Et si on échangeait les « genres » des personnages créés par Feydeau, Molière, Musset, Labiche, Shakespeare et tant d’autres auteurs issus du répertoire classique ? La réception des scènes proposées change radicalement dans ce nouveau rapport « Renversé ». Cette résonance va bousculer aussi la chanson française… Un nouveau souffle s’engage !
Ce spectacle est l’association de rencontres. Une rencontre humaine et pédagogique. Pédagogique dans le sens que depuis que j’enseigne le théâtre, j’aime la pertinence, la révolution qu’amène l’échange de sexe des personnages. Le texte est perçu différemment, nous redécouvrons même des endroits de l’oeuvre que nous pensions savoir par coeur. Un nouveau souffle s’engage.
Les premiers renversements que j’ai conçu en cours, était pour des raisons de matière, d’importance du rôle, d’épaisseur. Je voulais que mes élèves filles puissent défendre et traverser de grand rôle et forcé de constater qu’il y a peu de grand rôle féminin ou alors toujours les mêmes. Je me suis simplement appuyé au départ sur des paroles de Sarah Bernard qui fût heureuse le jour où elle put jouer Hamlet : « Les rôles d'hommes sont en général plus intellectuels que les rôles de femmes. Voilà le secret de mon amour. Il n'est pas de caractère féminin qui ait ouvert un champ aussi large pour les recherches des sensations et des douleurs humaines que l'a fait celui d'Hamlet. »
J’ai voulu pousser cette réflexion à l’extérieur d’un cours et voir la portée que cela peut avoir sur les spectateurs d’aujourd’hui. Comment vont-ils vivre des scènes « collector » de l’histoire du théâtre, renversé dans leur rapport ? Je veux qu’ils les reconnaissent, tout en étant surpris de ne pas les reconnaitre et de les voir à l’intérieur d’un axe rempli de fraicheur. Je veux, sans vraiment qu’ils s’en rendent compte, qu’ils perçoivent que notre regard sur une situation est biaisée de par notre genre. Notre sexe de naissance conditionne le regard que nous portons sur la société et qu’elle porte sur nous.
Pourquoi une femme choque quand elle tient des propos d’hommes et pourquoi un homme parait sensible, fragile, sincère quand il tient les propos d’une femme… Une femme qui se promène toute nue devant son enfant nous fais rire, un homme le faisant nous met mal à l’aise…
C’était pour moi logique de réfléchir à ces questions avec deux anciens élèves qui sont aujourd’hui lancés dans le métier. Ayant vécu ces réflexions avec eux, je trouvais intéressent de revivre cette étude et de la transmettre aux spectateurs.
Transmission difficile, dans l’obligation qu’elle soit habile, car elle ne doit pas être ennuyeuse et donneuse de leçon. L’idée était donc de faire un spectacle à la fois, drôle, ludique et pédagogique.
Même si les regardants savent qu’ils vont voir un spectacle fabriqué. Je veux dans un premier temps les installer comme si il assistait à cette création et cette réflexion en direct. Le quatrième mur va être tout de suite brisé et le spectacle va être présenté, expliqué aux personnes présentes dans la salle. Ça va être l’occasion de se moquer du discours parfois pompeux, élitiste de certains artistes. Les deux acteurs présents sur scène vont s’opposer là-dessus. Toutes leurs interventions vont être travaillées en improvisation afin de garder un maximum de fraicheur, de spontanéité et d’instinct. Le spectacle commence sur des scènes drôles et connue du grand public (Feydeau, Molière) pour qu’ils entrent facilement, pleinement dans le concept du spectacle. Afin que cela soit plus concret, les deux premières scènes (La Main passe, Mais ne te promène donc pas toute nue) seront accompagnées par des courts extraits vidéos de la scène joué dans la version de base et dans un style plus « classique ».
Ce dispositif va être appuyé avec des chansons elles-mêmes renversé et joué en direct par nos deux artistes. Ces musiques vont être complétement réinventées pour apporter, pour garder, la fraicheur voulu. Cette réinvention sera apportée par les instruments présents sur scène à savoir un looper et un pad. Nous créant d’immense possibilité artistique. Tous les sons et les musiques du spectacle seront faits en direct.
Il y aura peu de décors et peu d’accessoires afin de passer d’une scène à l’autre rapidement et de centrer, ce parcours dramatique sur nos deux comédiens. Les lumières viendront évidement découpé les moments de « scènes », de pédagogies et les moments musicaux. Ce minimalisme répond à une envie que cette forme puisse se déplacer n’importe où. Tout espace propice à une rencontre théâtrale, artistique est un lieu possible (école, rue, espace culturel, etc…).
Les textes, les chansons, basculeront petit à petit vers des choses plus sombre, plus grave, plus âpre, afin de ne pas perdre en route notre propos et au contraire continuer de le faire éclore, de l’appuyer pour que les spectateurs repartent avec et continue en dehors de pousser cette réflexion. C’est dans ce sens que le spectacle se termine sur les derniers instants de On ne badine pas avec l’amour dans la bouche d’une femme.
Excellent spectacle. C'est original, fort bien mené et très attachant
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Excellent spectacle. C'est original, fort bien mené et très attachant
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