Le rire de « l’homme qui pleure »
Plaidoyer en faveur des larmes d’Héraclite
Avec une petite formation de comédiens, Bruno Bayen compose aujourd’hui un cabaret philosophique dont Héraclite incarne la figure tutélaire. L’ermite d’Ephèse, triste misanthrope, orgueilleux et hautain, vivait, dit-on, « d’herbes et de plantes sur les montagnes », méprisant les « masses » et les principes démocratiques. Héraclite, auteur improbable des Fragments, est surnommé « l’homme qui pleure » dès le deuxième siècle. On l’oppose alors à Démocrite, « l’homme qui rit ». Quelques siècle plus tard, la reine Christine de Suède, exilée à Rome, organise une joute oratoire autour du thème « Faut-il rire ou pleurer sur le monde ? » Son ami et confident, Antonio Vieyra, qui était un jésuite portugais, intitule alors son sermon Plaidoyer en faveur des larme d’Héraclite.
Epris d’exigence, artisan d’un théâtre aiguisé comme une lame, Bruno Bayen reprend à son compte l’interrogation de la reine Christine. Mais pour l’adresser au monde contemporain, sachant que pleurer sur le monde n’est pas forcément triste.
Après les rires le pleur
ah si le ciel était réel
après les pleurs le rire
ah si le monde était réel
La légende veut que le philosophe Démocrite (Ve av. J.C.) ait ri sans cesse et que son contemporain Héraclite d’Éphèse ait pleuré continuellement, le rire de l’un et les larmes de l’autre n’ayant d’autre sujet que le monde, dit la légende. La légende n’est pas vraisemblable, mais la légende est tenace : faut-il rire ou pleurer sur le monde aujourd’hui ?
Avant les pleurs le rire
après les rires on sue
après les pleurs on dort
il est un temps pour tout
après qu'on dort on pue
souris quand vient midi
il est un temps pour tout
aujourd'hui c'est ton jour
happy birthday to you
La musique des chansons est composée par Arrigo Barnabé et Christian Paccoud
1, Place du Trocadéro 75016 Paris