Swann s'inclina poliment

Revisiter Proust brillamment en mangeant des Curly..., c'est possible et c'est l'oeuvre d'une jeune compagnie hyper douée. Un moment délicieux.
Revisiter brillamment Un amour de Swann de Marcel Proust en mangeant des Curly..., c'est possible et c'est l'œuvre d'une jeune compagnie hyper douée. Un moment délicieux !

  • Un classique

Swann s’inclina poliment est une variation pour notre temps autour d’Un amour de Swann de Marcel Proust, autant merveilleuse peinture de la jalousie et du sentiment amoureux que description précise d’ascensions sociales, qui ne sont le fruit que de volontés et d’instincts individuels.

Soit : le monde tel qu’il devrait être contre le monde tel qu’il est, les sentiments exquis de la classe dominante contre les combats féroces de ceux qui veulent en être.

  • Un amour de Swann

Dans Un amour de Swann, le richissime Swann, fils de financier, juif, est accueilli avec respect et exaltation dans les plus hautes sphères de la société de la belle epoque, il décide, par un geste volontaire, de renouer avec son passé d’artiste, en se forçant à aimer la jeune Odette de crécy. D’Odette, on ne sait pas grand chose, si ce n’est qu’elle est un peu plus qu’une prostituée, beaucoup moins qu’une grande dame, qu’elle n’est pas intelligente, et surtout loin du genre que Swann a coutume d’aimer. Mais pourtant, de l’amour, il sera question. Un amour de Swann en est le récit, dont les motifs s’entrelacent avec les boucles musicales de la sonate de vinteuil, cette musique imaginée par Proust qui offre à Swann d’abord l’envie d’être amoureux, lui révèle ensuite le danger de l’amour, lui découvre enfin l’impasse à laquelle sa passion pour Odette le mène.

Dès lors, Un amour de Swann se lit comme l’histoire d’un amour malheureux qui préfigure une révélation, celle que l’examen de notre vie, même cruelle, nous permet d’appréhender l’essence de la condition humaine. On peut pourtant enrichir le roman d’une autre lecture. Un amour de Swann se situe, sociologiquement, à la croisée de deux classes : l’aristocratie et la haute bourgeoisie. Au moment où la première, certaine de garder sa primauté, s’en va inconsciemment laisser définitivement sa place à la seconde.

Le cadre historique ? celui de la belle Époque. soit une société où les revenus du capital sont presque égaux à ceux du travail, où le simple labeur ne permet pas de bien gagner sa vie, et où un patrimoine qu’on saura faire fructifier est le seul garant d’une vie confortable. le monde de Proust est un monde de classes, hermétiquement closes. l’ascension sociale ne s’y produit pas. Ou seulement par trois moyens : la mondanité, l’art et le mariage.

Dans Un amour de Swann, Proust initie, derrière l’histoire d’amour, la trajectoire de trois êtres qui décident, seuls, de réussir. et qui vont atteindre, puis renverser la société toute puissante qu’ils convoitent, et c’est ainsi qu’on choisira de lire Un amour de Swann.

Autan merveilleuse peinture de la jalousie et du sentiment amoureux, que description préçise d'ascenssions sociales qui ne sont le fruit que de volonté, de trajectoires, d'instincts individuels.

Et ces deux pans, la peinture amoureuse et la description d’une société, nous intéressent aujourd’hui au plus haut point. Dans le capital au XXIème siècle , Piketty montre comment notre système s’apparente à celui de la belle epoque, étanchéité des structures de classes, primauté des revenus du capital sur ceux du travail. et comment donc la société proustienne, dépourvue de tout point de fuite politique, est, sur de nombreux points, semblable à la nôtre.

Un amour de Swann est le manuel contemporain et amoureux de nos ascensions sociales.

