Une Saison en Enfer est l’ultime combat d’un homme, d’une vie et d’une œuvre touchant sans cesse à l’absolu.
La conquête du sens est le combustible, dont chaque lecteur de Rimbaud garde à jamais en son esprit la brûlure. C’est cette expérience intime du texte que j’ai voulu rendre sur scène : la flamme mystique et celle du charnel associées. En référence à la Divine comédie de Dante, l’espace de création s’est fait Purgatoire, concentration d’un florilège fantasmagorique et mystique évocateur : l’ascension et le renouveau de l’âme.
Le texte nous plonge dans les entrailles d’un homme damné par la liqueur non taxée, de la fabrique de Satan. Il y a une expérience cathartique à être confronté à ce destin exceptionnel et tragique. De cette fusion d’une vie et d’une œuvre, dont la conquête du sens est le combustible, tout lecteur de Rimbaud garde à jamais dans son esprit la brûlure. C’est cette expérience intime du texte que j’ai voulu rendre sur scène. J’ai souhaité par le prisme du théâtre rendre la flamme mystique et celle du charnel associées. Comme espace de création j'ai choisi le Purgatoire, en référence à la Divine Comédie de Dante qui concentre ce florilège fantasmagorique et mystique, que nous évoque à plus d’un titre Une Saison en Enfer, sur l’ascension et le renouveau de l’âme. La question du déchirement mental et du reniement des valeurs chrétiennes est brûlante.
Dans ce cortège sans cesse en mouvement, j’ai choisi la rupture par un rythme où les silences et les respirations coexisteraient avec le poème. Dans cette préfiguration d’un langage réinventé, les lumières tamisées, proches de l’aube, obscures et chaudes à la fois font surgir des reflets évocateurs qui trompent le personnage, exposé sur une scène au miroitement indistinct. Ce personnage inconnu, ce Rimbaud dont le " Je est un autre " , incarné par Jean-Quentin Châtelain est ici entouré de trois masques sculptés légèrement en relief, symbole des trois Parques.
La rencontre de Jean-Quentin Châtelain, alors qu’il prêtait sa voix au poète Blaise Cendrars, frère de Rimbaud pour ce qui est de l’aventure et du voyage, m’a révélé l’instrument pouvant donner corps à cette expérience, capable de transmettre le mouvement, le rythme et les aspirations de cette œuvre exemplaire.
Ulysse Di Gregorio, metteur en scène
À partir de la poésie de Rimbaud, nous avons cherché à nous projeter dans un espace qui pourrait être les entrailles du monde, un espace de solitude et un espace de la pensée, qui apporterait profondeur à la voix, à la parole. Nous sommes dans l’esprit de Rimbaud, nous écoutons sa voix intérieure et ses mouvements d’âmes, ses souvenirs et ses désespoirs. Un espace mental, abstrait, mais composé de matériaux issus du quotidien de Rimbaud ou de ses souvenirs.
Nous avons souhaité une scénographie simple, qui laisse la place à la voix du comédien, mais qui puisse entrer en résonance avec les différentes thématiques traversée par le texte, qu’il s’agisse du voyage, de la mer, de la solitude, ou des enfers. Nous avons représenté un purgatoire, librement inspiré des gravures de Gustave Doré réalisée d’après les textes de Dante.
Un espace de seuil, une bouche des enfers, dernier espace où la voix se fait entendre avant d’être engloutie dans les ténèbres. Une terre sèche aux couleurs de l’Afrique, où Rimbaud a vécu ses dernières années, se perd dans le noir et isole cette bouche des enfers au milieu d’un désert infini.
Benjamin Gabrié
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris