Coup de cœur CONTEMPORAIN Le 1er janvier 2019
Didier Ruiz poursuit sa recherche artistique et politique d'un théâtre de l'humanité et met en scène des « non professionnels ». Ici, 5 femmes et hommes témoignent de leur transition et abordent avec pudeur et profondeur leurs parcours, leurs épreuves, leurs joies, ainsi que la réaction de leur entourage. Et d’intime et « en marge », leur histoire -bouleversante- renvoie à des questions universelles. Spectacle en catalan et castillan, surtitré en français.
Spectacle en catalan et castillan, surtitré en français.
Didier Ruiz poursuit sa recherche artistique et politique d'un théâtre de l'humanité. Après Dale Recuerdos accueilli en 2014 au Théâtre de la Bastille, il continue de mettre en scène la parole d'« innocents », comme il nomme les non-professionnels avec lesquels il travaille.
Trans réunit cinq personnes espagnoles ne se reconnaissant pas dans leur sexe de naissance ou dans leur identité attribuée. Leurs voix, leurs corps, leurs expériences témoignent de leurs places dissidentes dans une société binaire opposant les femmes aux hommes. Ils interrogent ainsi la norme, l'enfermement, la liberté... et notre capacité d'ouverture. Dans la vérité d'un temps présent et d'un espace partagé entre participants et spectateurs, Trans démultiplie la question du regard : de la scène à la salle et inversement, chacun pourra aussi bien s'étonner de l'autre que de lui même.
Et si on se regardait un peu plus dans les yeux ?
Elsa Kedadouche
« Les transsexuels sont des révolutionnaires, des figures de la résistance. » Jean Genet
« Ce qui touche le plus dans ces témoignages calmes, parfois douloureux, parfois cocasses, c’est la solitude qui se dit, malgré la joie de coïncider, enfin, avec sa vérité intime. Le spectacle de Didier Ruiz, à la lisière du documentaire (...) est exemplaire de tenue. » Joelle Gayot, Télérama TT
Une longue peine créé en avril 2016 tentait de raconter l’enfermement de celles et ceux qui ont connu la prison. J’ai envie de continuer à interroger l’enfermement, avec ceux qui ne se reconnaissent pas dans le corps avec lequel ils sont nés ou l’identité qui leur a été attribuée. La société, la culture, la famille, l’éducation nous obligent à être en accord avec notre corps, l’intérieur et l’extérieur doivent impérativement correspondre. Et celles et ceux pour qui il n’y a pas de correspondance, qui sont enfermés dans un corps étranger, qui rejettent l’identité de genre assignée ? Comment poussent-ils un cri pour se faire entendre ? Qui est là pour les entendre ? Avec quelle réponse ?
Leur choix est différent et nous les regardons parfois avec mépris ou pire, avec pitié. Ils nous ouvrent au contraire des mondes. Ils nous font sortir d’un système binaire, homme ou femme, qui n’a aucune valeur scientifique. Ils nous demandent de les regarder dans les yeux et non à l’entre-jambe. Ce sont des êtres humains et non des monstres. Où est la normalité ? Dans la dignité ou dans la curiosité malsaine ? Où est la monstruosité ? Dans la différence ou dans l’intolérance ? Ne sont-ils pas au contraire l’exemple absolu de la liberté totale ?
Depuis le début du travail, de nos rencontres, j’ai été frappé par la sérénité qui se dégage du groupe, par la conscience d’avoir atteint la liberté, d’être pleinement en accord avec eux-mêmes. Sans parler de leur extrême tolérance envers les autres.
C’est une rencontre, comme souvent, qui m’a fait réaliser à quel point ma vision avait des limites. En juillet 2015, au comptoir d’une salle de spectacle à Barcelone, une mère de famille me montre la photo de son fils qui s’habille en fille depuis plusieurs années. Elle me parle, avec une grande simplicité, de son engagement au sein d’une association de parents d’enfants trans. La prise de conscience de ma méconnaissance et de mon peu d’ouverture d’esprit à la multiplicité des genres a été immédiate.
Sur le modèle d’Une longue peine, sept participants parleront au plateau de leur expérience, de leur place dans la société. Les rencontres se font à Barcelone, « ville trans » comme le dit Lluis Pasqual. Ils parlent en catalan ou en espagnol suivant leur culture. La tournée en France sera surtitrée.
Loin des clichés et fantasmes de la nuit, j’ai réuni des participants de tous âges, qui ont une vie sociale, familiale et professionnelle assez ordinaire. Trois hommes et trois femmes. Certains ont entrepris leur transition depuis de nombreuses années, d’autres depuis peu. Clara vit sa transition en même temps que nous répétons. Elle a commencé au mois de novembre 2017. Toutes et tous ont un emploi : dessinateur, manutentionnaire, chauffeur de bus, coiffeuse. Le choix n’a pas été simple. J’ai rencontré trente-deux personnes pour en garder sept. J’ai rencontré beaucoup d’amour, d’engagement chez tous ces hommes et ces femmes dont certains avaient des parcours difficiles. Toutes et tous étaient admirables de dignité et de détermination.
Je travaille sur ce spectacle avec Tomeo Vergés, fidèle compagnon depuis 2011. Son regard de chorégraphe complète le mien dans une parfaite complicité. Son apport ici me semble essentiel pour accompagner et guider les corps. L’équipe technique se compose comme toujours des collaborateurs de la première heure, à la lumière, Maurice Fouilhé et, au son, Adrien Cordier.
Didier Ruiz
Y a-t-il une différence entre le sexe et le genre? Quel est la douleur ou le bonheur intime qui passe par notre genre? Le spectacle aborde ces questions avec pudeur et intelligence, à travers des témoignages qui donnent à réfléchir.
Pour 1 Notes
Y a-t-il une différence entre le sexe et le genre? Quel est la douleur ou le bonheur intime qui passe par notre genre? Le spectacle aborde ces questions avec pudeur et intelligence, à travers des témoignages qui donnent à réfléchir.
94, rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris