Exploratrice du moléculaire, Myriam Gourfink réfléchit au mouvement qui précède les gestes, à la circulation de l’énergie et la grammaire qui la fonde. Le temps se diffracte et impose la scansion d’une nouvelle dimension physique et esthétique.
Le compositeur Kasper T. Toepliz accompagne sur scène les danseurs.
(...) Et c’est cette sinuosité même qui ouvre à de nouveaux protocoles, à cette enquête presque scientifique du vivant, en tout cas dont l’exigence irrigue la scène de cette précision moléculaire. Ainsi de la nouvelle pièce de Myriam Gourfink, continuité d’un travail entamé il y a quinze ans, quelque chose revenu aux racines du mouvement mais plus encore, peut-être, à la chimie de ce mouvement. Depuis longtemps la chorégraphe a trouvé dans le yoga la grammaire de sa recherche : le souffle, la concentration, la sensation, qui serviront à l’écriture de la danse, mais aussi à sa mastication-digestion par les danseurs. Aussi ce qu’on perçoit, nous spectateurs, c’est ce même circuit nanométrique qui mène de l’énergie la plus vitale à la formation du geste. De là que ce n’est pas tant la lenteur qui caractérise les pièces de Myriam Gourfink que la diffraction même du temps, comme un saut quantique qui ouvrirait aux secrets de la matière. En quelque sorte, il se passe quelque chose d’énorme à l’intérieur des corps, et c’est cela, ce mouvement sismique qui soudain se montre dans les variations écrites de la danse, très écrites même, et comme rendues plus visibles encore par la musique de Kasper T. Toeplitz – non, pas la musique : la matière sonore, organique elle aussi, nappes flottantes qui augmentent à leur tour la folie exploratoire de la sensualité jusqu’à, donc, la saveur de la mastication. Après tout, de quoi relèverait l’intensité d’un art vivant, a fortiori d’un art « corporel », si ce n’était de cette attention démultipliée à l’épaisseur de nos sens, à la capacité surtout qu’ils ont de recevoir et traduire ce « quelque chose » qu’à toutes forces nous essayons de partager : une expérience de nous ?
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