Trio

Stage de formation théâtrale : "Acteur Instrumental"

Le théâtre de Schaeffer est une composition ouverte que les comédiens doivent nourrir de leurs improvisations, de leurs propositions vocales et physiques. Leur disponibilité physique autant que leur disponibilité psychique sont requises par la création, ainsi que la maîtrise de tous leurs moyens instrumentaux, aimerait-on écrire à la suite de Schaeffer.

Urszula Mikos, ayant côtoyé l'œuvre de l’auteur lors de la création de " Quartette ", puis lors de deux stages Afdas et de quatre années d’ateliers de formation, se propose d’en interroger les partitions théâtrales les plus importantes. Sera ainsi définie une forme générale, bâtie à la manière d’un trio de musique de chambre.

Outre son unité de ton, et la caractère très construit de chacune de ces partitions, la cohérence de cet ensemble pourra tenir des thématiques mêmes de ces pièces : une réflexion systématique sur le langage et la codification même de nos attitudes les plus quotidiennes, une critique fine et ironique de la soif du pouvoir, de la démagogie, de l’égoïsme, de la jalousie ou de la délation. Ces schémas apparaissent de manière récurrente dans ces scènes, et sont interrogés et explorés de manière systématique.

Mais plus encore, le théâtre de Schaeffer tient son exceptionnelle cohérence de la conception même du comédien, que la mise en scène s’attachera à interroger et illustrer : un comédien à la fois instrument et instrumentiste, objet même de la dramaturgie, placé dans des situations qu’il doit explorer ou résoudre. Les personnages de Trio auront ainsi pour première tâche d’être là, de chercher à exister dans l’espace du théâtre; le drame consistant en leurs efforts et leurs tentatives de dialoguer ou de créer. Les conflits qui les animent appartiennent alors au dramatique au comique ou au poétique, suivant chacune des situations à laquelle ils sont confrontés ou qu’ils cherchent à résoudre.

Les moyens de jeu de l’acteur- qu’il s’agisse d’invention, d’émotion, de souplesse mentale ou corporelle- seront alors mobilisés et mis en question, avec ce que cela implique de dévoiements, de parodies ou de drames. Ainsi, le comédien amené au bout de lui-même, permettra au personnage de révéler toute son humanité.

Stage de 40 heures dirigé par Urszula Mikos et Jan Peszek. Du Mardi 18 au Vendredi 28 Janvier au Théâtre Le Proscenium - 2, Passage du Bureau (à la hauteur du 170, Rue de Charonne) 75011 Paris Métro: Alexandre Dumas. Informations et réservations: 01 40 09 77 19

Au fil d'une série d'exercices-créations, le travail visera la découverte des potentiels de l'acteur (corps, voix, émotion, invention) et le développement de la virtuosité nécessaire à leur mobilisation. Quelques textes de Tchékhov, Beckett, Schaeffer, etc... seront soumis à une recherche "instrumentale". Metteur en scène et formatrice, correspondante des ateliers M.Chékhov, Urszula Mikos a travaillé avec J.Grotowski, M.Prus, T.Kantor, N.Karpov, J.Peszek, P.Fomienko, M.Langhoff, B.Wilson.

Jan Peszek est l'une des figures marquantes du théâtre polonais aussi bien comme comédien et metteur en scène que comme formateur. Il fut comédien permanent au Théâtre National de Cracovie, le Théâtre Stary. Il a joué une centaine de rôles au théâtre, télévision et cinéma (récemment dans "Les Milles", production franco-polonaise) Il a reçu de nombreux prix d'interprétation. Depuis plus de quinze ans, il enseigne à l'Ecole Supérieure d'Art Dramatique à Cracovie et Varsovie.

Dans les années 70, il participa activement aux travaux de recherche du Groupe MV2 et tout particulièrement à celui de Boguslaw Schaeffer avec qui il défendit et expérimenta le théâtre instrumental. Schaeffer écrivit pour lui "Scénario pour un comédien instrumental inexistant mais possible" qu'il représenta avec succès en Europe, par exemple à l'Odéon, en Amérique et en Asie. Il associe régulièrement des stages de formation à ces représentations.

Jan Peszek se produira à l'Odéon Théâtre de l'Europe en Janvier 2000 dans "Les Frères Karamazov" d'après Dostoïevski dans la mise en scène de Christian Lupa.