Il est né le 9 décembre 1901 à Fiume, ville autonome, rattachée aujourd'hui à la Croatie sous le nom de Rijeka. Il est l'enfant naturel d'Edmund Josef Horváth, diplomate austro-hongrois et de Maria Hermine Prehnal, issue d'une famille germano-hongroise de médecins militaires. De 1902 à 1918 il suit les affectations de son père à Belgrade, Budapest, Bratislava, Vienne et enfin Munich où il commence des études de littérature à l'université.
Sa première pièce de théâtre Mord in der Mohrengasse, Meurtre dans la rue des Maures, date de 1923. Il signe un contrat avec la maison d'édition Ullstein qui lui permet de vivre de sa plume et en 1930 paraît son premier roman, L'Eternel petit bourgeois, Der ewige Spießer. Il connaît le succès à Berlin à partir de 1931 avec ses deux pièces majeures, Italienische Nacht, La Nuit italienne, et Geschichten aus dem Wienerwald, Légendes de la forêt viennoise, pour laquelle il reçoit le prestigieux prix Kleist.
En 1933, face à la montée du nazisme, il fuit Berlin pour Vienne où sa pièce Glaube Liebe Hoffnung, Foi Amour Espérance, est jouée en 1936. Mais, contraint de fuir à nouveau, il quitte Vienne en 1938. Son exil le conduit à Budapest, Trieste, Venise, Milan, Prague, Zurich, Amsterdam et enfin Paris où le suit son amie Wera Liessem.
Le 1er juin 1938, alors qu'il se promène sur les Champs-Élysées, il est tué accidentellement devant le théâtre Marigny par une branche d’arbre arrachée par la tempête. La même année paraissent ses deux derniers romans Un fils de notre temps, Ein Kind unserer Zeit et Jugend ohne Gott, Jeunesse sans dieu, très vite traduit en huit langues, chez l'éditeur des exilés Allert de Lange.
Pièces de théâtre :
Meurtre dans la rue des Maures, Mord in der Mohrengasse, 1923
Le Belvédère, Zur schönen Aussicht, 1926
Révolte sur la côte 3018, Revolte auf Côte 3018, 1927
Le Funiculaire, Die Bergbahn, reprise de Revolte auf Côte 3018, 1928
Sladek, soldat de l'armée noire, Sladek, der schwarze Reichswehrmann, reprise de Sladek oder Die schwarze Armee, 1929
Le Congrès, Rund um den Kongreß, 1929
La Nuit italienne, Italienische Nacht, 1930
Légendes de la forêt viennoise, Geschichten aus dem Wienerwald, 1931
Foi, Amour, Espérance, Glaube, Liebe, Hoffnung, 1932
Casimir et Caroline, Kasimir und Karoline, 1932
L'Inconnue de la Seine, Die Unbekannte aus der Seine, 1933
Allers et retours, Hin und her, 1934
Don Juan revient de guerre ou l'Homme de neige, Don Juan kommt aus dem Krieg, 1935
Figaro divorce, Figaro läßt sich scheiden, 1936
Pompéi, Pompeji. Komödie eines Erdbebens, 1937
Un village sans hommes, Ein Dorf ohne Männer, 1937
Vers les cieux, Himmelwärts, 1937
Le Jugement dernier, Der jüngste Tag, 1937
L'intégralité de ses pièces de théâtre est éditée en français par l'Arche.
Romans :
L'Éternel Petit-bourgeois, Der ewige Spießer, 1930
Jeunesse sans dieu, Jugend ohne Gott, 1938
Un fils de notre temps ou Soldat du Reich, Ein Kind unserer Zeit, 1938
Ödön von Horváth, né en 1901, – hongrois de langue et de culture allemandes – est mort à Paris en 1938. Vivre en Allemagne, percevoir dès 1927 les périls qui menacent et se situer aux antipodes du nationalisme, écrire, cependant, bien loin des sentiers battus par l’idéologie dominante, nombre d’auteurs de langue allemande durent affronter ce paradoxe.
De 1927 à 1932, plusieurs pièces, Le Funiculaire, Sladek, soldat de l’armée noire, Nuit italienne, Casimir et Caroline, un roman, L’Éternel Petit-Bourgeois, lui apportent la notoriété et attirent sur lui l’attention et les foudres des milieux nationalistes. Horváth est interdit sur les scènes allemandes dès 1933, à la suite du succès remporté par Légendes de la forêt viennoise, qui lui vaut, en 1932, le prix Kleist, la plus haute récompense littéraire de l’époque.
Horváth s’installe à Vienne. Pour lui, ce n’est pas un exil, puisqu’il vit encore dans sa langue et dans sa culture. Il y écrit de nouvelles pièces et ses deux romans les plus célèbres, Jeunesse sans Dieu et Un fils de notre temps. En 1938, au lendemain de l’annexion de l’Autriche par le troisième Reich, Horváth s’exile à Paris. Le 1er juin 1938, une tornade s’abat sur la ville : « Devant le théâtre Marigny, un arbre de belle taille était brisé presque au ras du sol et s’effondrait sur les allées. Une branche maîtresse écrasa un passant, qui fut tué sur le coup : l’auteur dramatique et romancier très connu en Allemagne, M. de Horváth… »
L’histoire laissera Horváth sombrer dans l’oubli. Mais la génération de l’après-guerre revendiquera une filiation directe avec celui qui, au plus fort de la tourmente, réinventa le théâtre populaire allemand. Speer, Kroetz, Fassbinder, Turrini, Handke lui rendront hommage.
Ce dernier l’opposera d’ailleurs à Brecht : « Les pièces de Brecht proposent une simplicité et un ordre qui n’existent pas. Pour ma part, je préfère Horváth, son désordre, et sa sentimentalité dépourvue de maniérisme. Les égarements de ses personnages me font peur : il pointe avec bien plus d’acuité la méchanceté, la détresse, le désarroi d’une certaine société. Et j’aime sesphrases folles, signes des sauts et des contradictions de la conscience. Il n’y a guère que chez Tchekhov ou Shakespeare que l’on en trouve de semblables. »
Cet effroi dont parle Handke, quel lecteur, quel spectateur ne l’éprouverait-il pas ? Horváth démasque le nationalisme, le racisme au quotidien, la lâcheté, l’infamie d’une société désemparée par une crise sans précédent.
Heinz Schwarzinger, « Ödön von Horváth » , repères, Actes Sud-Papiers
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