Thésée, roi d’Athènes, tarde à rentrer de son dernier périple. Phèdre, son épouse, qui l’attend à Trézène, ville du Péloponnèse, est rongée par un mal étrange et dit vouloir mourir. Hippolyte son beau-fils, qu’elle malmène depuis plusieurs années, est sur le départ car il révèle à Théramène son gouverneur, qu’il aime Aricie, la fille et la soeur des ennemis mortels de son père. OEnone, la nourrice et confidente, presse Phèdre de s’exprimer sur sa souffrance et alors qu’on donne Thésée pour mort, Phèdre lui dévoile enfin qu’elle brûle pour Hippolyte.
Mais la rumeur était trompeuse, Thésée revient finalement de son lointain voyage. OEnone, pour préserver la vie et l’honneur de sa maîtresse, conseille à Phèdre de calomnier Hippolyte et de le rendre, aux yeux de son père, responsable et instigateur de cet amour coupable. Furieux et trompé, Thésée invoque la vengeance des Dieux et la mort de son fils. Pour préserver l’honneur de son père et ne pas accabler Phèdre davantage, Hippolyte préfère choisir le chemin de l’exil. Il convainc Aricie de le rejoindre bientôt pour sceller leur union loin du courroux de son père et des calomnies de sa belle-mère. Les Dieux ont entendu Thésée et tuent Hippolyte. Phèdre révèle à son époux l’innocence de son fils puis se donne la mort. Thésée perçoit l’horreur de son aveuglement et pour expier sa faute, malgré la haine qu’il voue à sa famille, il décide de reconnaître l’amante de son fils, Aricie, comme sa propre fille.
« La mise en scène de Christophe Rauck est à la mesure du drame. Tout (jeu, décor, musique) est poussé à la limite dans cette pièce qui est sur le fil du rasoir de bout en bout. Cécile Garcia Fogel (dont on ne dira jamais assez le talent) campe une Phèdre explosive. » Marianne.net
« Majestueuse et simple, à la lisière des époques et des genres (...) la scénographie, jusque dans ses hors-scènes imaginaires fait traverser des mondes, des esthétiques et des siècles. Au final, cette version de Phèdre témoigne d'un savoir-faire maîtrisé, de ce que le théâtre peut avoir de jouissif lorsqu'il marche ainsi à l'équilibre sur un fil, parvenant à faire dans l'aujourd'hui sans en avoir l'air. » Eric Demey, Mouvement
« ...on retrouve le goût du metteur en scène pour le mélange des époques et des genres, son refus des images trop bien léchées. La première vertu de ce Phèdre est de ne pas ronronner,quitte à le tirer par moments vers la farce. » René Solis, Libération du 15 mars 2014
« Entre démesure et raffinement, entre orages et temps calme comme un navire en pleine tempête nous guidant fatalement vers l’éclatement final. Rien n’est trop osé pour déchainer les passions : les objets peuvent valser sous la colère soudaine de Phèdre, le décor peut vaciller par la main d’Hippolyte ou celle de son père, Thésée...Mais viennent en contrepoids, le calme inquiétant d’Enone, la nourrice de Phèdre (sobrement interprété par la grande Nada Strancar) qui pousse Phèdre à la faute tout en restant dans l’ombre ; le bon sens d’Aricie (formidable Camille Cobbi), plus douce, plus terrienne cherchant à éviter le pire...Christophe Rauch réussit malgré tout à nous surprendre encore et à nous faire entendre ce texte sublime et toujours moderne... » Moussa Kobzili, Théâtrorama de 14 mars 2014
« La mise en scène de Christophe Rauck est à la mesure du drame. Tout (jeu, décor, musique) est poussé à la limite dans cette pièce qui est sur le fil du rasoir de bout en bout. Cécile Garcia Fogel (dont on ne dira jamais assez le talent) campe une Phèdre explosive, une femme sous influence, séductrice et désespérée, allumeuse et torturée, manipulatrice et suicidaire, emportée par sa passion comme une frêle embarcation par la tempête... » Rideau-Le Blog de Jack Dion, Marianne.net le 9 mars 2014
Voici encore une tragédie dont le sujet est pris d'Euripide. Quoique j'aie suivi une route un peu différente de celle de cet auteur pour la conduite de l'action, je n'ai pas laissé d'enrichir ma pièce de tout ce qui m'a paru le plus éclatant dans la sienne.
