Le texte de Jean-Charles Massera se présente comme le dialogue d’une femme inquiète du devenir-salarial de ses proches avec un chef d’entreprise soucieux de ne pas « finir sous l’contrôle des Coréens ». Il est en réalité la mise en échec de toute écoute, de toute entente, de toute discussion. La novlangue du discours médiatique, étrange hybride de jargon spécialisé, de lexique idéologisé, d’expressions répétées ad nauseam est physiquement et radicalement poussée à bout : à cet égard, mettre en scène United Problems of Coût de la Main-d’OEuvre, c’est mener le combat sur le terrain de la langue ennemie.
J’ai cherché à rendre sensible le travail sur la prosodie médiatique engagé par l’écriture de Jean-Charles Massera et à tenir ensemble deux traits indissociables du texte : la subversion politique et son improbable drôlerie. La mise en scène travaille les contextes d’énonciation des discours dominants et met à distance la violence aliénante des artifices mis en oeuvre par les dispositifs médiatiques. Les « personnages » joués par Christophe Brault et Clémence Léauté parlent une langue qui n’est plus le signe d’aucun « je » : porteurs d’un discours qui les excède, ils sont porte-voix d’une langue malade qui signe notre appartenance à une époque du monde.
J’ai voulu monter United Problems of Coût de la Main-d’OEuvre comme une comédie sur la société du spectacle : une comédie du discours qui tient lieu de spectacle, si l’on définit avec Guy Debord le spectacle comme « le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale ».
United Problems of Coût de la Main-d’OEuvre est paru, suivi de United Emmerdements of New Order, aux éditions P.O.L, Paris, 2002.
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