À partir de 13 an.
Avec une nouvelle traduction, André Markowicz et Bérangère Jannelle signent ensemble une adaptation scénarisée de La Nuit des rois de William Shakespeare. Ils plongent ainsi la comédie dans une contemporanéité décalée au service d’une version « twistée » pour huit comédiens. Au son d’une musique suave, les protagonistes naviguent entre mélancolie post-naufrage et dépassement des genres. Une atmosphère au-delà des conventions nous fait explorer le nomadisme du désir.
Traduction d'André Markowicz.
Twelfth night n’est pas tout à fait La Nuit des rois, c’est plutôt une pièce scénarisée pour le théâtre tirée de La Nuit des rois. « Au départ il y a déjà plusieurs années, j’avais l’idée de monter La Nuit des rois mais théoriquement il fallait douze acteurs et les difficultés pour monter une telle production étaient impossibles à résoudre. Alors avec André Markowicz, on a eu l’idée de faire un film pour le cinéma qui serait très économique. Là aussi les choses étaient très longues à se mettre en oeuvre et mon désir était pressant. Nous avons eu une nouvelle idée : écrire une pièce scénarisée en vers, pour le théâtre : Twelfth night. À ce moment-là, toutes les libertés étaient possibles. What we will.
Twelfth night sera donc à notre mesure, pour huit acteurs et intègrera la plupart des répliques des personnages de la pièce versifiées au cordeau par André mais le scénario admettra aussi des coupes, des accélérations dramatiques, des ellipses, et des répliques d’acteurs qui glissent entre personnes et personnages. Le focus est mis sur les déplacements du désir et permet d’aller de champ en champ le plus loin possible dans la pièce de nos désirs. J’ai voulu réunir les compagnons de la compagnie (Rodolphe Poulain et David Migeot qui étaient dans Décaméron et une soirée chez les fox), Cyril Anrep (Amor ! ou les Cid, Amphitryon) et des nouvelles rencontres : un fou qui danse, Thomas Gonzales (rencontré avec Hubert Colas et Yves Noël Genod), Emilie Incerti Formentini (découverte dans les spectacles de Guillaume Vincent) pour Olivia ».
La Nuit des rois c’est une pièce fellinienne. Tout le monde est misérable dans son angoisse et drôle dans sa rêverie. Si on ne veut pas jouer on meurt. Jouer à quoi ? Aux rois, dans la nuit.
Une histoire d’amour (cul par-dessus tête)
Triangle du désir : Viola aime Orsino, Orsino aime Olivia, Olivia aime Césario mais Césario est Viola. Je désire l’autre, je désire le désir de l’autre, je désire dans le désir de l’autre. Le désir est au-delà de ce que qu’on peut imaginer. L’amour est encore au-delà de ce qu’on désire. Le délire est amoureux. Le monde est tel que l’amour le veut.
Mélancolie et vague à l’âme
Pièce sans pères. Pièce sans frères vivants. Pièce de noyés. Viola croit son frère mort au cours d’un naufrage auquel elle aurait survécu. Elle aime immédiatement Orsino qu’elle ne connaît pas mais elle se souvient que son père l’aimait ou qu’elle aimait quand son père en parlait. Le père d’Olivia est mort, elle porte aussi le deuil de son frère. Chacun porte le deuil des amours impossibles : Mélancolie. C’est difficile de grandir, c’est difficile de penser qu’on va mourir : Mélancolie. Le monde est tel que l’amour le veut.
Des jeux à nul autre pareil
Survivre au naufrage – c’est devenir un autre soi-même en jouant. Viola aime Orsino, elle se travestit en homme et devient Césario pour servir son dessein. Quel est le dessein ? Renaître nouvellement en ayant fait l’expérience de l’autre. Etre femme et être homme : chacun joue son contraire. Rien n’est ici conventionnel. Rien ne devient conforme. Rien ne se règle. C’est le manifeste de nouvelles générations qui se réinventent après le naufrage C’est le manifeste buté de jeunes adultes qui veulent que le monde reste aux enfants. Si tout redevenait normal à la fin, les filles avec les garçons, les garçons avec les filles, chacun avec son chacun, ce serait la fin du jeu et du désir : on sacrifierait aux apparences en dépit des apparences. C’est pourquoi, comme tous les rôles étaient tenus par des garçons dans le théâtre shakespearien, le jeu ne doit jamais finir. Ainsi, dans notre pièce, Viola ne redevient pas Viola mais Viola-Césario-Sébastien. Ce sont seulement différentes façons de s’aimer qui sont proposées. Le monde est tel que l’amour le veut.
llyrie : pays où l’on joue une drôle de musique faite d’abord d’anagrammes : Viola, Olivia, Orsino, Malvolio, Césario, Maria… puis de vers nobles dans les moments où l’amour se révèle comme dans les comédies musicales. Quand on dit des vers, on réenchante n’est-ce pas ? Le monde est tel que l’amour le veut.
Utopia : sortir de la mélancolie par l’imaginaire. Sortir du naufrage. Ce qui est véritable, c’est que le monde est amer et atroce, Ce pourquoi : le monde est tel que l’amour le veut. Ce pourquoi, on joue. On vacille, on tremble, mais on joue.
Dans l’Illyrie qui sauve du naufrage, on n’est jamais dans le merveilleux mais toujours dans un réel qui nous met le vague à l’âme, un peu drôlement. So what ? Je veux inscrire cette pièce dans le monde d’aujourd’hui. D’une génération à l’autre. Que faire du naufrage ? Voici le scénario : Olivia, Orsino, Viola sont réunis dans une arrière-boutique de pompes funèbres ; couronnes mortuaires et marbreries à la pelle, rubans funéraires qui s’emmêlent entre « à mon frère » et « à mon père », dossiers d’assurance décès portés par un Malvolio croque-mort … Un iPod sur une urne haute lance les musiques. Dans cet univers sensible et cocasse à la fois, ils sirotent de l’alcool, parlent, s’égaillent, vacillent et dansent. Toutes les répliques résonnent de façon inouïe : on sait avec quoi l’on joue ! Il faut sortir de la mélancolie ! what we will, we shake it !
Puis des tulles glissent devant les étagères encombrées et les lourdes tentures violettes plissées. C’est le lieu de la fête des rois qui se révèle, du déguisement, des chansons. Les acteurs lancent des confettis créant leur propre tempête, dessinent sur les murs de grandes algues phosphorescentes. Ce sera là un drôle de « navire night » aux parois flottantes qui traversera les eaux noires de la mélancolie. Le travestissement du deuil en fête insolente et lumineuse permettra de réinventer les visages du désir.
Puis l’espace se dépouillera encore, comme une peau supplémentaire qui tombe au cours de la mue, un déguisement que l’on défait, une trace de maquillage que l’on efface. Le noir du night-club, laissera la place au blanc absolu, à l’onirisme dépouillé, à la vérité sans fard, et peut-être à la résurrection ? Les costumes s’inscrivent directement dans l’imaginaire des personnages, comme leurs avatars fantasmatiques, de couleurs chaudes (jaune, orange, bleu pastel…). Ils ont une forte identité qui s’investit dans le costume et permettent de faire des gros plans sur des personnages. Malvolio, croque-mort cheveux plaqués sur le côté, canari jaune, puis albatros sublime qu’on empêche de voler dans l’océan blanc. Viola, tailleur féminin-masculin, puis tomboy à capuches bleu électrique croise Olivia en icône rétro-moderne, foulard 60’s et lunettes.
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
Navette gratuite Paris - Suresnes : Une navette est mise à votre disposition (dans la limite des places disponibles) pour vous rendre aux représentations du Théâtre.
Départ de cette navette 1h précise avant l’heure de la représentation (ex. : départ à 19h30 pour une représentation à 20h30), avenue Hoche (entre la rue de Tilsitt et la place Charles de Gaulle-Étoile), du côté des numéros pairs. À proximité de la gare Suresnes-Longchamp (Tram 2), la navette peut marquer un arrêt sur le boulevard Henri-Sellier (à l’arrêt des bus 144 et 244 (direction Rueil-Malmaison), 25 minutes environ avant la représentation. Faites signe au chauffeur.
La navette repart pour Paris environ 10 minutes après la fin de la représentation, et dessert, à la demande, l’arrêt Suresnes-Longchamp, jusqu’à son terminus place Charles de Gaulle-Étoile.