Hommage d’un plasticien renommé à une grande dame de la création musicale contemporaine, Systema Occam illustre avec une délicate sensibilité ce que l’art peut inspirer à l’art. Xavier Veilhan, l’homme qui a imaginé un bestiaire monumental, investi le château de Versailles ou encore suspendu des mobiles géants à la verrière du Grand Palais, tombe en arrêt à l’écoute d’une pièce d’Éliane Radigue. L’œuvre lui parle, il veut lui offrir le témoignage de son émotion.
Entre le plasticien à la pointe de la modernité et la compositrice, pionnière de la musique électronique et aventurière du son, le courant passe. Elle livre à son admiration Occam I, sa première pièce pour harpe solo, composée en 2004. Il ouvre pour le spectateur une voie silencieuse vers l’œuvre, grave et envoûtante. Prélude en forme de petites scènes fragmentées, gestes du rituel et du quotidien ou trucages perceptifs, rameur insolite, cérémonie du thé, pendules lumineux, autant d’images réfractées d’un choc esthétique, la création visuelle entraîne le public puis s’efface pour laisser s’élever le son de la harpe, magnifié par le jeu de Rhodri Davies.
Intemporelle et souveraine, la modernité de la compositrice s’impose dans une fascinante succession de sons, flots continus d’ondes sonores entremêlées, voyage hypnotique dans la complexité du jeu harmonique, sa signature musicale. Rencontre par œuvres interposées inédite dans le champ de Newsettings, Systema Occam est un dialogue insolite entre deux artistes, dialogue qui relève de la dilatation d’un temps où se fondent les univers des deux créateurs, celui qui interroge l’espace et celle qui sculpte l’espace sonore.
Vous avez travaillé avec Air et Sébastien Tellier, et maintenant Éliane Radigue. Qu’est-ce qui vous pousse ainsi vers la scène ?
C’est une approche assez pragmatique du spectacle. En tant que spectateur, et je parle de spectacle au sens large, y compris le clubbing par exemple, ce qui me séduit c’est d’avoir des expériences très physiques que l’art visuel ne peut pas vraiment apporter. Bien sûr l’oeil, la vision ont une physicalité propre, mais il y a une puissance dans le sonore, la vibration, la musique qui reste inaccessible aux outils visuels. Il est donc intéressant de mêler les deux pour atteindre un environnement total, un environnement qui mettrait en oeuvre une variété de sens.
Le but est de sortir de la solitude de l’objet dans son cube blanc ?
L’objet d’exposition n’est pas indépendant de la météo, du moment de l’année, du pays où l’on est, de la proximité du public. L’art est modifié, traversé par tout ce qui n’est pas de l’art. Le but de mon travail est d’inscrire quelque chose dans le spectateur, que je ne pourrais jamais visiter ou vérifier mais qui s’inscrit en lui avec une sorte de dynamique. C’est un peu violent de comparer cela à la balistique mais il faut quand même viser, chercher un certain effet et comment l’obtenir.
Pourquoi avoir choisi de travailler avec Éliane Radigue, qui appartient à un univers musical assez différent de ceux de Air ou Tellier ?
Je travaille régulièrement avec Charles Aubin qui, connaissant mon intérêt pour Air et Tellier mais également mon goût pour un certain minimalisme ainsi que pour les pièces de Dutilleux, m’a conseillé d’écouter les compositions d’Éliane Radigue. Ce que j’ai fait car j’aime qu’on me donne des idées. Elle fait une musique assez proche de celle de La Monte Young par exemple, mais plus européenne, plus proche de moi et surtout plus radicale. Elle semble travailler sur une matière originelle : l’onde, la fréquence. C’est un peu comme le bourdon de la musique du Moyen Âge. Il y aussi ce sentiment de monotonie que dégage sa musique et que j’aime beaucoup.
Eliane Radigue va composer une pièce spéciale pour Systema Occam ?
