Lorsqu'il écrit " le neveu de Rameau ", Denis Diderot, amateur de musique italienne, a encore en tête sa querelle avec le " grand " Rameau musicien et compositeur. Son ouvrage, qui se présente sous forme de dialogue, est une satire dans laquelle il s'en prend à ses adversaires et évoque selon le rythme désordonné de la conversation, la plupart de ses idées. Son interlocuteur est un personnage historique, le propre neveu du musicien. Denis Diderot en a fait un " type ", celui du parasite cynique, du raté génial, homme à paradoxes dépourvu de tout sens moral.
Pierre Charras n'a retenu dans son adaptation qu'un personnage. En éludant celui de Diderot, il nous laisse seuls avec Rameau et nous entraîne dans un face à face avec " la bête ", avec cet homme désabusé mais lucide. " Rameau le fou " est tantôt notre bonne conscience, tantôt notre mauvaise conscience.
Car ce bouffon magnifique que l'on retrouve sur scène est une partie de nous même qui parle de nos envies, de nos échecs, de nos petits arrangements, et nous donne envie d'être libres. Il nous fait rire de notre humaine condition pleine de renoncements et de contradictions. Il nous entraîne comme un violoncelle sur des rythmes divers où s'enchaînent la pesanteur du quotidien et la légèreté de nos désirs.
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