« J’ai appris d’Ozu la façon de découper le temps et de Vermeer la façon de découper l’espace. » Oriza Hirata
Une pièce abstraite et riche de fantaisie
A propos de Sables et Soldats
Si Sables et Soldats traite de l’envoi de forces défensives en Irak, son contenu est universel et rappelle des œuvres comme Pique-nique en campagne de Fernando Arrabal ou En attendant Godot de Samuel Beckett.
Dans cette pièce, entièrement ré-écrite pour sa création en France, l’auteur met en scène des soldats qui marchent interminablement dans le désert. Des conversations drôles et absurdes se succèdent entre les militaires obligés de marcher simplement devant eux et les civils de passage (un père, et sa fille, à la recherche de sa femme, un couple en voyage de noces…), mettant ainsi en évidence l’absurdité des existences humaines au champ de bataille.
« Pour un style parlé dans le théâtre contemporain »
Avec sa compagnie Seinendan, Oriza Hirata bouleverse le théâtre japonais dans les années 1990 en proposant « la théorie du style parlé dans le théâtre contemporain ». Aux grandes scènes d’amour et aux meurtres nombreux qui peuplent la plupart des productions théâtrales, il substitue le calme de la vie quotidienne et la complexité de ce « temps tranquille » qui est riche d’émerveillements et de drames.
Traduction de Rose-Marie Makino publiée aux éditions Les Solitaires Intempestifs.
« C’est le roman d’Ashihei Hino, Le Blé et les soldats - dans lequel l’auteur décrit la guerre sans espoir ni raison du Japon contre la Chine et où il montre l’armée japonaise marchant dans les vastes champs de blé sur le continent chinois - qui a servi de motif pour l’écriture de Sables et Soldats. Mais aujourd’hui, l’œuvre d’Ashihei Hino ne semble plus tellement lue. Si l’on me demandait quels sont les points communs avec Le Blé et les soldats, il n’y en aurait pas d’autres en dehors du fait que les militaires continuent d’avancer.
Mais, concentrer en cent minutes sur scène ce temps infini (ou plutôt que l’on pourrait croire infini), je suis toujours en train d’essayer de le faire : Les Buddenbrook de Thomas Mann pour Gens de Séoul, La Montagne magique pour Nouvelles du plateau S. De même pour Sables et soldats, c’est la manière de condenser qui est au centre de mon travail d’écriture théâtrale.
Ce n’est pas « cette guerre » en particulier, je voulais décrire le plus universellement possible l’absurdité des hommes dans les champs de bataille, mais quand la pièce fut achevée beaucoup de gens m’ont dit qu’elle sous-entendait fortement « cette guerre ». Sûrement est-ce parce que la guerre dans laquelle notre pays se débat est vraiment absurde. Ainsi, l’absurdité du bourbier de la guerre sino-japonaise, décrite dans Le Blé et les soldats, se superpose sans doute par endroits… C’est pourquoi, le point commun le plus important est peut-être bien là. Ou plutôt dans ce « bourbier », on parle de « bourbier », mais c’est d’autant plus un bourbier que le désert est sec.
Nous avançons sur le sable sec.
Nous avançons.
Avançons. »
« À l’occasion de cette création au théâtre2gennevilliers, j’ai totalement réécrit cette pièce que j’avais écrite en 2004. Ce projet est né de ma longue amitié avec Pascal Rambert. Notre point commun, c’est que nous sommes auteurs et metteurs en scène. Nous continuons à développer notre relation et notre collaboration entre deux théâtres. »
Oriza Hirata
41, avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers
Voiture : Porte de Clichy, direction Clichy-centre. Tout de suite à gauche après le Pont de Clichy, direction Asnières-centre.
A 86 Sortie Paris Porte Pouchet. Au premier feu tourner à droite, avenue des Grésillons.