Angelo Beolco dit Ruzante (1496-1542)
Dramaturge réaliste, le premier en date en Europe, franc, direct, allant à visage découvert, puisant aux sources de la vie et des conflits de son époque, impudique tranquille, exact dans le langage ordurier, Ruzante est une figure à part en cette « Renaissance » attachée aux belles lettres et à l’antique. Il a su donner sa suprême expression au théâtre populaire.
On ne sait pas grand chose de la vie de l’auteur-acteur Angelo Beolco, surnommé Ruzante. Il semble qu’il soit né en 1496 et mort en 1542, à Padoue. Il était fils « naturel » d’un médecin. À vingt-cinq ans, il trouve en la personne d’Alvise Cornaro un protecteur éclairé et un véritable ami, type représentatif de ces nobles intelligents, passionnés d’art et de savoir de la renaissance. Beolco devint son intendant, administrateur et fermier. Par ailleurs, Alvise Cornaro avait constitué à Padoue une petite cour : Angelo Beolco y organise les fêtes et les spectacles. Cette double condition le met en contact permanent aussi bien avec la paysannerie qu’avec le milieu aristocratique et l’élite culturelle de Padoue et de son université.
Angelo Beolco se révèle un acteur exceptionnel et impose le personnage de Ruzante auquel il ne cessera plus de s’identifier. Il se produit à Venise entre 1520 et 1526, mais c’est surtout à Padoue qu’il exerce ses talents et aussi, parfois, sur l’invitation de l’Arioste, à Ferrare, entre 1529 et 1532, où il vient jouer devant la cour ducale. Il meurt le 17 mars 1542. Avec Ruzante, le paysan, objet depuis des siècles d’une satire cruelle, cesse d’être une caricature pour devenir un véritable personnage de théâtre qui domine la scène.
Le théâtre de Ruzante, redécouvert à la fin du XIXème siècle, fut peu joué en France : Jacques Copeau en 1927, Charles Dullin en 1929, Jean-Louis Barrault en 1955 et 1966, Marcel Maréchal en 1962, firent découvrir un auteur dont le théâtre était dominé par la parole de l’éternel opprimé, du paysan spolié par la noblesse des villes, du moins que rien, d’un anti-héros par excellence, ancêtre des Woyzeck et des Schippel. Certains ont pu voir dans ce théâtre les origines de la Commedia dell’arte.
Peut-être l’importance d’Angelo Beolco est-elle restée ensevelie en raison de ses pièces écrites dans un dialecte, l’ancien padouan rustique, dont aucune traduction française ne peut vraiment restituer les rudesses. Ruzante n’est pas un styliste, il ne se soucie pas de littérature, il ne peint pas d’après les modèles anciens (mérite rare à son époque) : « il fait vrai », « il fait vivant ». Ruzante n’est pas l’Aretin, encore moins Machiavel ou l’Arioste, ses contemporains. Il écrit comme on parle, il est cru, trivial, violent. Mais il se distingue surtout de ces grands écrivains en ce qu’il est avant tout un homme de théâtre : « Molte cose stanno ben nella penna, che nella scena starebben male. » (« Beaucoup de choses font bien par la plume qui sur la scène feraient mauvais effet. »)
À la fois acteur et auteur, il connaît parfaitement le mouvement de la scène, l’activité du dialogue, la vérité du langage parlé, et son invention comique paraît inépuisable.
1517-18 ? La Pastoral
1520 ? La Moschetta
1522-25 ? La Betia
1520-21 ? La Fiorina
1521 Prima oratione
1521-25 ? Retour de guerre
1527-28 ? Bilora
1528 Seconda oratione
1528 Dialogo facetissimo
1529-32 ? L’Anconitaine
1533 La Piovana
1533 La Vaccaria
1536 Littera all’Alvarrotto
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