Krystian Lupa est né en 1943 à Jastrzebie Zdroj (Silésie). De vingt à vingt-six ans, il suit des cours de peinture, puis d’art graphique à l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie, dont il sort avec un diplôme de graveur en 1969. Après des études de cinéma qu’il n’achève pas, il se forme pendant quatre ans à la mise en scène à l’Institut d’Art Dramatique de Cracovie, où il obtient son diplôme en 1978. Son travail de fin d’études, Les mignons et les guenons de Witkiewicz, où il dirige des étudiants du Conservatoire, reçoit un excellent accueil public et critique. Lupa commence alors sa carrière dans les Sudètes occidentales, au théâtre Norwid de Jelenia Gora, tout en dirigeant quelques productions au Stary Teatr de Cracovie (notamment Yvonne, princesse de Bourgogne, de Gombrowicz, en 1978).
Son travail à Jelenia Gora, où il reste jusqu’en 1986, présente un caractère expérimental très marqué. Après deux spectacles personnels (La chambre transparente en 1979 et Le Souper en 1980), il revient à Witkiewicz et à son théâtre de l’absurde métaphysique (Les Pragmatiques en 1981, puis Mathieu de Korbowa et Bellatrix en 1986) tout en approfondissant son approche de l’oeuvre de Gombrowicz (Le Mariage, 1984). Dans un texte de cette époque, intitulé Le théâtre de la révélation, Lupa expose sa conception du théâtre comme instrument d’exploration et de transgression des frontières de l’individualité. En 1985, il présente une première synthèse de ses recherches au Stary Teatr : Cité de rêve, d’après le roman d’Alfred Kubin, invite à un voyage au fond de l’intériorité.
Un an plus tard, il quitte définitivement Jelenia Gora pour le Stary Teatr, où il crée depuis la plupart de ses spectacles. Son arrivée à Cracovie coïncide avec un tournant de sa recherche. Depuis une dizaine d’années, Lupa s’intéresse davantage aux questions éthiques, et la plupart de ses mises en scène puisent leur matière dans la littérature russe ou autrichienne : il a monté ou adapté pour la scène des auteurs tels que Musil (Les rêveurs , 1988, suivi des Esquisses de l’homme sans qualités , 1990), Dostoïevski (Les frères Karamazov, 1990) Rilke (Malte, ou le triptyque de l’enfant prodigue, 1991), Thomas Bernhard (Kalkwerk (La Plâtrière), 1992 ; Emmanuel Kant et Ritter, Dene, Voss, 1996), Tchekhov (Platonov, 1996) ou enfin Hermann Broch.
Selon Lupa, qui signe lui-même (outre la scénographie et parfois la musique de ses spectacles) les adaptations et les traductions des textes qui l’inspirent, sa prédilection pour les romanciers vient de ce que « les auteurs de drame pensent trop en termes de théâtre et trop peu en termes de vie » . Il tire de leurs oeuvres des mises en scène d’une durée envoûtante (à titre d’exemple, Malte occupait trois soirées, et Les Frères Karamazov ou les Esquisses six à sept heures). « C’est qu’il y a un temps du théâtre propre à Lupa, » écrivait Jean-Pierre Thibaudat à propos de Kalkwerk : « entêtant, vénéneux, dilaté. On ne va pas voir un spectacle de Lupa, on s’y installe comme sur une île pour y passer la nuit. Le théâtre et le jeu des acteurs y perdent leurs effets. Alors ressurgissent des images enfantines que, tout à coup, brouillent les secousses d’un réveil que sont chez Lupa une porte qui s’ouvre sur une discrète ponctuation musicale ou une miette de pain qui tombe avec un bruit de cristal. Il y a chez lui un goût contaminant pour prolonger le temps de la représentation à l’extrême, dans une sorte de sensualité douce et nostalgique. »
Depuis 1983, il enseigne à l’Institut d’Art Dramatique de Cracovie, où il occupe la chaire de Doyen de la Faculté de mise en scène.
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Dans ce récit hypnotique à la croisée entre fiction et document, l’auteur allemand Krystian Lupa reconstitue la vie de quatre hommes qu’il a côtoyés à un moment ou à un autre de sa vie.
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