En langue allemande.
Wir arme Leut ! Nous pauvres gens… Ainsi se plaint Wozzeck au tout début de l’opéra, faisant entrer sur une scène lyrique, peut-être pour la première fois, la réalité la plus tragique : une petite ville de garnison, la misère, le meurtre, une mort sans rédemption.
Berg avait assisté, blême, à la création viennoise de la pièce de Büchner, longtemps inconnue, et avait été stupéfait par sa force brutale, la puissance de ces fragments cauchemardesques. Arnold Schönberg déconseilla à son élève un sujet si terrible et si éloigné des canons de l’opéra. Mais il tint bon et composa l’un des ouvrages les plus radicaux du XXe siècle, l’un des plus bouleversants aussi. Berg le dira lui-même : il n’a pas cherché à être révolutionnaire, il a simplement cherché à exprimer par les sons le contenu spirituel du drame immortel de Büchner.
Construit avec une rigueur géométrique, enchaînant fugues, inventions, variations et sonates, l’opéra transcende pourtant sa virtuosité formelle et fait monter un saisissant cri de révolte et de désespoir, attendant de nous la plus profonde compassion.
Hartmut Haenchen : Direction musicale
Christoph Marthaler : Mise en scène
Joachim Rathke : Co-metteur en scène
Anna Viebrock : Décors et costumes
Olaf Winter : Lumières
Malte Ubenauf : Dramaturgie
Alessandro Di Stefano : Chef de chœur
Orchestre et choeur de l’Opéra national de Paris
Maîtrise des hauts-de-seine ⁄ Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris
Opéra en trois actes (1925)
Musique d'Alban Berg (1885-1935)
Livret du compositeur d'après le drame Woyzeck de Gerog Büchner.
Wozzeck a été créé le 14 décembre 1925 au Staatsoper de Berlin.
Le livret est tiré de la pièce de Georg Büchner, Woyzeck, que Berg découvrit lors des premières représentations viennoises en 1914. D’emblée, il fut fasciné par cette œuvre et décida de la mettre en musique. Mais la guerre mit un terme à son projet et ce n’est qu’à la fin de celle-ci qu’il put s’y remettre sérieusement. En 1922, la partition intégrale fut terminée, mais il fallut encore attendre trois ans - et surtout le succès de la Suite Symphonique que Berg en tira et qui fut créée en 1924 à Francfort, sous la direction de Hermann Scherchen - pour que l’opéra voie le jour, en 1925, au Staatsoper de Berlin, sous la direction de Erich Kleiber.
Cette création suscita des débats passionnés. Car Wozzeck, œuvre déterminante dans l’histoire de l’opéra, ouvrait des horizons jusqu’alors inconnus sur les scènes lyriques. D’une part, elle représente une projection de l’état mental du personnage éponyme et entraîne par là même le spectateur à partager les expériences de ce pauvre héros humilié. De l’autre, ce monde étrange, cauchemardesque, est traduit par le compositeur en structures musicales rigoureuses (fugue, passacaille, rhapsodie, suite, etc.), qui font que l’opéra devient une entité unique fermée sur elle-même, dont chaque acte, et chaque scène à l’intérieur de chaque acte, constitue une unité structurelle autonome dans cet ensemble. Mais cette construction stricte ne nuit en rien à l’émotion qui se dégage du drame et Berg lui-même déclarait que, quand bien même on serait sensible à ces formes, « on ne doit penser à rien d’autre qu’à l’idée de l’opéra ».
Place de la Bastille 75012 Paris
Réservation possible également au 01 40 13 84 65 pour les places non disponibles en ligne et/ou pour les choisir.
Accès en salle uniquement sur présentation du billet électronique que vous recevrez par email.