Ça commence comme un vaudeville et ça finit en drame. La scène de ménage éclate entre les vieux époux qui déballent leurs rancœurs, sans pudeur ni pitié. Alain Françon s’attaque à ce huis clos grinçant, chargeant les excellents Dominique Valadié et Wladimir Yordanoff d’aller bien au-delà de l’adaptation cinématographique.
Molières 2016 du comédien d'un spectacle privé : Wladimir Yordanoff et du metteur en scène d'un spectacle de théâtre privé : Alain Françon.
Ça commence comme un vaudeville et ça finit en drame. Après une soirée bien arrosée, Martha et George, mariés depuis vingt ans, reçoivent Nick et Honey, un jeune couple de leur connaissance.
Milieu universitaire pour les hommes, bon chic bon genre pour les femmes et alcoolisme mondain pour tout le monde. Il est deux heures du matin quand la scène de ménage éclate entre les vieux époux. Elle durera jusqu’à l’aube. Sous les yeux de leurs invités pris à témoin, ils déballent leurs rancœurs, sans pudeur ni pitié. C’est violent, cruel et communicatif… Car, gagnés par la curée ambiante, les jeunes mariés dévoilent à leur tour de bien vilains défauts.
Tiré de la pièce d’Edward Albee créée en 1962, le film a consacré Elizabeth Taylor et Richard Burton dans les rôles principaux. Alain Françon, metteur en scène réputé pour son intelligence de lecture, s’attaque à ce huis clos grinçant, chargeant deux de ses acteurs fétiches, Dominique Valadié et Wladimir Yordanoff, d’aller bien au-delà…
« Finement dirigés par Alain Françon, les quatre acteurs investissent leur personnage jusqu'au vertige. » AFP
« Avec sa mise en scène au cordeau, qui se tient dans l’espace minimal du salon du couple, Alain Françon tire le meilleur de cette pièce vertigineuse et glaçante, où le dramaturge américain va très loin dans la lutte sans merci entre le pouvoir féminin et le pouvoir masculin, le loup et la louve, et dans l’analyse des frustrations abyssales que vivent les personnages. (...) Mais c’est surtout le couple monstrueux qui retient l’attention, et il est formidable : Wladimir Yordanoff, sidérant d’humanité blessée et manipulatrice, et Dominique Valadié, la grande Valadié, qui trouve là matière à déployer tout son talent, de la perversité feutrée à la folie tragique. » Fabienne Darge, Le Monde, 16 janvier 2016
« La comédienne ferait presque oublier Elisabeth Taylor, tant son interprétation est habitée, intense, quasi sauvage... En équilibre périlleux sur un fil de violence et de passion, elle progresse sans jamais vaciller jusqu’au bout du drame. Face à elle, Wladimir Yordanoff maintient en suspens, avec une mordante ironie le bras de fer conjugal... Il fallait le talent d’Alain Françon pour diriger avec une telle précision ce précieux quatuor... en mettant en relief l’ambiguité des personnages, le flou des sentiments qui les lient, la frontière évanescente entre réalité et mensonges. » Les Echos
« Folle gigantomachie entre deux héros « monstres ». Pour les interpréter, il a réuni deux comédiens magnifiques.... Dirigés d’une main sûre, tout en tension, rigueur et retenue par Alain Françon, ils sont grandioses. » La Croix
« Le couple Martha-George est le plus convaincant qu’on ait jamais vu en France... C’est une oeuvre exceptionnelle. » Le Figaro Magazine
« Alain Françon met en scène un merveilleux et subtil quatuor à cordes. Les cordes sont si tendues qu’elles pourraient sauter sous la pression du texte : l’intelligence de Françon les tient et les retient.... Les acteurs ont l’oreille absolue, oeille de l’autre et de soi même..... Comment font-ils pour passer avec autant de force, de nuances, d’un registre à l’autre, de l’insulte au sourire en coin, du tragique au comique ? » Libération
« Comédiens d’une subtilité stupéfiante. On n‘est pas loin de crier au chef d’oeuvre. » L’Express
Il ne faut pas dévoiler l’intrigue de Qui a peur de Virginia Woolf ? à ceux qui vont la découvrir. À chacun de vérifier par soi-même comment, à travers l’allégresse féroce qui traverse chaque étape de cette fabuleuse scène de ménage, Albee met peu à peu en place une tout autre histoire – et comment le titre finit par prendre tout son poids.
Depuis sa création à New York en octobre 1962, la pièce est devenu si célèbre qu’on en oublie parfois combien ce titre-là est énigmatique. Pour un public anglophone, l’allusion à l’hymne narquois que chantent les trois petits cochons dans un dessin animé classique de Walt Disney est transparente. Mais le sens à donner au jeu de mots entre the big bad wolf, le grand méchant loup, et l’une des grandes romancières anglaises du xxe siècle, l’est beaucoup moins. Albee ne s’en est jamais vraiment expliqué. Un soir de 1953 ou 1954, dans les toilettes d’un bar de la Dixième Rue situé quelque part entre Greenwich Avenue et Waverly Place, il serait tombé sur un graffiti posant cette mystérieuse question. Elle lui serait revenue en mémoire quelques années plus tard, alors qu’il cherchait comment nommer sa nouvelle oeuvre. En 1966, il en donnait dans une interview à The Paris Review une paraphrase personnelle (« Qui a peur de vivre sans illusions trompeuses ? »), ajoutant que l’expression l’avait frappé comme étant « une blague typiquement universitaire, intellectuelle ».
