Présentation
Entretien avec
Stéphanie Aubin
Une pièce bien à l’image d’une compagnie dont le désir est de ne pas se contenter d’un studio pour travailler, mais de s’ouvrir sur l’extérieur, d’investir une ville, Reims, de s’enrichir d’échanges avec les habitants/spectateurs.
Ex’Act est une pièce en pièces détachées. Treize courtes chorégraphies, qui, à peine nées, sont sorties dans les rues, puis se sont retrouvées sur le plateau pour un grand remix collectif. Treize instantanés chorégraphiques ; 5 solos, 3 duos, 3 trios, 1 quatuor, 1 quintet, tous construits individuellement. Sur le plateau, lieu des déflagrations et des surprises, les treize pièces se sont contaminées, traversées au gré des imprévus de la rencontre.
Ex’Act construit un pont entre le studio et la rue et fait se conjuguer la danse fluide et précise de Stéphanie Aubin et de ses danseurs, au singulier et au pluriel.
Françoise du Chaxel : A ton initiative en 1994 et 1996, se déroulait un ensemble de manifestations intitulées l’Art en Scène ou l’intimité de la création se partageait avec le public. Tu dis que cela a été à l’origine de ton projet pour la Scène nationale que tu diriges maintenant, le Manège de Reims. Pourquoi cette référence ?
Stéphanie Aubin : L’envie qui avait motivé l’Art en Scène, ou le spectateur pouvait pénétrer dans la trame des œuvres chorégraphiques et dialoguer avec les artistes, est en effet la même que celle qui m’a poussée à postuler à la direction d’un lieu pluridisciplinaire comme une scène nationale. Prendre mes responsabilités en tant qu’artiste et en temps que citoyenne, partager avec les gens, provoquer les rencontres, inscrire l’art contemporain dans la vie. C’est parce qu’il y a eu l’Art en Scène qu’avec mon équipe je peux mener à Reims ce combat joyeux. J’avais proposé l’Art en Scène au Théâtre de la Cité internationale par amour pour l’utopie de la Cité, ce lieu de rencontre des différences et par affinité avec l’équipe du Théâtre.
F. C. Tu as trouvé ta famille dans la post-modern danse américaine mais tu as besoin de rencontres et de frottements avec les autres disciplines. Dirais-tu que danser c’est dialoguer avec les arts du présent ?
S. A. D’abord il y avait le besoin de se confronter à l’autre. Les post-modern ont rendu son autonomie à la danse. C’est parce que nous avons appris à danser dans le silence que nous avons pu ensuite dialoguer avec la musique. Rencontrer les autres arts c’est se remettre en question, s’interroger sur la friction.
F. C. Ex’Act, pièce que nous verrons cette saison, est liée à ton désir de faire se confronter une oeuvre en cours de réalisation au public dans la ville.
S. A. Je voulais faire tomber les barrières entre le plateau et la vie. Il y a eu onze rendez-vous d’une semaine où j’ai travaillé avec les danseurs sur des solos, des duos, des trios...Lorsqu’un module était fait, il allait se nourrir à l’extérieur. On s’est tous retrouvés juste avant la première.
F. C. Quel est le rapport particulier que tu entretiens avec un lieu dans lequel tu reviens régulièrement comme le Théâtre de la Cité internationale?
S. A. C’est comme de se retrouver dans une maison de famille. Une relation de fidélité s’est créée. Quand je suis dans ce théâtre, je sais que j’y suis pour de vraies raisons, autour d’une entente sur les vrais enjeux de l’art contemporain vivant.
17, boulevard Jourdan 75014 Paris