Biographie établie par Laurent Feneyrou.
Né le 22 août 1928, à Mödrath, non loin de Cologne, et mort le 5 décembre 2007, à Kürten, Karlheinz Stockhausen laisse une oeuvre considérable, qui compte près de 370 numéros d’opus et dix volumes d’écrits.
Sa mère, Gertrud Stupp, issue d’une famille ancienne et aisée de cultivateurs, chantait et s’accompagnait volontiers au piano. Après la naissance en 1929 d’une fille (Katharina), et en 1930 d’un second fils (Hermann-Josef, qui mourra en 1933), une grave dépression aboutit à son internement en décembre1932. En 1941, elle sera déclarée morte de « leucémie », comme tous les autres patients de l’asile, victime de la politique d’euthanasie des malades mentaux, organisée par le Troisième Reich – l’opéra Donnerstag aus Licht représentera ses souffrances, jusqu’à l’injection létale.
Stockhausen grandit à Altenberg, où il reçoit ses leçons de musique de l’organiste de la cathédrale, Franz-Josef Kloth. Son père, Simon, instituteur, chasseur et amateur de théâtre, avait appris le piano et le violon dans sa jeunesse. Contraint de rejoindre le parti national-socialiste, il est en charge de la collecte des contributions, mais perçoit bientôt la nature délétère du régime, contraire à ses convictions catholiques. Il se remarie en1938. Stockhausen, dont les relations avec sa belle-mère sont difficiles, devient pensionnaire au Collège pour la formation d’enseignants de Xanten, où il doit revêtir des uniformes marqués d’insignes nazis, et où il joue du piano, du hautbois et du violon. Enrôlé, brancardier à Bedburg, il retrouve en 1945, à Altenberg, son père en permission. Celui-ci avait été envoyé sur le front deux ans auparavant, et lui confie : « Je ne reviendrai pas. Occupe-toi de tout ». Il sera bientôt porté disparu, vraisemblablement en Hongrie.
Après la guerre, dans une situation difficile, orphelin, Stockhausen exerce différents métiers (fermier, gardien de nuit, mais aussi pianiste, membre d’un groupe vocal, répétiteur de choeur, musicien de jazz et d’opérettes…). Il étudie le piano, la théorie, la musicologie, la philologie et la philosophie au Conservatoire et à l’Université de Cologne, écrit un mémoire sur la Sonate pour deux pianos et percussion de Béla Bartók, et devient en 1950 l’élève en composition de Frank Martin. L’influence, alors dominante en Allemagne, de Paul Hindemith laisse bientôt place chez lui, à la suite de René Leibowitz et de Hermann Scherchen, à l’étude d’Arnold Schoenberg et d’Anton Webern. Stockhausen participe dès 1951 aux Cours d’été de Darmstadt, où il enseignera de 1953 à 1974, et suit, en 1952–1953, au Conservatoire de Paris, les cours de Darius Milhaud, qu’il abandonne après quelques semaines, et surtout ceux d’Olivier Messiaen, que lui avait conseillé son ami Karel Goeyvaerts.
Après avoir fréquenté, avec Pierre Boulez, le Club d’essai de Pierre Schaeffer, il participe à la fondation du Studio de musique électronique de Cologne en 1953 et suit les cours de phonétique de Werner Meyer-Eppler à l’Université de Bonn (1954–1956), tout en dirigeant, avec Herbert Eimert, l’influente revue Die Reihe (1954–1959). Dès lors, il déploie une intense activité théorique et compositionnelle : sérialisme, musique ponctuelle, musique électronique, musique statistique, aléa, conquête de l’espace, composition par groupe, théâtre musical, processus, Momentform, formules, intégration d’objets trouvés, télémusique, musique intuitive, musique cosmique…
Professeur aux Cours de Cologne pour la nouvelle musique (1963-1968), à l’Université de Pennsylvanie (1965), à l’Université de Californie (1966-1967), et à la Musikhoschule de Cologne (1971–1977), Stockhausen enseigne régulièrement en Europe, en Amérique du Nord et en Asie, jusqu’à la création, en 1998, des Cours Stockhausen, à Kürten, où il réside. Auparavant, du 14 mars au 14 septembre 1970, lors de l’Exposition universelle à Osaka, une vingtaine de solistes interprètent quotidiennement ses oeuvres pendant plus de cinq heures, touchant près d’un million de visiteurs.
De1977 à 2003, Stockhausen compose un cycle de sept opéras, Licht (Lumière), suivi, de 2004 à sa mort, d’un second cycle, Klang (Son). Docteur honoris causa de l’Université libre de Berlin (1996) et de l’Université de la Reine de Belfast (2004), membre de douze académies des arts et des sciences, Stockhausen fut lauréat d’innombrables prix et distinctions internationales.
Ses premières oeuvres, jusqu’à Fresco (1969), pour quatre groupes d’orchestre, sont éditées par Universal Edition ; les suivantes, par le Stockhausen Verlag, une maison d’édition qu’il crée en 1975, et qui publie non seulement ses partitions, mais aussi les derniers volumes de ses écrits (vol. 7–10), des fac-similés d’esquisses (notamment du Gesang der Jünglinge), des vidéos et une édition complète des enregistrements de ses oeuvres (139 numéros de CDs prévus).
Enfin, en1994, est fondée la Stockhausen-Stiftung für Musik (Fondation Stockhausen pour la musique), association à but non lucratif, dont l’objectif est « l’essor de la musicologie et le développement de la culture musicale, sur la base de l’oeuvre de Karlheinz Stockhausen ».
Cet(te) artiste n'est pas lié(e) en ce moment à un spectacle.
Théâtre Dunois, Paris
Opéra-Comique, Paris
Espace Pierre Cardin (Théâtre de la Ville), Paris
La Parenthèse, Avignon
TGP - CDN de Saint-Denis, Saint-Denis
Eglise Saint-Eustache, Paris
Opéra Garnier, Paris
Opéra Bastille - Amphithéâtre, Paris
Cité de la musique (Philharmonie 2), Paris
Chaillot - Théâtre national de la Danse, Paris