Le metteur en scène et marionnettiste Yiorgos Karakantzas et l’écrivain et scénariste Panayotis Evangelidis signent à quatre mains cette fable sans parole sur l’exil et la façon dont celui-ci peut nous relier les uns aux autres. Avec sensibilité et justesse, ils touchent ici à un sujet d’actualité pour souligner l’espoir et la solidarité.
Bord de plateau à l'issue de la représentation du 23 novembre 2022.
Dans une ville d’Europe, une vieille dame et son petit-fils coulent des jours tranquilles. Bientôt, des réfugiés en détresse arrivent peu à peu dans les rues. Cet évènement ravive à l’esprit de cette grand-mère un souvenir : une fuite précipitée hors d’une cité incendiée alors qu’elle n’était qu’une enfant.
Le metteur en scène et marionnettiste Yiorgos Karakantzas et l’écrivain et scénariste Panayotis Evangelidis signent à quatre mains cette fable sans parole sur l’exil et la façon dont celui-ci peut nous relier les uns aux autres. Les marionnettes sur table et les images aux teintes sépia obtenues par une technique d’illusion optique, s’assemblent pour former des tableaux évoquant le drame mais aussi la douceur et l’humour.
Les émotions sont décuplées par la musique de Nicolo Terrasi qui s’est inspirée du rebetiko, style musical né en Grèce par le mélange des cultures venues d’Orient. On y entend aussi les mélodies aux sonorités métalliques d’une laterna, sorte de piano mécanique, typique de de l’instrumentarium grec. Yiorgos Karakantzas poursuit sa quête d’un théâtre visuel nourri par le cinéma et le théâtre d’ombres, capable d’ouvrir une brèche vers l’invisible du rêve ou du cauchemar, de la mémoire ou de l’utopie.
Avec sensibilité et justesse, il touche ici à un sujet d’actualité pour souligner l’espoir et la solidarité.
Comme une partie de la population grecque, mes deux grand-mères sont des réfugiées. Arrivée en Grèce en 1923, ma grand-mère maternelle avait fui la ville de Smyrne en Turquie, alors en proie aux flammes et au massacre de la population grecque dont son propre père fut victime. Elle connut alors l’exil, comme tant d’autres à cette époque.
Conçu comme une odyssée, cette histoire d’un déplacement forcé dans le temps et dans l’espace nous emporte dans un voyage des images, des marionnettes et de musique. On puisera dans les chants et les textes du « rebetiko », cette musique qui a accompagné les réfugiés en Grèce et jusqu’au bout du monde, et qui témoigne d’une culture rebâtie.
Rebetiko c’est une histoire de déracinement forcé qui, de nos jours, fait écho aux réfugiés syriens, kurdes et autres qui empruntent les mêmes routes pour fuir. Avec Rebetiko, nous souhaitons créer une fiction au sein de laquelle passé et présent se croisent et se mêlent, où l’on s’interroge sur cette Histoire qui se répète sans cesse et sur ces états qui ferment les frontières. Nous poserons notre regard sur les enfants et petits-enfants de réfugiés, et nous nous questionnerons également sur la monté de la xénophobie. Se rappeler comment les cultures de pays comme la Grèce, les États-Unis, l’Allemagne ou la France se sont construits avec des étrangers : de la main d’œuvre ouvrière en grande majorité, mais pas uniquement.
Yiorgos Karakantzas
73 rue Mouffetard 75005 Paris