Non, la pièce était écrite avant la création du spectacle. Il s’agit d’OCCAM I, une pièce pour harpe difficile d’accès et très radicale. Elle est entièrement entre les mains de Rhodri Davies qui va l’interpréter car c’est comme cela qu’Éliane Radigue travaille. Elle n’écrit pas sa musique mais la transmet oralement. Une fois qu’elle a accordé sa confiance à un interprète, ce dernier est libre : il peut par exemple faire varier la longueur de la pièce à chacune de ses interprétations. La musique que j’utilise est une pièce pour harpe, mais cet instrument classique est revisité par Éliane, comme elle le fait souvent, sans doute parce qu’elle vient de la musique électronique : le musicien utilise ici deux archets. C’est très linéaire, mais cette linéarité est brisée par des épiphanies, des « accidents sonores » dont on n’est pas très sûr de comprendre d’où ils viennent et qui questionnent la perception. Je dirais qu’écouter cette musique c’est comme fixer la ligne d’horizon pendant très longtemps. […]
Comment s’effectue le mariage entre le visuel et le sonore ?
Tout le dispositif a été conçu pour préparer le spectateur à une expérience d’écoute. La première partie est muette et cherche à plonger le spectateur dans une certaine disponibilité, une certaine ouverture qui le laissera ensuite plus libre de contempler la musique.
Vous amenez sur scène un certain nombre de sculptures ou d’objets.
Tous mes spectacles sont dérivés de ma pratique d’artiste. Comme si je scénarisais les objets qu’on peut voir dans mes expositions. Il y a des mobiles, des pendules, des balanciers, des objets tenus et d’autres suspendus. Il y a, par exemple, la reproduction d’un mouvement d’horlogerie qui permet de transformer la rotation en à-coups, en somme de transformer une représentation classique de la durée en un mouvement normé. À ces objets, je fais subir des séries d’actions : assemblages, constructions, déplacements. C’est proche de la danse, d’une danse située quelque part entre la danse folklorique et la gymnastique. L’intérêt n’est pas que le danseur fasse quelque chose qu’on ne sache pas faire. Le but est au contraire de provoquer une identification. C’est une danse de la continuité, sans virtuosité. Une suite de petites actions qui tournent autour des idées de fréquence, d’onde, de durée, de rotation et qui, encore une fois, doivent introduire l’écoute.
Mais quand même dansées par des danseurs ?
Non, ce sont des amis, pas des professionnels du spectacle. Des gens qui ont une certaine plasticité, des gens que je trouve beaux. J’ai voulu faire un spectacle où la beauté est importante, où la peau est désirable. Très souvent, quand je vais voir un spectacle, c’est la beauté d’un interprète qui compte ou qui me touche. Et je voulais réintroduire cette notion de beauté. C’est une question presque taboue, aujourd’hui, j’en ai conscience en tant qu’artiste. Mais je voudrais faire des oeuvres où cette question de la beauté soit reposée, des oeuvres avec une dimension érotique, sensibles aux matières, aux textures. Retravailler cette sensualité que je trouve aussi à l’écoute de la musique.
Entretien réalisé par Stéphane Bouquet, juin 2013
D'une suffisance rare, aucune recherche musicale, d'une vacuité sans nom. Si vous cherchez à perdre 1h de votre vie, foncez voir cette chose. Pour les autres, passez votre chemin !
Une expérience malheureuse et... pénible. A fuir
Un spectacle qui mériterait une salle adaptée, ou que la troupe s'adapte à la salle ? Un mot : pédant.
Pour 2 Notes
D'une suffisance rare, aucune recherche musicale, d'une vacuité sans nom. Si vous cherchez à perdre 1h de votre vie, foncez voir cette chose. Pour les autres, passez votre chemin !
Une expérience malheureuse et... pénible. A fuir
Un spectacle qui mériterait une salle adaptée, ou que la troupe s'adapte à la salle ? Un mot : pédant.
17, boulevard Jourdan 75014 Paris