa femme, elle exercera une influence déterminante sur sa création. En 1864, l’invasion du Danemark par la Prusse dicte à Ibsen un pamphlet, Brand, qui obtient un fort succès de librairie. Ibsen est désormais reconnu. Il obtient une bourse d’écrivain et quitte la Norvège.
Il voyage en Italie, Allemagne, Autriche, mais son écriture reste très proche des réalités norvégiennes. Pourtant, avec Maison de poupée (1879), son théâtre s’ouvre sur la société européenne de son temps. La pièce obtient un succès international. En 1881, Les Revenants fait scandale, mais la pièce est louée pour ses qualités dramatiques.
Ibsen rentre en Norvège en 1891, fêté par ses compatriotes, mais demeure isolé dans un pays où le théâtre compte encore peu. C’est peut-être le portrait de lui-même qu’il dresse lorsqu’il décrit l’homme d’affaires J.-G. Borkmann (1894). Ses pièces marqueront le théâtre européen. Elles posent toutes la question fondamentale : l’homme doit-il, pour vivre, préférer le mensonge à la vérité ?
Quand le titre d’une pièce est donné sans autre indication – création, publication – il s’agit de son achèvement.
1828. Naissance à Skien, petit port au sud-ouest de Christiania (Oslo depuis 1925). Premières années dans l’aisance, puis revers de fortune : le père d’Henrik, négociant en bois, doit hypothéquer ses biens, la famille se replie dans une maison modeste aux environs.
1844. Ibsen entre comme apprenti chez un pharmacien de Grimstad. En 1846, il est promu « assistant » et a, d’une servante de la maison, un fils illégitime.
1849. Première pièce, Catalina (où, contre Cicéron, il prend le parti du Romain rebelle et brûlant de secouer l’apathie de ses concitoyens) : elle est refusée par le Théâtre de Christiania. Premiers poèmes : En automne est publié par un journal.
1850. Ouverture à Bergen d’un théâtre national, en réaction contre l’influence danoise. Èdition à compte d’auteur de Catalina, sous le pseudonyme de Brynjolf Bjarme. Semi-échec à l’examen d’entrée de l’Université de Christianias : Ibsen ne se représente pas. Il sympathise avec le mouvement révolutionnaire, participe à une manifestation politique de soutien à un écrivain radical ; mais, à la suite de l’arrestation d’un de ses amis, il s’abstiendra désormais de toute manifestation ou appartenance à un parti. Première pièce jouée : Le Tertre du Guerrier au Théâtre de Christiania, où Ibsen reçoit un laissez-passer pour tous les spectacles de la saison.
1851. Articles sur le théâtre, la littérature, la politique, poèmes, dans divers périodiques. Publication de Norma, courte pièce satirique sous forme de livret d’opéra. Ibsen s’installe à Bergen, engagé pour cinq ans par le Théâtre Norvégien comme auteur dramatique – il doit une pièce par an – et directeur artistique.
1852. Voyage d’études dans les théâtres de Hambourg, Copenhague et Dresde. Au retour, première mise en scène : il montera cent quarante-cinq pièces.
1853 à 1857. Créations annuelles à Bergen : Nuit de la Saint Jean, Le Tertre du Guerrier (nouvelle version). Dame Inger d’Oestraat, La Fête à Solhaug, Olav Liljekrans. Le contrat d’Ibsen est renouvelé pour un an, mais il s’en libère pour accepter le poste de directeur offert par le nouveau Théâtre Norvégien de Christiania. Les Guerriers à Helgeland.
1858. Malgré sa promesse, le Théâtre de Christiania ne monte pas Les Guerriers (que le Théâtre de Copenhague a refusé pour cause de « crudité ») ; Ibsen dénonce dans un article la politique pro-danoise de ce théâtre et soulève une violente polémique publique. La pièce est publiée dans un journal, puis montée par Ibsen lui-même au Théâtre Norvégien. Mariage avec Suzanne Thoresen.
1859. Publication du poème Terje Vigen. Faillite du Théâtre Norvégien : Ibsen n’aura pas de revenu régulier pendant deux ans. Voyage subventionné de deux mois en Norvège occidentale, pour recueillir des chants et contes populaires. La Comédie de l’Amour, publiée dans un journal, est refusée par le Théâtre Christiania.
1863. Emploi temporaire de conseiller artistique au Théâtre de Christiania, réorganisé. Ibsen obtient une nouvelle bourse de voyage pour récolter chant et contes populaires, mais il la garde pour améliorer sa piteuse situation financière. Une pension annuelle « pour poursuivre son activité littéraire » lui est refusée (alors qu’on vient de l’accorder à son rival Björnson). Publication des Prétendants et du poème À la Norvège, plus tard rebaptisé Un frère en détresse, où Ibsen condamne avec véhémence l’apathie de ses compatriotes face à la guerre prusso-danoise.