Une blague d’adulte, donc – ironique, intelligent, informé, montrant ce qu’il sait et ce qu’il vaut, vous invitant à montrer à votre tour, par votre rire complice, que vous faites partie du même club. Mais une plaisanterie qui renvoie aussi aux terreurs de l’enfance. Entre le vernis de culture, de savoir acquis auquel on finit par vouloir s’identifier, et les angoisses archaïques que ce vernis recouvre tant bien que mal, la formule opère un saisissant court-circuit.
Car la question fondamentale continue à être posée, et la peur qu’elle exprime reste audible, pour qui sait entendre, à travers le mot d’esprit qui la reconduit tout en la déformant. Pour tenter de l’oublier, pour exorciser le fantôme enfantin, les grandes personnes ont inventé une infinité de jeux amusants ou sérieux, parfois les deux à la fois : jeux de mots, jeux de mains, jeux de pouvoir, de stratégie ou de séduction. Jeux de société, en somme. Albee ajouterait sans doute : jeux d’illusion. En anglais, le même mot, play, désigne la pièce de théâtre et l’activité préférée des enfants. Le jeu est une façon de s’inventer une compagnie ou un témoin ; ami, rival ou adversaire, au fond, peu importe, pourvu qu’on trompe, au moins pour un temps, la solitude.
Toute la nuit spirituelle que nous fait traverser le chef-d’oeuvre d’Albee, sorte de post-scriptum en marge des convenances sociales et du temps des apparences, est placée sous le signe du jeu, voire du jeu du jeu : dans ce huis-clos, somptueux palais des glaces que George et Martha paraissent élever à l’instant même sous les yeux de leurs jeunes hôtes comme on improvise un château de cartes, les règles changent, les alliances se renversent, les adversaires glissent d’un terrain à l’autre, changent de prise ou de masque, soufflent puis repartent à l’assaut, comme aspirés par l’oeil d’un lent cyclone. Et peu à peu nous entrevoyons qu’un dernier jeu se dévoile, conférant sans doute son énergie à tous les autres – jeu de massacre sans issue sinon sans fin, et dont l’enjeu met littéralement en pièces toute tentative de tricherie : celui qu’on appelle le jeu de la vérité.
Daniel Loayza, 8 juillet 2015
excellente soirée, très bon jeu d'acteur, texte subtil...!
Un très bon jeu d'acteurs (les 4) mettant en valeur le texte, peut être un peu trop retenu pour Domonique Valadié, mais un décor à pleurer qui dessert la pièce.
Bravo surtout à Dominique Valadié et à Vladimir Yordanoff pour leur face à face vertigineux. Un regret : un décor minimaliste d'une assez grande laideur et sans intérêt. Quand les propriétaires de théâtre (notamment privés) investiront-ils un peu plus dans les décors et les lumières?
très beau spectacle avec des acteurs montrant bien la névrose des personnages, je regrette comme d'habitude l'inconfort des fauteuils
Pour 26 Notes
excellente soirée, très bon jeu d'acteur, texte subtil...!
Un très bon jeu d'acteurs (les 4) mettant en valeur le texte, peut être un peu trop retenu pour Domonique Valadié, mais un décor à pleurer qui dessert la pièce.
Bravo surtout à Dominique Valadié et à Vladimir Yordanoff pour leur face à face vertigineux. Un regret : un décor minimaliste d'une assez grande laideur et sans intérêt. Quand les propriétaires de théâtre (notamment privés) investiront-ils un peu plus dans les décors et les lumières?
très beau spectacle avec des acteurs montrant bien la névrose des personnages, je regrette comme d'habitude l'inconfort des fauteuils
Il y a certes le couple mythique mais le jeune couple est aussi excellent. Nous sommes pris dans ce tourbillon de violence qui ne cesse de monter en intensité jour se transformer en une véritable tornade, qui ne nous laisse pas indemne. A voir absolument.
Parfaite mise en scène sobrissime pour donner toute leur place aux effroyables échanges de ces deux couples qui s'étripent. On n'oubliera quand même jamais le film avec le duo réaliste Taylor/Burton...
un duel psychologique au sommet dont on ne ressort pas indemne excellemment joué par deux merveilleux acteurs ... La mise en scène dépouillée dévoile toute la folie des protagonistes
La pièce fort bien jouée gagnerait selon moi à être raccourcie...
Merveilleuse interprétation de cette pièce, particulièrement Dominique Valadier, mais les trois autres acteurs étaient excellents. Nous aurions aimé parfois un éclairage plus travaillé. C'était le seul défaut, pour nous. Bonne continuation.
Une pièce forte toujours d'actualité. Des comédiens à la hauteur d'un texte exigeant. A recommander. Peut-être un tout petit peu longue...
Redécouverte d'un texte toujours aussi percutant. Excellent jeu d'acteurs avec un petit bémol pour W.YORDANOFF avec un dernier "Au revoir" notamment qui sonne faux.
Très bonne pièce, très belle interprétation au cordeau des 4 acteurs Un très grand moment de tension émotionnel A voir. Sans réserve
Très bons acteurs, très bonne mise en scène, très bon texte.
Une dramaturgie inconcevable qui prend aux tripes… un grand classique
Juste fabuleux ! Quelle énergie ! a voir sans réserve !
55, rue de Clichy 75009 Paris