Pollock

Nul besoin d’être expert en art contemporain pour entrer dans la tragédie moderne du couple inclassable Jackson Pollok / Lee Krasner. Figure mythique de l’indépendance de l’art américain, Pollock réveille l’expressionnisme abstrait, révolutionne le rapport à la toile grâce à sa technique du « dripping ». Ni chevalet ni pinceaux ; il projette, éclabousse, laisse goutter la peinture sur d’immenses formats déposés au sol avec pour tout accessoire des couteaux, truelles, bâtons ou seringues. Sa femme, peintre célébrée par Mondrian, influence indiscutablement la carrière du désormais surnommé « Jack l’égoutteur ».

Fabrice Melquiot leur rend un hommage puissant. Il dépeint dans une langue percutante la force de leur amour et la violence de leurs déchirements. Entre vapeurs d’alcool et pots de gouache, le metteur en scène donne à voir la théâtralité habitée du geste, « un état de l’être » dansant autour de l’oeuvre. Sur une scène dépouillée évoquant leur atelier, la crise créatrice ravageuse singe l’instinct et l’aléatoire, son intensité émane du plateau en quadrichromie.

Le texte est publié aux éditions de l’Arche.

Enregistrement de la musique Frank Agulhon (batterie), Vincent Artaud (contrebasse), Patrice Cabon (piano), Pierrick Pédron (saxophone).