Comédie dramatique
Notes de mise en scène
Moscou, 1928. Simon est chômeur. Il vit dans un appartement communautaire avec Marie, sa femme et Sérafine, sa belle-mère. A la suite d’une querelle avec sa femme il menace de se suicider. Pris au sérieux par sa famille et son entourage, qui dans un premier temps tente de l’en dissuader, il trouvera dans l’issue fatale la solution à ses problèmes.
Dès lors, il va devenir le symbole de tous les dysfonctionnements du régime. Il doit se suicider pour les intellectuels, les bouchers, les écrivains, les femmes… Et ne peut répondre à toutes les demandes. C’est la reconnaissance, la belle vie mais il faut passer à l’acte. Impossible. La fin, rocambolesque, met fin à l’illusion. Il faut vivre.
"Simon : Est-ce que j’ai pris la fuite devant la révolution d’Octobre ? Durant tout le mois d’octobre, je n’ai pas mis le nez dehors. J’ai des témoins."
Texte français de Michel Vinaver.
On ne joue pas innocemment Nikolaï Erdman. Le simple fait de penser que cette pièce n’a jamais été représentée de son vivant, interdite par la censure stalinienne lui confère un statut particulier. Mais à bien y regarder elle résonne à nos oreilles avec une acuité toute particulière. Les régimes, les systèmes, les machines à broyer l’individu passent, se succèdent et l’homme reste toujours dépourvu face à eux. Notre époque n’échappe pas à la règle. Loin de là.
Qu’est-ce que Samoubitsa ? Une comédie dramatique ou un drame comique. Les deux certainement mais le rire de Nikolaï Erdman est dévastateur. La mort, on en rit car elle semble plus paisible à vivre que la vie. Renversement des valeurs ou terrible lucidité. L’absurde se bâtit sur le quotidien. Cela le rend énorme et inquiétant à mi-chemin entre Gogol et Kafka.
Cette pièce est un chef-d’oeuvre. Je souhaite la monter avec une douzaine de comédiens en lui donnant la force d’une farce universelle. Celle qui, macabre, nous guette face à tous les totalitarismes. L’homme est ici replacé au centre du monde. Simon Podsékalnikov est un anti-héros, proche de nous, de nos faiblesses, de nos compromissions. Un homme, rien qu’un homme.
Serge Lipszyc
Subtilités, flagrants délits de vérité; nous aimerions admirer plus souvent de ce théâtre dur, à "mourir" de rire mais au fond tellement proche de la réalité. On comprend bien pourquoi l'empire stalinien avait à l'époque interdit la représentation de cette pièce.
Subtilités, flagrants délits de vérité; nous aimerions admirer plus souvent de ce théâtre dur, à "mourir" de rire mais au fond tellement proche de la réalité. On comprend bien pourquoi l'empire stalinien avait à l'époque interdit la représentation de cette pièce.
73, rue Mouffetard 75005 Paris