1864. Création des Prétendants, à Christiania, dans une production de l’auteur. Muni d’une bourse de séjour d’un an à Rome et à Paris pour étudier l’art, l’histoire et la littérature, Ibsen quitte son pays : ce sera pour vingt-sept ans. Passant par Berlin (où l’humilient la célébration de la victoire prussienne sur le Danemark et la neutralité norvégienne), il arrive à Rome en été, séjourne deux mois à Genzano, revient à Rome où le rejoignent femme et enfant. Il projette une tragédie sur Julien l’Apostat.
1865. Ibsen obtient une subvention pour prolonger d’un an son séjour à Rome, en vue de terminer « un grand drame basé sur l’histoire romaine ». C’est Brand qu’il écrit, en deux mois.
1866. Publié à Copenhague, Brand doit être réédité quatre fois dans l’année. En mai, une « pension viagère de poète » accordée par le gouvernement marque la reconnaissance officielle d’Ibsen, qui reçoit aussi une nouvelle bourse de voyage.
1867. Peer Gynt, commencé à Frascati et à Rome, est achevé en été à Ischia et Sorrente, publié en novembre. Désormais, toutes les pièces d’Ibsen seront publiées dès leur achèvement.
1868. Les tremblements de terre, le choléra, les brigands et les attentats garibaldiens ont tempéré l’enthousiasme d’Ibsen pour l’Italie. Après un séjour à Berchtesgaden, puis à Munich, il se fixe à Dresde (« où l’ordre confine à l’ennui »).
1869. Voyage d’études subventionné en Suède. Deux mois en Egypte, invité à représenter la Norvège à l’ouverture du canal de Suez. L’Union des Jeunes, création à Christiania.
1872. Première traduction allemande : Brand, que suivent Les Prétendants et L’Union des Jeunes. Autour des poèmes, première discussion critique sur l’œuvre d’Ibsen en Angleterre.
1873. Empereur et Galiléen. Création de La Comédie de l’Amour à Christiania.
1874. Ibsen demande à Grieg d’écrire une musique de scène pour Peer Gynt. Il passe deux mois à Christiania, pour la première fois depuis son exil.
1875. Ibsen quitte Dresde pour Munich, en raison de l’éducation de son fils.
1876. Création de Peer Gynt à Christiania (en une soirée), avec la musique de Grieg. Première traduction intégrale d’une pièce en anglais (Empereur et Galiléen) et première représentation hors Scandinavie : Les Guerriers à Helgeland à Munich (suivi des Prétendants à Berlin). Ibsen reprend son projet d’opéra, cette fois avec Grieg.
1877. Les Soutiens de la Société, création à Copenhague. L’année suivante, cinq théâtres affichent simultanément cette pièce à Berlin.
1879. Maison de Poupée, création à Copenhague. La pièce soulève de violentes discussions.
1880. Première pièce d’Ibsen représentée en Angleterre : Quicksands, adaptation des Soutiens de la Société.
1881. Les Revenants. Création de Catilina à Stockholm.
1882. Première pièce jouée en Amérique : The Child Wife, adaptation de Maison de Poupée, à Milwaukee. Création des Revenants à Chicago (refusée par les théâtres de Norvège, où la pièce a fait scandale).
Un Ennemi du Peuple, création l’année suivante à Christiania et autres villes de Scandinavie. Grand succès.
1884. Le Canard Sauvage, création l’année suivante à Bergen et autres villes de Scandinavie.
1885. Création de Brand à Stockholm. Pour la deuxième fois depuis son exil, Ibsen passe l’été en Norvège.
1886. Rosmersholm, création à Bergen en janvier suivant.
1888. La Dame de la Mer, création à Christiania et à Weimar en février suivant.
1890. Antoine monte Les Revenants à Paris.
Hedda Gabler, création à Munich en janvier suivant.
1891. Été en Norvège : Ibsen décide de se réinstaller à Christiania.
1892. Solness le Constructeur, lecture à Londres, création à Berlin en janvier suivant.
1894. Le Petit Eyolf , lecture à Londres, création à Berlin en janvier suivant.
« Mon plus beau rêve est réalisé : Réjane a créé Nora (dans Maison de Poupée) à Paris. »
1895. Première présentation de Brand à Paris.
1896. Première représentation de Peer Gynt à Paris. Création de Empereur et Galiléen à Leipzig.
John Gabriel Borkman, lecture à Londres, création à Helsinki en janvier suivant.
