La danse, pour l'italienne Caterina Sagna, c'est une histoire de famille. “J'ai commencé très tôt, explique t-elle, à quatre ans, à l'école de danse de ma mère à Turin”. Fille de Anna Sagna, professeur et chorégraphe majeure en Italie, elle est aussi la soeur de Carlotta Sagna, également interprète et chorégraphe réputée.
Peut-être les reprises de rôles multiples dans les spectacles de sa mère et les nombreuses collaborations avec sa soeur ont-elles favorisé ce rapport “domestique”, plutôt que professionnel, avec la pratique et la réflexion sur la danse ?
Cette filiation et cette parenté sont en tout cas suffisamment rares, peut être uniques dans l'histoire de la danse occidentale, pour les souligner et y déceler des influences éventuelles dans la manière, à la fois savante et routinière, que Caterina Sagna possède pour aborder cet art aujourd'hui.
Après avoir étudié la danse, le théâtre, la musique et le mime, Caterina Sagna a dansé :
Dans des pièces de Carolyn Carlson :
Undici Onde
Underwood
Chalk Work
Still Waters
Dark
Light from the Abyss
De Jorma Uotinen :
Alphabet
Orfeo e Euridice
Anonyymyt
Atem
Avec la compagnie Sutki :
Coucou Bazar
La Porta
Abiti negri ed altre colombe
Camelie violette margherite
Stabat Mater
Controvento
Les Nuits d’été
Salomé
En mêlant à la danse un théâtre nourri d'une ironie grinçante et amusée, Caterina Sagna a su percer une voie originale qui aujourd'hui la distingue de ses pairs.
Très rapidement, en effet, à la suite de deux pièces réalisées avec des danseurs de la compagnie de Carolyn Carlson, avec laquelle elle danse pendant sept ans, Caterina Sagna a la possibilité de présenter son travail en France. Elle s'engage alors dans un cycle qui durera dix années, de pièces puisant toutes leurs inspirations dans les livres.
Comme un cinéaste pourrait adapter librement un roman à l'écran, la chorégraphe s'empare d'ouvrages littéraires pour en livrer une version scénique personnelle et sans parole (certains avec des textes enregistrés, dits ou chantés) :
“C'était dire avec son corps ce que les mots avaient réussi à dire dans les livres. Oui, surtout j'avais besoin d'avoir un appui extérieur qui me donnait de la force. J'avais envie de traduire sur scène l'émotion ressentie par des livres qui m'avaient beaucoup touchée, explique-t-elle aujourd'hui. Je proposais aux danseurs des thèmes d'improvisation ou de composition qui me donneraient la même émotion que celle que j'avais ressentie à la lecture. Je travaillais à partir de mes émotions, ce n'était pas un travail commun sur le texte. Ils pouvaient lire le livre s'ils le voulaient, mais ce n'était ni obligatoire, ni même utile, car leurs propositions étaient plus surprenantes quand ils ne savaient pas ce que je cherchais exactement”.
Ainsi les sources d'inspirations sont successivement Les Bonnes de Jean Genet pour la pièce Lemercier en 1988, qui peut être considérée comme sa première pièce importante, La Voix humaine de Jean Cocteau, Lenz de Georg Büchner, Le Journal intime de Franz Kafka, ou encore Les Elégies de Duino de Rainer Maria Rilke, ou Les Ecrits de Paul Valéry.
“Jusqu'en 1999, commente Caterina Sagna, ma caractéristique principale reposait sur ma grande difficulté à me sortir de mon sérieux, donc mes pièces reflétaient plutôt des sentiments de tristesse, d'angoisse, de rapport de force ou des difficultés de communication”.
Deux pièces concluent en 1999 cette première phase, le solo Esercizi Spirituali, interprété par la chorégraphe, et un duo avec sa soeur Carlotta, La Testimone.
Une seconde période, qui nous rapproche de l'esprit du travail actuel, commence alors avec la pièce La Signora en 2000 et fait apparaître un visage inédit de la chorégraphe :
“Je savais depuis quelques années déjà que la possibilité de changement était dans l'ironie, c'est un aspect de ma personnalité que je n'arrivais pas à mettre sur scène, comme une honte et je n'imaginais pas rire et faire rire. Donc dans cette pièce, j'étais sur scène, la Madame, avec des soi-disant serveurs qui étaient des interprètes qui m'ont aidée à jeter des bêtises sur scène pour sortir de ce trou. J'ai donc levé les yeux, chose que je n'avais pratiquement jamais faite, parce qu'avant les spectacles étaient dans une énergie très intimiste, très intériorisée. Donc j'ai levé les yeux, j'ai commencé à sourire et à faire des “conneries” évidemment entre guillemets, et voilà j'ai commencé et c'est très salutaire”.
Ses spectacles Relation publique et Heil Tanz ! évoquent les rapports de domination, d'oppression, de lâcheté au sein d'un groupe de danseurs. Caterina Sagna entend avant tout réactiver le regard sur la danse et élargir son champ de réflexion.
Ainsi, entendre cette phrase dans le spectacle Heil Tanz ! : “Si on casse un bassin à coup de pieds, on peut comprendre un grand écart”, de surcroît prononcée par Dominique Mercy, danseur oh combien emblématique de la compagnie de Pina Bausch, agit comme une torsion mentale qui entraîne le spectateur à repenser la danse autrement.
Elle a travaillé pour le Teatro la Fenice (Venise), le Teatro Verdi (Trieste) et le Teatro San Carlo (Naples), tout en commençant parallèlement un travail de recherche théâtrale dans le domaine de la danse, en collaboration avec Roberto Castello et Diego Dettori (Bagni Nettuno), Carlotta Sagna (Un Duo et Eggs), Toméo Vergès (Schmäh).
En 1987, elle fonde la compagnie Nadir puis crée les spectacles suivants :
2006 Basso Ostinato, textes de Roberto Frattini Serafide
1999 La Testimone, chorégraphie réalisée avec Carlotta Sagna sur des textes de Lluïsa Cunillé
Exercizi spirituali, d’après Ignazio de Loyola
1996 Cassandra, d’après Kassandra de Christa Wolf
Strappi, d’après Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes
1994 Isoï
1995 La Migration des sens, d’après les écrits de Paul Valéry
1993 Le Passé est encore à venir, d’après Les Elégies de Duino de Rainer Maria Rilke
1992 Le Sommeil des malfaiteurs, d’après les écrits de Corrado Bertoni
1991 Quaderni in ottavo, d’après les notes du Journal intime de Franz Kafka
1990 Lenz, d’après la nouvelle de Georg Büchner
1989 La Voce umana, d’après La Voix humaine de Jean Cocteau
1988 Lemercier, adaptation libre des Bonnes de Jean Genet
Invitée par le CCN de Roubaix, Caterina Sagna participe, aux côtés de Malou Airaudo et Carolyn Carlson, au programme de Present Memory, présenté en février 2010 au CCN de Roubaix.
Cet(te) artiste n'est pas lié(e) en ce moment à un spectacle.
Théâtre de la Bastille, Paris
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