Cette maladie a déterminé presque toute sa vie ; il était temps pour lui d’en parler, en mots et en jongles, précis, puissants. Rapport à son art, au temps, aux autres, à soi : Martin Palisse, jongleur virtuose, se dé-livre, avec humour et pudeur, dans un autoportrait qui le dépasse.
Trois balles, un rectangle de lumière blanche au sol, tel un couloir d’hôpital, et une bande son. Martin Palisse, pieds nus, raconte son histoire avec la mucoviscidose et ce en quoi elle l’a déterminé depuis l’enfance : en tout. La parole, directe ou enregistrée, s’articule avec ses mouvements, ceux de ses balles, minimalistes, techniques, esthétiques. Entre lenteur et accélération, il exprime la tension, l’incertitude, le poids de la maladie sur sa trajectoire de vie. Le jonglage, au plus près du public dans un espace bi-frontal, est physique, puissant, radical et le circassien pousse ce fameux corps jusque dans ses retranchements. Mis en scène avec David Gauchard, ce cirque de l’intime pose une question cruciale : un élément imposé qui nous façonne autant est-il finalement contingence ou nécessité ?
La pratique du jonglage, commencée à 17 ans, a permis à Martin Palisse de se projeter dans le temps. Longtemps en lutte « pour ne pas plier sous le poids du destin annoncé », cachant sa maladie, la traitant avec ironie et légèreté, Martin Palisse a eu besoin de la dire, maintenant qu’elle ne semble plus aussi menaçante à quarante et quelques années, lui qui ne devait pas en vivre plus de vingt. Il offre un spectacle hybride, très personnel, dans lequel il continue d’exprimer sa vision de son art : un objet abstrait, à l’opposé de l’esbrouffe, le point de rencontre entre jongler et marcher, entre le vertical et l’horizontal, entre le sacré et le social.
Les Granges de Port-Royal 78114 Magny-les-Hameaux
En voiture : A13-A12 • Sortie Saint-Quentin-en-Yvelines direction Guyancourt et Voisins-le-Bretonneux (30 min depuis la porte de Saint-Cloud)