Au plateau, il y a trois Basquiat, trois façons de voir le peintre de l’époque et de croiser les disciplines, d’être et de dire le monde : un qui joue, un qui danse, un qui rap.
“ Douce attentionnée préoccupée ma mère.
Ma main dans sa main grande et douce et mère
Devant Rembrandt Cézanne Monet Matisse Pollock…
Guernica.
Ah Guernica la peinture sans couleur ! ”
Basquiat, Al Diaz et Shannon Dawson créent avec “ SAMO ” (anagramme de “Same Old Shit”), les prémices du graffiti. Basquiat est le moteur principal de ce projet et traduit son observation sensible du monde par des messages lapidaires inscrits, tagués, sur les édifices de l’environnement urbain new-yorkais. Les courts messages qu’il inscrit à l’époque sont déjà, avant ses toiles, des actes poétiques et politiques. La suite : la rencontre avec Warhol, la vitalité désespérée qui le conduit à cette production boulimique de tableaux, le succès, les trop nombreuses drogues et son entrée dans le funeste Club 27.
Ce qui m’intéresse ici c’est l’avant, la période d’errance, de marche, de recherche, la période de signalétique, où à New York on se dit : “qui est SAMO ?” Ce moment où le très jeune homme au regard timide lance un mouvement artistique sans le savoir.
« Mon histoire avec SAMO commence à la fin des années 80… Je vois mon père peindre les murs de la cité. Fresques géantes sur les bouches d’aération, les colonnes, les couloirs, les escaliers. 25 ans de vie plus tard, le quartier multicolore de mon enfance est bien sombre, quelques graffs sont semés ici et là, et les fresques elles… sont intactes… Intactes. Et je me dis qu’ici, dans ce lieu réputé pour être assez chaud, quelques-uns se sont posé la question de la conservation. Pas comme une idée conservatrice qui sentirait le formol, mais dans l’idée qu’on garderait une trace, qu’on laisserait ici, là, sur ces murs, une mémoire… » Laëtita Guédon, metteuse en scène.
« La mise en scène mixe, comme le fait le street art, des composantes hétéroclites : une musique métisse, entre jazz, electro et beatbox ; un texte à la rhétorique multiple, rythmique, prosodique, poétique ; et une gestuelle énergique, entre boxe et danse. » Ouest-France
« Peau noire, corps fauve, torse nu et musculeux, jeunesse et vigueur arrogantes, gants de boxe chaussés aux poings, c’est un Basquiat combatif et physiquement dédoublé qui se présente au public sous les traits du danseur Willy Pierre-Joseph et du comédien Yohann Pisiou. Une pile électrique, un électron libre à deux corps, s’élance frontalement, exprime son rêve de gloire, de liberté, de célébrité. » Christophe Candoni, sceneweb
« S’attaquer à la vie et à l’œuvre de Jean-Michel Basquiat (1960-1988) exige une jolie dose de témérité. Ou beaucoup de passion. Ou les deux à la fois. C’est le cas de la metteuse en scène Laëtitia Guédon qui signe avec SAMO un hommage tout personnel au peintre et graffeur qui mit le feu aux murs des rues de New York dès son adolescence. » Rosita Boisseau, M le Monde, 10 avril 2017
Une enquête pour savoir comment la parole, les mots de Koffi Kwahulé mettront un coup de poignard dans le silence du mur immaculé prêt à être peint. Une enquête pour savoir comment les torsions du corps du danseur Willy Pierre-Joseph viendront étrangler la sidération face au texte codé, ou prendre acte physique du jeune Basquiat errant de longues heures pour trouver le bon spot, la bonne place, le bon message. Une enquête pour savoir comment l’univers beat box et musical de Blade MC Ali M’baye viendra lapider le ghetto blaster d’époque crachant les prémices du hip hop de rue. Une enquête pour savoir comment Yohann Pisiou, comédien aux traits étrangement semblables à ceux du peintre, sait que “SAMO is not dead”. Une enquête avec le public pour se dire : Que laissons-nous comme trace pour nous raconter et raconter ce monde ?
Laëtitia Guédon
texte très léger quelques idées de mise en scène peut être
Pour 1 Notes
texte très léger quelques idées de mise en scène peut être
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