« Roméo, qui est là, mort, était l'époux de Juliette. Cette morte était la fidèle épouse de Roméo. Voyez quel fléau le ciel abat sur votre haine. »
Roméo et Juliette : cliché d’un amour à l’eau de rose, d’une romance légère, de l’Amour idéal. Mais ce que nous raconte Shakespeare c’est une passion violente, une lueur au milieu des ténèbres, à la fois puissante et fougueuse, fragile et pitoyable, empêchée par un entourage égoïste, cruel et sourd aux paroles d’amour et de paix. Une violence guerrière, celle d’un amour avorté qui ne peut s’accomplir qu’à travers la mort.
Face à un tel chaos deux témoins, deux porteurs d’histoire surgissent et s’emparent du récit funeste des deux enfants pour le faire voyager de ville en ville et à travers les consciences. La plus belle histoire d’amour de tous les temps échoue sur le théâtre, espace de parole pour clowns désespérés.
« Je peux seulement vous raconter le tableau morbide que l’on a découvert dans le théâtre : des âmes nues, mutilées, amaigries, inertes, amassées dans un mélange de terre et de neige. Un décor dans lequel la mort se répand doucement avant d’être ensevelie sous des tonnes de terre. Les seuls restes de cet abominable massacre se trouvent à l’endroit du théâtre : deux cadavres, Roméo et Juliette. »
La compagnie Les Corps Vagabonds s’empare du mythe en créant un théâtre de tréteaux où les changements se font à vue, où le comique se mêle au tragique, où les corps dansent et se désirent, où toutes les armes qu’offre le texte de Shakespeare sont sublimées par une troupe de comédiens enragés.
Deux porteurs d’histoire, quatre comédiens et une croix en bois pour raconter l’amour universel, l’ordre qui émerge du chaos, celui de deux être nés dans la haine qui s’élèvent au rang des astres.
80, Allée Darius Milhaud 75019 Paris