Chacune des pièces est disponible séparément auprès du théâtre.
Les représentations de La Priapée des écrevisses ont lieu du mardi au vendredi à 19h30, le samedi à 17h.
Les représentations de Le 20 novembre ont lieu du mardi au vendredi à 21h, le samedi à 19h30.
L’étoile du nord présente du 8 au 26 novembre 2011, deux créations théâtrales. Ces deux pièces abordent chacune à leur manière le fait divers d’hier et d’aujourd’hui.
Le contenu de ces histoires en dit long sur l’évolution des peurs des sociétés à travers les siècles.
Christian Siméon nous dépeint des crimes mystérieux, gorgés de l’érotisme et de la poésie sulfureuse du début du 20e siècle dans La Priapée des écrevisses. Avec Le 20 Novembre, Lars Norén s’attaque au crime froid, celui du 21e siècle naissant : plein de haine, de désespoir et de révolte.
Pendant cette période, aura lieu dans le hall du théâtre une exposition intitulée Fenêtres sur scène, de l’agence révélateur, en résidence à L’étoile du nord pour la saison 2011-2012.
Vivante ! Marguerite Steinheil est vivante ! Elle a menti. Elle s’est vendue. Elle a trahi.
Elle a fréquenté les alcôves lambrissées du pouvoir. Elle a surmonté le scandale le plus licencieux de la troisième République. Elle a survécu à la très mystérieuse et très sanglante affaire de l’impasse Ronsin.
A la force du poignet, elle est devenue l’honorable, la richissime Lady Robert Brooke Campbell Scarlett-Abinger, baronne et pairesse d’Angleterre. Alors elle cuisine. Obstinément elle cuisine. Avec jubilation. Avec hargne. Juste pour nuire encore un peu.
Christian Siméon
Dans ce spectacle, nous voulons avant tout travailler sur l’humour (même s’il est un peu noir). Je prends cette précaution - préciser dès le départ notre objectif - car ce qui suit peut paraître parfois sérieux, et je dis « nous » car la forme théâtrale qu’est le monologue nécessite un lien fort et un échange d’idées de tous les moments entre l’interprète et le metteur en en scène : le monologue est une création collective.
Ce que nous voulons faire ressortir de cette pièce, et surtout du personnage de Marguerite Steinheil, c’est une suite de paradoxes : de la tragédie naît le rire, du réel le plus cru (la cuisine, les aliments) naît la poésie, un certain surréalisme et de la sensualité, enfin de la vérité naît le mensonge, et de tout cela (un ensemble d’événements somme toute assez sordides) naît le théâtre, mais cela a toujours été.
Il s’agit là d’un spectacle sur la folie et la mémoire ; nous y montrons un personnage perdu dans ses souvenirs dont les frontières entre le mensonge et la vérité ont été abolies, par les années qui passent autant que par son désespoir qu’elle évacue ainsi.
Elle est comme engluée dans une toile d’araignée dont elle est à la fois l’architecte (araignée féminine qui fut une grande prédatrice ayant le mâle argenté pour gibier) et la victime (un insecte prit dans les filets de l’histoire). Nous la voyons se débattre avec ses souvenirs et ses obsessions culinaires devant un public imaginaire qu’elle semble convoquer chaque soir dans une salle perdue de son manoir anglais, lorsque tout le monde dort.
Nous la représentons maîtresse d’une cérémonie expiatoire, grotesque tragique et finalement touchante, durant laquelle elle exorcise ses vieux démons usant de recettes culinaires comme on userait de formules magiques.
Une grande table, un dais de rideau rouge sang (rouge théâtre), un micro, des papiers, beaucoup de documents, sont les accessoires dans le grand espace vide de la scène de notre improbable cabaret.
Jean Macqueron
Le journal du 20 novembre 2006 de la petite ville allemande d’Emsdetten, édite le communiqué suivant : « Sebastian Bosse âgé de dix-huit ans a fait feu sur ses camarades et professeurs de son lycée. Après avoir blessé neuf personnes, il se donne la mort ».
C’est à partir du journal intime laissé par l’adolescent sur le net, que Lars Norén écrit le monologue Le 20 novembre. Nous sommes dans une salle de classe. Un homme nous accueille. Il est chaleureux, mais drôle et inquiétant. Il est vêtu comme un enfant, ou plutôt comme un ange. Il
veut nous parler, mais il n’a pas les mots, alors il se parle. Oui ! Il a bien eu une enfance, mais il voit devant lui un monde d’enfants adultes. Un monde d’adulte sans jeunesse.
Si Lars Norén choisit de mettre en mots ce fait divers, ce n’est certainement pas pour nous éblouir avec une histoire terrifiante. Mais plutôt pour activer sous nos yeux, les contradictions d’une société qui se veut être la grande protectrice de ses enfants.
Rappelez-vous, ce 20 novembre, dans la petite ville allemande d’Emsdetten, Sebastian Bosse pénètre arme au poing dans son ancien lycée pour y abattre de sang-froid d’anciens camarades et professeurs. Le jeune homme choisira ensuite de se suicider.
Si Lars Norén choisit ce fait divers, ce n’est pas pour le plaisir de mettre en mots une histoire sordide. C’est que ce « faits divers » n’en est pas un. C’est un objet, un acte, qui met en contradiction une société qui se veut être la grande protectrice de ses enfants. Se battre pour débattre.
Jacques David
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris