En remettant son corps en marche à travers la danse flamenca, Stéphanie Fuster écrit souverainement son histoire de danseuse et de femme. Avec la complicité de Fanny de Chaillé, elle se joue des apparences et signe un solo libérateur.
Celle qui marche c’est Gradiva, figure d’un bas-relief antique que nous connaissons tous pour l’avoir croisée dans nos livres d’histoire. La danseuse Stéphanie Fuster l’a redécouverte chez les surréalistes, puis dans un musée du Vatican, enfin sous la plume de Jensen et de Freud. Elle a été saisie par sa grâce et sa détermination au point de vouloir « se nourrir de sa présence et marcher dans son sillon ».
Après avoir fait le tour du monde avec le portrait dansé qu’Aurélien Bory avait composé sur et pour elle, Questcequetudeviens? présenté au Monfort en 2016, Stéphanie Fuster poursuit avec Gradiva, celle qui marche, sa recherche sur le flamenco, cet art si codifié qu’elle maîtrise à la perfection, transforme, déconstruit et recompose inlassablement.
Le personnage de Gradiva devient son allié dans cette entreprise. Comme la danseuse de flamenco, elle cristallise dans sa démarche une conjugaison du féminin et du masculin, érotique et tragique, elle est présente et pourtant toujours absente, elle catalyse tous les regards.
Stéphanie Fuster donne chair au fantasme de cette femme extraordinaire en même temps qu’elle regarde amusée et incrédule celle qu’elle est finalement devenue. Elle se propose d’en découdre avec la fascination que le flamenco produit sur elle et sur le public. En remettant son corps en marche à travers la danse flamenca, Stéphanie Fuster écrit souverainement son histoire de danseuse et de femme. Avec la complicité de Fanny de Chaillé, elle se joue des apparences et signe un solo libérateur. Tout défaire, dépecer, déshabiller, montrer, éclairer, pour voir ce qui demeure de l’énergie et de l’ardeur. Un spectacle comme une renaissance !
106, rue Brancion 75015 Paris