Ulysse, roi d’Ithaque, retour de la guerre de Troie, débarque après vingt ans d’absence sur son île natale. Avec une idée fixe : récupérer son pouvoir – ses biens, son territoire, ses prérogatives – et châtier les « prétendants » qui ont l’audace de le croire mort et l’espoir de lui succéder auprès de sa femme Pénélope…
Retour à Ithaque est l’adaptation des chants XIII à XXIII de l’Odyssée. Ceux donc qui concernent le retour d’Ulysse dans sa patrie – après la guerre de Troie et dix ans d’errance – et tout ce qu’il lui faut mettre en oeuvre pour déjouer, avec l’aide de son fils Télémaque et de quelques dévoués serviteurs, les manoeuvres des « prétendants » qui visent à le déposséder de sa femme et de ses biens. Il récupérera l’une et les autres grâce à ses « mille ruses », son courage et à ce qui nous semble relever aujourd’hui d’un sens extrêmement radical de ses prérogatives royales et masculines (le massacre des prétendants est à cet égard une illustration exemplaire de l’oeuvre de justice telle que conçue par Ulysse…).
Et c’est précisément cette conception archaïque qui m’amuse et m’intéresse dans cette dernière partie du récit d’Homère. L’Odyssée est une oeuvre poétique sublime, exaltante ; c’est un roman d’aventures palpitant avec cet extraordinaire héros mythique qu’est Ulysse, c’est aussi, par les moeurs archaïques qu’elle décrit, qui contrastent si fort avec l’état de grande confusion morale et politique dans lequel nous vivons, une incitation singulière à réfléchir au fonctionnement de nos sociétés, au rapport entre les hommes et les femmes notamment, à la façon d’exercer le pouvoir, au fondement de la violence. Il ne s’agit nullement de porter un regard nostalgique sur la société pastorale et patriarcale décrite par Homère mais de confronter ce monde ancien qui, pour une part est à l’origine du nôtre, à l’imaginaire contemporain.
Il s’agit, avec cette adaptation, de retrouver le plaisir du poème homérique, avec sa vivacité, ses images superbes, son ironie, ses milles péripéties, tout en veillant à préserver le rythme général du texte.
René Loyon
« Le texte et la mise en scène sont de très bonnes raisons de courir voir le spectacle. » L'Express, Laurence Liban, 26 septembre 2011.
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