le malade imaginaire

Paris 19e
du 10 au 26 janvier 2002

le malade imaginaire

Le Malade imaginaire (1673) est certainement la plus biographique des pièces de Molière. Il s'est inspiré de son propre répertoire et de son expérience de la maladie; c'est une mise en abyme fantasmagorique qui mêle à la fois la farce et le tragique, le burlesque et les larmes, une comédie totale (une folle journée) sous-tendue par la peur de la mort, la solitude d'un homme qui se sait fini...

    
Présentation
Le décor et les accessoires
Le costume
Le maquillage
L'univers sonore du spectacle
Le jeu de l’acteur

Une mise en scène spectrale et une dimension fantastique

Nous ne prétendons pas faire une relecture du Malade imaginaire, les classiques sont toujours contemporains. Pour retrouver le sens du jeu et de la farce, le goût du mouvement et du spectacle, nous avons choisi de travailler sur un imaginaire contemporain, dans une forme joyeusement débridée et loufoque dont on trouverait l’équivalent aujourd’hui dans l’univers du cartoon (Tex Avery) et celui de la grande époque du cinéma burlesque américain (Buster Keaton, Charlie Chaplin, Laurel et Hardy…)
Les géants du cinéma burlesque des années 1910-1920 furent formés à l’école virtuose de la scène, du music-hall et de la pantomime : gestes, acrobatie, expression corporelle, dans la tradition des farces et des soties du Moyen-âge, des parades de Tabarin, des turlupinades et des gaillardises comiques du début du XVIIème siècle, de la commedia dell’arte et des « slapsticks » (coups de bâton) du cirque anglo-saxon.

Le Malade imaginaire (1673) est certainement la plus biographique des pièces de Molière. Il s'est inspiré de son propre répertoire et de son expérience de la maladie; c'est une mise en abyme fantasmagorique qui mêle à la fois la farce et le tragique, le burlesque et les larmes, une comédie totale (une folle journée) sous-tendue par la peur de la mort, la solitude d'un homme qui se sait fini : 
"Tant que ma vie a été mêlée également de douleurs et de plaisirs, je me suis cru heureux… Mais, aujourd'hui que je suis accablé de peines sans pouvoir compter sur aucun moment de satisfaction et de douceur, je vois bien qu'il me faut quitter la partie… Je ne puis plus tenir contre les douleurs et les déplaisirs, qui ne me donnent pas un instant de relâche." Molière.
Chaque scène est une partition où chaque mot a son poids, de la farce la plus scatologique (rabelaisienne) et visuel (bataille d'oreillers, gags, lazzi) à la situation tragique d'un mariage compromis par l'autorité abusive d'un père (passion amoureuse de Cléante et d'Angélique).
Spectacle total où l'écrivain, le poète, ne peut être dissocié de l'homme de spectacle et de divertissement qu'il était, formé sur les planches par le prestigieux Scaramouche. 
Aussi les comédiens explorent des procédés visuels nouveaux sur des bases traditionnelles : précision du travail mécanique du corps, matérialité du jeu avec les objets, prise en compte du spectateur, délires clownesques, jeu inspiré de la commedia dell’arte et de la gestuelle acrobatique.
Les passions s’expriment sans retenue, les ruptures brutales, les contrastes aberrants, le rythme soutenu, l’enchaînement des gags à répétition, les retournements de clichés et surtout l’univers extraordinairement visuel du dessin animé s’accordent bien ici au genre farcesque. Les qualités expressionnistes du cartoon et des courts-métrages du cinéma muet évoque par la forme ce que la farce cherche à nous raconter : les pulsions élémentaires de ses personnages.
A la fois comédie bouffonne et satirique, clownesque et philosophique, Le Malade imaginaire n'est pas prêt de disparaître de nos théâtres. Molière voulait trouver un style comique qui puisse rivaliser avec le tragique (Corneille) et dans ce grand siècle de théâtre, dans cette France du XVII ème siècle, sauvage et raffinée, un auteur est éliminé, sur la scène, par son personnage qui le haïssait :  "Si j'étais médecin, quand il serait sur le point de mourir, je le laisserais sans aide… Je lui dirais : crève, crève !" (Argan).

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Un espace scénique de 3 mètres sur 3 (tréteaux en bois) représente l’aire principale de jeu : la chambre d'Argan. Cette surface correspond à la dimension des tréteaux du Moyen-âge et rappelle aussi les cadres réduits des prises de vues des premiers films muets. Une chaise à porteur, un fauteuil "club", et de nombreux accessoires judicieusement choisis, pots de chambres, flacons de pharmacie, tuyaux, caisse enregistreuse, objets détournés de leur fonction première, complètent l'univers ainsi créé.

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Les costumes correspondent à une recherche plastique en fonction des comédiens et des personnages. Noirs et blancs, ils peuvent rappeler les clowns modernes tels que nous les avons vus dans les spectacles de Kantor, les danseurs de Joseph Nadj , ou inspirés de l' expressionnisme allemand. Ils valent surtout par leur neutralité historique et poussent les comédiens à une recherche corporelle et gestuel en rapport avec leur personnage.

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Le maquillage est lui aussi inspiré des films muet du début du siècle. Comme au Moyen-âge et comme au cinéma, les acteurs se font une moustache (Groucho Marx) et se blanchissent le visage.

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La pièce, l'histoire, est accompagnée en direct par les acteurs qui jouent d'un instrument de musique, comme au temps du cinéma muet ou un pianiste intervenait pendant la projection. Percussions, bruitages, voix, musiques originales, ambiance de Jazz Band et de comédie musicale composent un habillage sonore et direct de la pièce

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Le public vient voir une comédie pour rire et être diverti. L’acteur est au centre de la représentation, ce qui implique dans la mise en scène un retour inéluctable à l’appareil physique, au corps de l’acteur, à son volume, sa plastique, son expressivité et sa gestuelle. La comédie, ici, est un art plastique et cinétique ou le jeu de l'acteur est primordial.
Molière est nécessairement marquée par sa formation d'acteur et donc par l'enseignement du prestigieux Scaramouche, dont il a été l'élève. Ses dons d'acteur comique et surtout de mime ont frappé ses contemporains.
" Il était tout comédien depuis les pieds jusqu'à la tête ; il semblait qu'il eût plusieurs voix ; tout parlait en lui et d'un pas, d'un sourire, d'un clin d'œil et d'un remuement de tête, il faisait concevoir plus de choses qu'un grand parleur n'aurait pu dire en une heure ", écrit Donneau de Visé

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La grande peur d'Argan est celle de la mort; son principal cauchemar : les médecins ne pouvant pas le guérir. C'est l'explosion au sein de sa famille et c'est l'implosion dans sa tête. Apparemment entouré mais se sentant seul, Argan se retrouve double, à la fois malade et médecin… 
Le metteur en scène porte un regard singulier sur la pièce, une vision à la fois cauchemardesque et burlesque du Malade imaginaire , un négatif , l'envers de la pièce. Nous voyons Argan sur scène et nous pouvons voir aussi les autres personnages déformés par la folie d'Argan ainsi que tout ce qui l'entoure, les objets, les sons. Sur scène est représenté l'univers mental d'Argan : les êtres, leur comportement, les objets sont déformés par la maladie d'Argan. La folie d' argan, qui est la plus forte, retient même les personnages sur le plateau pendant toute la durée du spectacle. Aussi les acteurs sont toujours présents en scène.

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Bouffon Théâtre
26-28, rue de Meaux 75019 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 26 janvier 2002

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