Théâtre Précipité #6

Lyon (69)
du 17 au 25 octobre 2003

Théâtre Précipité #6

  • De : Hajar Bali
  • Mise en scène : Nathalie Veuillet
  • Avec : Nadyne Chabrier, Simon Marrozzi, Selena Hernandez
Les textes de Hajar Bali nous entraînent dans une quête. Spiritualité, quotidienneté se tamponnent et se bouleversent. Ses personnages ne font aucune concession à leur destinée. Ils la questionnent, la malmènent, la trichent, peut-être en vain. Il est question d’atmosphère, de trouble, d’absence, de disparus…
La rencontre de deux femmes
Oser réconcilier deux pensées
Un espace poétique et violent

Une démarche artistique évolutive et interactive
Historique de la Cie
Le cheminement jusqu’à Théâtre Précipité #6

#1 à #4 : « Abîmes »
#5 : Travail sur le Quartier de la Soie à Vaux-en-Velin

Extraits

Deux femmes de part et d’autre de la Méditerranée : Nathalie Veuillet, metteur en scène de la Cie Là Hors De à Lyon et Hajar Bali, auteur algéroise.
Deux parcours de vie, deux expressions, mais une même recherche et exigence artistiques, se rencontrent en avril 2002 à l’Institut National des Arts Dramatiques d’Alger où Nathalie Veuillet était invitée à mettre en scène « les Adieux » d’Habib Ayyoub.

Elles se retrouvent à l’automne de cette même année 2002 aux Subsistances à Lyon où Hajar Bali est invitée en résidence d’écriture.
Cette complicité artistique forte, se tisse, incandescente depuis lors, et aboutit en septembre 2003 à deux mises en forme de « restitution » aux Subsistances dans le cadre de la suite de la résidence.

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Dans ce monde construit à l’écart du vivant, du mouvant, du senti, dans ce monde de plus en plus sophistiqué, érigé par le discours des hommes, enfermés dans le champ de leur pensée logique et froide, qui nourrit la violence contre tout ce qui perturbe son bon fonctionnement, l’étranger, le différent, l’impur, se parlent la dureté et l’intransigeance.
Cet esprit de marchandisation, émanations d’une pensée unique -culture intellectuelle occidentale- impose sa volonté de toute puissance mondiale. Face à lui se dressent en rebelles haineuses et meurtrières, les intégrismes passéistes et passionnés de civilisations qui puisent encore leur pouvoir dans des formes fumeuses magiques et frelatées.

Se lève l’âme vibrante que les artistes paient cher de vouloir tenter de sauver, celle d’une spiritualité, intuitive, inspirée par le corps, la vie, les femmes. Celle qui féconde, qui mobilise l’énergie pour unir le penser, le sentir et l’agir dans un même geste créateur.
C’est peut-être dans cette articulation que se sont retrouvées ces deux femmes, dans une fraternité coopératrice, en s’appuyant sur l’art des mots, de la lumière et de l’image

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Mais c’est un autre défi qu’elles se donnent pour plusieurs rendez-vous à la Platte. Une collaboration ambitieuse, au cours desquelles elles pourront rendre compte de l’évolution de leur dialogue, de leur quête commune, de leur exploration de cet espace poétique à partir de deux textes principaux, Testament et Détour.

Un univers symbolique,
Une femme est accroupie au centre d’un tapis d’oranges,
Un homme est debout les pieds nus dans une piscine de sable,
Sur les images la tortue guette tandis que la femme à quatre pattes mange la salade qui clairsemée sur le sol lui indique le chemin.
Sur les images les pierres saignent tandis que l’homme s’emmure vivant…

Un homme dont l’itinéraire devient une fuite ? une errance
et une femme au quotidien tragiquement bouleversé.
Ces personnages ne font aucune concession à leur destinée.
Ils la questionnent, la malmènent, la trichent, peut-être en vain.
Ils essaient de se réapproprier le sens profond de leur vie,
le sens profond du chemin parcouru, du chemin à parcourir.

Tout est suspendu à un souffle, un mot à dire, urgent de sens, encore un… Tout est suspendu à une pensée intérieure, un pas, encore un… Tout est suspendu à notre regard, un autre, un de plus…

Ici certains fragments de textes son traduits en arabe littéraire et dialectal et les voix, comme un chant, imprègnent le spectacle de leurs musicalités poétiques.

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Historique de la Cie
La Cie Là Hors De existe depuis 1992 et rassemble une vingtaine d’artistes pluridisciplinaires (auteur, metteur en scène, comédiens, danseurs, plasticiens, vidéastes, photographes, compositeurs, musiciens et autres performeurs).
Une Cie hors des murs, des académismes formels et des institutions classiques, mais présente sur de nombreuses actions : création théâtrale contemporaine, recherche esthétique plurielle (lumière, corps, vidéo, voix…), action citoyenne, formation des publics, échanges internationaux, travaux et débats collectifs.