  • Scénographie

Au fond du plateau, une rangée de praticables surélevés. Posés sur ces praticables, des plantes vertes, grasses, petites, grandes. Derrière cette rampe : une rangée de tubes fluorescents verticaux s’allument, se teintent, se graduent, s’éteignent. Devant, proche des spectateurs, un banc. Partout, des oiseaux empaillés au milieu des plantes. Le plateau n’est pas juste la salle à manger des verdurin, c’est aussi le jardin d’hiver des maisons bourgeoises de la belle Époque : serre trop chauffée, étouffante, hammam végétal où se déshabiller, se perdre dans les senteurs vénéneuses, étreindre les serpents.

À la fois jardin d’eden originel, jungle impitoyable et installation exotique pour parisiens blasés. À jardin, les musiciens. À la fois figurants payés par Madame Verdurin pour animer ses soirées, à la fois moteurs sensibles du drame proustien.

  • Adresses

Madame Verdurin converse avec ses invités. C’est gai, un peu vulgaire. Se donne à voir, sous le regard perplexe du public, une mondanité bas de gamme. le public est ramené à son rôle de juge : comme Swann, il est le prescripteur, celui qui renvoie le clan des verdurin à sa méconnaissance des codes et à son inanité, et puis les personnages expliquent au public ce qu’il va ressentir.

Les acteurs sont à la fois protagonistes du drale et maîtres du jeu. À la fois parties et juges. Rouages actifs dans la machinerie qui joue contre Swann.

Ils alternent donc de manière très simple entre scènes dialoguées sur une banquette et adresses au public ( souvent au micro) reprenant la prose proustienne.

  • Musicalité

Outre Elstir, Odette et Madame Verdurin, deux autres personnages occupent le plateau : les musiciens. Invités phares de la soirée des Verdurin, ils jouent d’abord au piano et à la guitare des airs de la fin du XIXème, essentiellement satie.

Mais peu à peu, les instruments cèdent leur place à des sons plus abstraits. C’est alors la fameuse sonate de vinteuil que le musicien fait entendre : celle qui rythme tout et qui annonce à la fois la nécessité de l’amour, et la souffrance qu’il va induire.

Tout le long de la pièce, les motifs musicaux produits sur scène par les musicien reviennent, déformés, amplifiés, et c’est là encore une atmosphère de songe éveillé qui s’étend sur le plateau. la promenade dans le bois de boulogne où Swann délire de jalousie est accompagnée durant quinze minutes d’une reprise pour guitare et piano de la danse macabre de Saint-Denis.

  • La presse en parle

« Dans une très belle atmosphère feutrée, sur fond d’orchidées et autres fleurs érotiques, Swann s’inclina poliment pose un regard théâtral bien intéressant sur l’oeuvre de Proust. » Le Monde

« On aimerait entendre encore longtemps cette petite sonate de Vinteuil, si belle, si cruelle, à mordre encore dans cette madeleine exquise, à se laisser avoir par ce pastiche si réussi de la vie. » Mediapart

« Modernisée, la prose proustienne nous parvient dans toute sa beauté et son intelligence. » La Terrasse

Sélection d’avis du public

très bonne adaptation i Par Auguste B. - 30 mars 2019 à 23h20

nous sommes invités dans le salon de madame Verdurin, on rit, on est ému, on ne s'y ennuie pas. Courez y vite !

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très bonne adaptation i Par Auguste B. (1 avis) - 30 mars 2019 à 23h20

nous sommes invités dans le salon de madame Verdurin, on rit, on est ému, on ne s'y ennuie pas. Courez y vite !

Informations pratiques

Théâtre de Châtillon

3, rue Sadi-Carnot 92320 Châtillon

Accès handicapé (sous conditions) Bar Grand Paris Hauts-de-Seine Restaurant
  • Métro : Châtillon-Montrouge à 2 km
  • Tram : Parc André Malraux à 430 m
  • Bus : D'Estienne d'Orves - Division Leclerc à 100 m, Mairie de Châtillon à 213 m, Centre de Châtillon - Marché à 245 m, Parc André Malraux à 314 m
  • Voiture  : De la Porte de Châtillon : direction Versailles. Dans Châtillon : direction Centre Ville puis Mairie.

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Plan d’accès

Théâtre de Châtillon
3, rue Sadi-Carnot 92320 Châtillon
Spectacle terminé depuis le vendredi 19 avril 2019

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