Danseur remarquable, homme de troupe – il crée sa compagnie Illico en 2000 puis prend la direction du Centre chorégraphique national de Tours en 2011 –, Thomas Lebrun est l’une des écritures les plus affirmées de la danse française. La jeune fille et la mort, spectacle créé à Chaillot en 2012, en apportait déjà la preuve. Lied Ballet, sa nouvelle pièce, entend définir le terme même de « ballet », ce qu’il renferme, « ce qu’il nous a inconsciemment transmis, pour accepter la danse comme un plaisir, un divertissement, un langage, un acte politique, dans la narration ou dans l’abstraction ».
Bien décidé à « plonger dans une danse à vivre et pas seulement à penser », Thomas Lebrun réunit huit interprètes contemporains et choisit de travailler sur des lieder. « On peut remarquer, entre le lied et le ballet, deux évolutions différentes, voire inversées, mais dont les sources d’inspiration communes créent un lien rarement exploité. » Cette proposition en trois actes est étroitement liée aux choix musicaux. Notons la présence du ténor Benjamin Alunni et du pianiste Thomas Besnard (qui interprètent Alban Berg, Franz Schubert, Arnold Schönberg ou Gustav Mahler), sans oublier le compositeur David François Moreau à qui la compagnie a passé commande pour cette création. Thomas Lebrun voit un horizon dégagé, utilisant les textes des lieder comme livret pour « coller ou détourner le sens, s’amuser à transgresser la musicalité des mots et à s’immerger dans la musicalité du mouvement ». Lied Ballet est une réflexion sur l’appropriation du patrimoine chorégraphique et de ses codes, un hommage distancié interrogeant l’éloignement volontaire, « la confiance au corps dansant ».
Philippe Noisette
« Les corps, attirés par le sol, toujours à la limite de l’effondrement, ont les accents rigides du malheur. Le spectateur en frissonne d’effroi… (…) Thomas Lebrun signe quelques bijoux chorégraphiques, comme ces pas de deux de toute beauté. Le dialogue des corps, menés par de jeunes danseurs emplis de grâce, est éblouissant. » Marie-Valentine Chaudon, La Croix, 9 juillet 2014
« La franchise avec laquelle Lied Ballet (...) marque son territoire à grands pas nets et mouvements de bras, donne une idée de son appétit sans limites. Tout est bon, tout est possible sur le plateau qui secoue un panel d'humeurs et de styles. » Rosita Boisseau, Le Monde, 9 juillet 2014
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