Les actions culturelles de la Cie s’inscrivent dans un dispositif partenarial au cœur des problématique sociales des différents quartiers où elle est intervenue, à la rencontre de nouveaux publics. Les actions artistiques se pensent dans une expérimentation esthétique pluridisciplinaire et intègrent les nouvelles technologies visuelles multimédia à un spectacle vivant toujours actualisé dans un contexte du lieu.
Nathalie Veuillet, le Directeur artistique de Là Hors De, conduit son travail autour de plusieurs pôles : des performances en prises directes, une action au cœur de la jeune création contemporaine, une formation et intégration des publics par des interventions artistiques dans la cité.

Le cheminement jusqu’à Théâtre Précipité #6
Depuis deux ans la démarche de création de la compagnie Là Hors De a été baptisée Théâtre Précipité, au sens alchimique du terme.
Le point de départ de ces performances, nommées chronologiquement par leur numéro de présentation publique, est d’abord un texte poétique, philosophique, en constante évolution, et qui questionne nos valeurs d’identité et d’appartenance culturelle et spirituelle.
La mise en acte (souvent interactive) de ces performances théâtrales pluridisciplinaires mêle gestes, corps, voix comme matières premières d’une expression « cathartique », qui entraîne les spectateurs à trouver un sens au-delà des émotions. Le travail de le lumière et du son (créations originales), sont des médiateurs plastiques, garants de la cohésion finale.
Enfin l’image et les effets vidéo/multimédia ne sont pas convoqués comme éléments de « décor » mais en tant que personnage à part entière, interpellant le travail des acteurs.

#1 à #4 : « Abîmes »
En faisant abstraction d’un contexte géopolitique clos qui aurait eu pour unique objet le conflit israélo-palestinien, la compagnie Là Hors De, à l’occasion d’Abîmes , 4 chantiers de performances publiques autour de la notion de « conflit », reprenant ainsi le terme dans son sens le plus universel, invente donc un « théâtre précipité » au sens chimique du terme, un travail restitué et évolutif (sur un texte, oratorio contemporain de Mickaël Glück en plusieurs langues -arabe, hébreu, allemand, français-).

Les textes, en fonction des réactions du public, ont subi plusieurs phases de transformations et de travail, faisant émerger les concepts de traces, langues, oubli, transmission… retravaillées à chaque présentation, ces performances catalysent des émotions fortes par ce travail original sur les voix, le corps et la lumière.
A travers ce processus d’écriture évolutive, les différentes activités de la compagnie (musique, court métrage, performances sans texte) ont été convoquées pour fusionner et finalement se fondre dans un même univers.

#5 : Travail sur le Quartier de la Soie à Vaux-en-Velin
Depuis une année environ, la compagnie a entamé un travail sur le Quartier de la Soie à Vaux-en-Velin : une résidence avec une population multiethnique pour la production de « vous êtes un événement » en préparation de Théâtre précipité #5.
Dans ce quartier qui a subi de multiples vagues d’immigration, la compagnie a pu recenser 52 nationalités parmi les habitants.
A partir des multiples expériences de ceux-ci, Là Hors De a travaillé sur le futur et le devenir du quartier, notamment grâce à des éléments du passé, par le biais de la collecte de témoignages et la sensibilisation des habitants. L’expérience s’est scindée en 2 étapes : d’une part, la captation sonore et visuelle, puis d’autre part, le traitement des matériaux.

L’aboutissement de leurs travaux sera présenté au mois de septembre 2003, pendant les Journées du Patrimoine, et réunira les habitants du Quartier de la Soie et la compagnie Là Hors De, autour d’un événement multimédia, voire hybride. En 2004, Art dans la Place à Vaux-en-Velin accueillera également l’événement.

Théâtre Précipité 6# apparaît donc comme un précipité de plusieurs solutions : Abîmes en constitue les 4 premiers volets et le Travail sur Vaulx-en-Velin le cinquième. Et puis à un moment quelque chose se cristallise : Théâtre Précipité #6 … Et quelque chose permet la cristallisation : la rencontre avec Hajar Bali !

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Hier, il jouissait de sa douleur comme d’une profondeur exquise : il s’inventait la nuit.
Il ne supportait plus son existence.
Les hommes réunis autour du feu… morts.
Leurs globes tournés vers lui… comment les aimer ?
Il lui fallait piétiner bravement les rides sèches de son cœur, et sonder le gouffre sombre de son nombril…
Au delà, sur l’autre versant, un grand et inaccessible mystère comme faisant partie de lui le troublait…
Il résolut de s’en aller vers le désert : son âge de pierre.
Le désert fuyait dans un tourbillon de sable et les cimes des palmiers, implacablement vertes, régnaient sur les métamorphoses du temps.
« j’ai besoin de repos : celui des être en paix. »
Dans le noir silence, on psalmodiait. Le chant monotone, irrésistiblement, fondait en son âme et lui procurait une sensation étrange  : comme un désir de foi.
Il se souvint du présage et son cœur gagné par l’euphorie, intégra ainsi, comme une évidence le désordre universel. »

Extraits de Détour, Hajar Bali
écrit en résidence aux subsistances automne 2002
.

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Informations pratiques

Platte

32, rue René Leynaud 69001 Lyon

Spectacle terminé depuis le samedi 25 octobre 2003

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