1898. Des éditions complètes des œuvres d’Ibsen en norvégien et en allemand sont entreprises.
1899. Quand nous nous réveillerons d’entre les morts, lecture à Londres, création à Stuttgart en janvier suivant.
1900. Première attaque d’apoplexie, qui laisse Ibsen incapable de continuer à écrire.
1906. Mort, le 23 mai. Cette saison-là, neuf cent trente deux représentations de ses pièces ont lieu en Allemagne. Le soir de ses funérailles, le Théâtre National de Christiania donne une représentation de Peer Gynt.
Espace Marcel Carné, Saint-Michel-sur-Orge
Yngvild Aspeli propose une lecture personnelle du classique de la littérature norvégienne, qui devient le point de départ d’une adaptation qui s’aventure entre les lignes, et nous emporte dans un monde d’illusions et de désillusions. À partir de 14 ans.
Théâtre du Rond-Point, Paris
Yngvild Aspeli propose une lecture personnelle du classique de la littérature norvégienne, qui devient le point de départ d’une adaptation qui s’aventure entre les lignes, et nous emporte dans un monde d’illusions et de désillusions. À partir de 14 ans.
Théâtre du Châtelet, Paris
Peer Gynt est un double chef-d’oeuvre, littéraire et musical. D’abord pensé comme un lesendrama (un texte fait pour être lu), Peer Gynt devient un spectacle à part entière lorsque Henrik Ibsen propose à Edvard Grieg d’en composer la musique.
Lavoir Moderne Parisien, Paris
Peer Gynt c’est menteur, un menteur comme on l’est au théâtre quand, au début de la pièce, à son réveil, faisant fi de la frontière entre le rêve et la réalité, il raconte à sa mère ses folles aventures de la nuit. Elle ne le croit pas. Peer Gynt pris le jour et la nuit dans le tourbillon de fable qu’il s’invente. A partir de 10 ans.
Cartoucherie - Théâtre de la Tempête, Paris
Quand 14 jeunes actrices et acteurs se penchent en 2023 sur Une maison de poupée, pièce d’Ibsen écrite en 1879, les questions fusent, ça tiraille de partout. Après King Lear Syndrome, Elsa Granat se mue en archéologue pour inverser le processus de destruction du personnage de Nora.
Théâtre des Quartiers d'Ivry, Ivry-sur-Seine
Lorsque Eyolf, un petit garçon de neuf ans, se noie dans le fjord, c'est dans le couple une crise qui emporte tout. Pourtant, comme le dit Rita, il faut bien essayer de vivre la vie, il faut résister à l'appel du vide. A partir de 14 ans.
Théâtre Silvia Monfort, Paris
Opéra écologique, Xynthia, l’odyssée de l’eau, est librement inspiré d’Ibsen. L’art lyrique y côtoie la danse et le théâtre, dans une forme d’art total. Le compositeur Thomas Nguyen livre une partition aux sonorités aquatiques, la mise en scène de Mikaël Serre, les chorégraphies de Kitsou Dubois et les performances des onze interprètes en font un objet opératique unique en son genre et passionnant. Engagé, aussi percutant que poétique !
Théâtre 13 - Bibliothèque, Paris
Avec Il était une fois à Gyntiana, on retrouve l'enfant qui est en nous, et il ne faut pas oublier, là où l'on rêve, il n'y a plus de limite : tout est magie. Ce spectacle, ce n'est pas notre histoire, c'est la vôtre. Dans le cadre du Prix Théâtre 13. À partir de 12 ans.
Théâtre de l'Odéon - Ateliers Berthier, Paris
Avec Hedda, Aurore Fattier propose un portrait pluriel de femmes et nous immerge dans les derniers jours de répétition d’Hedda Gabler, que monte Laure Stijn, metteuse en scène au milieu de sa vie, issue d’une grande famille d’artistes.
Vieux Colombier - Comédie-Française, Paris
Après avoir mis en scène La Petite Sirène en 2018 au Studio-Théâtre, Géraldine Martineau, devenue depuis pensionnaire de la Troupe, s’intéresse à un autre parcours d’émancipation féminine avec La Dame de la mer d’Ibsen.
Théâtre Jean Arp, Clamart
Seul à vouloir porter les révélations scandaleuses sur la pollution industrielle d’une station thermale, Thomas se trouve confronté à l’isolement et au rejet de toute la communauté.
Manufacture des Abbesses, Paris
Philippe Person adapte avec brio le huis clos d'Ibsen en thriller hitchcockien. La mise en scène est remarquable et servie par deux excellents comédiens, Florence Le Corre et Philippe Calvario. Une réussite.
Théâtre des Quartiers d'Ivry, Ivry-sur-Seine
Le grand texte d'Ibsen mis en scène par David Bobée met habilement en lumière des sujets de société contemporains. Les acteurs sont bluffants et évoluent dans de magnifiques décors. À voir absolument.