Spectacle en bulgare surtitré en français.
Fondé à Sofia par Margarita Mladenova et Ivan Dobchev, le Teatro Sfumato se conçoit depuis 1989 comme un « laboratoire artistique d’innovation théâtrale ».
La trilogie Strindberg qu’ils proposent est typique de leur volonté d’aborder le répertoire par un travail approfondi sur un corpus de textes ou sur un auteur. Comme ils l’avaient fait notamment avec l’œuvre de Tchékhov, Margarita Mladenova et Ivan Dobchev creusent aujourd’hui l’univers de Strindberg, révélant son œuvre en l’excavant, l’envisageant comme annonciatrice d’une humanité contemporaine en passe de saper ses propres fondations. Pour Sfumato, le théâtre de Strindberg, puissant révélateur de ce qui est occulté ou oublié, est une mise en garde contre l’amnésie.
Le Chemin de Damas, entamé en 1898, forme dans l’œuvre de Strindberg une manière de parenthèse « mysticonirique ». En trois parties, cette « fiction ayant en arrière-plan une terrible demi-réalité » (Strindberg) raconte comment un écrivain célèbre égaré dans une ville étrange va, au prix de maintes épreuves et visions, atteindre une forme d’illumination.
À partir de ce matériau, Ivan Dobchev et Georgi Tenev ont voulu proposer « une pièce d’aujourd’hui », et à travers elle un portrait de l’artiste en visionnaire. Envisageant Damas comme un point de non-retour imaginaire, métaphore de l’inachevable et de l’inaccessible, donnant aux « peurs » et aux « cauchemars » de Strindberg une résonance extra-lucide, terriblement contemporaine, ils font de cette quête de l’absolu un voyage sans retour dans la psyché de notre civilisation.
Ce spectacle constitue la conclusion d’une trilogie consacrée à Strindberg que le Teatro Sfumato a abordée comme une « expédition spirituelle dans un territoire rempli de mystères ». Leur intrusion dans le monde de Strindberg possède, en fin de compte, des vertus révélatrices, dans tous les sens du terme : elle incarne l’idée d’un théâtre qui, comme l’a écrit le philosophe Boyan Mantchev à propos de la démarche de Margarita Mladenova et Ivan Dobchev, « serait un lieu du risque et du danger ».
Par le Teatro Sfumato, Sofia, d’après August Strindberg.
Musique : Assen Avramov
Vidéo : Lubomir Mladenov
76, rue de la Roquette 75011 Paris