Quand je ne lui devrais que la seule idée du caractère de Phèdre, je pourrais dire que je lui dois ce que j'ai peut−être mis de plus raisonnable sur le théâtre. Je ne suis point étonné que ce caractère ait eu un succès si heureux du temps d'Euripide, et qu'il ait encore si bien réussi dans notre siècle, puisqu'il a toutes les qualités qu'Aristote demande dans le héros de la tragédie, et qui sont propres à exciter la compassion et la terreur. En effet, Phèdre n'est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente. Elle est engagée, par sa destinée et par la colère des dieux, dans une passion illégitime, dont elle a horreur toute la première. Elle fait tous ses efforts pour la surmonter. Elle aime mieux se laisser mourir que de la déclarer à personne, et lorsqu'elle est forcée de la découvrir, elle en parle avec une confusion qui fait bien voir que son crime est plutôt une punition des dieux qu'un mouvement de sa volonté. J'ai même pris soin de la rendre un peu moins odieuse qu'elle n'est dans les tragédies des Anciens, où elle se résout d'elle−même à accuser Hippolyte.
J'ai cru que la calomnie avait quelque chose de trop bas et de trop noir pour la mettre dans la bouche d'une princesse qui a d'ailleurs des sentiments si nobles et si vertueux. Cette bassesse m'a paru plus convenable à une nourrice, qui pouvait avoir des inclinations plus serviles, et qui néanmoins n'entreprend cette fausse accusation que pour sauver la vie et l'honneur de sa maîtresse. Phèdre n'y donne les mains que parce qu'elle est dans une agitation d'esprit qui la met hors d'elle-même, et elle vient un moment après dans le dessein de justifier l'innocence et de déclarer la vérité.
Racine, extraits de Préface à Phèdre
Puisant à la source tumultueuse de la mythologie grecque (l’amour condamnable de Phèdre pour son beau-fils Hippolyte), Phèdre est un exemple parfait de tragédie classique. Il y est question d’âmes déchirées, de corps fiévreux, de monstruosité et de sauvagerie ; mais la langue est superbe, d’une pureté ineffable.
Depuis Le Mariage de Figaro mis en scène à la Comédie-Française en 2007, les oeuvres du répertoire français me fascinent. Après Marivaux et Les Serments indiscrets, aborder Racine me permet de mener plus loin cette recherche dans la forme la plus classique de son écriture : l’alexandrin. Il y a chez l’auteur la même rigueur et la même justesse que celle d’un Monteverdi quand il met en musique, quelques décennies plus tôt, les relations entre ses personnages ; cette volonté d’être au plus près des passions humaines, qui mène à l’épure des alexandrins pour l’un, et à l’invention de l’opéra pour l’autre.
Christophe Rauck
Le jeu de Madame Garcia Fogel est outrancier. Elle n'est économe ni en poses, ni en gestes variés. Phèdre se languit sur un accoudoir de canapé, Phèdre titube en déambulant comme un canard, Phèdre se recoiffe en lissant sa frange, Phèdre halète. Madame Garcia Fogel, de grâce, un peu de simplicité dans votre jeu théâtral. Vos mêmes tics de diction étaient déjà présents dans la pièce de Marivaux présentée en début de saison à Lille.
Excellent, passé les 10 premières minutes on comprend tout et on apprécie la langue. Certaines tirades sont au sommet de la langue française. Jamais long ni ennuyeux On se demande alors pourquoi on attendu tant de temps pour se risquer à voir une tragédie, pourquoi on détestait cela à l'école. Et on en redemande! Seul bémol: la propagande des intermittents du spectacle qui ne les sert pas, au contraire.
Pour 2 Notes
Le jeu de Madame Garcia Fogel est outrancier. Elle n'est économe ni en poses, ni en gestes variés. Phèdre se languit sur un accoudoir de canapé, Phèdre titube en déambulant comme un canard, Phèdre se recoiffe en lissant sa frange, Phèdre halète. Madame Garcia Fogel, de grâce, un peu de simplicité dans votre jeu théâtral. Vos mêmes tics de diction étaient déjà présents dans la pièce de Marivaux présentée en début de saison à Lille.
Excellent, passé les 10 premières minutes on comprend tout et on apprécie la langue. Certaines tirades sont au sommet de la langue française. Jamais long ni ennuyeux On se demande alors pourquoi on attendu tant de temps pour se risquer à voir une tragédie, pourquoi on détestait cela à l'école. Et on en redemande! Seul bémol: la propagande des intermittents du spectacle qui ne les sert pas, au contraire.
4, place du Général de Gaulle 59026 Lille