Diseurs, comédiens, bidouilleurs de sons, musiciens, acteurs-poètes, ensemble ils racontent l’histoire d’Un fils de notre temps, celle d’un paumé, un paumé qui s’engage. Ödön von Horváth publie ce roman en 1938, à la suite de son célèbre Jeunesse sans Dieu, alors qu’il est en exil, fuyant le régime hitlérien. Il s'agit du monologue intérieur d’un jeune homme au chômage – emporté par son époque – qui, pour survivre, devient soldat. Nourri d’espoirs déçus et de mauvaise pitance, il pose un regard froid sur un monde qui ne tourne plus rond. C’est à la fête foraine, royaume des illusions, qu’il retrouve un peu de son humanité.
Le récit est porté par la voix, la sensibilité et l’imaginaire de quatre comédiens. Tour à tour choeur ou orchestre – violon, trompette, claviers et guitare sont présents sur la scène –, le quatuor déploie dans une commune respiration la diversité des résonances personnelles que le propos suscite et, par là, en révèle l’universalité. Loin d’uniformiser les individualités, le groupe permet aussi l’intimité de la confession, le surgissement de visions singulières. Destiné à des espaces non théâtraux, le plateau est nu. Seuls quatre ventilateurs ponctuent le cadre d’une parole dont les comédiens peignent toutes les couleurs, oscillant entre incarnation et évocation. Reste alors à laisser l’image apparaître dans l’âme de l’assistance… Attendre ce moment d’équilibre par lequel l’acteur passe – comme l’étoile filante laisse une trace dans le ciel – lorsqu’il devient poète.
« Une remarquable réussite théâtrale d’une acuité politique aujourd’hui hallucinante. » La Terrasse
« Le metteur en scène Jean Bellorini a tiré un oratorio à quatre voix (…) la verdeur des interprètes donne paradoxalement une intensité supplémentaire à cet anti-roman d’apprentissage. » Télérama (TT)
« On retrouve ici tout l’art du théâtre de Jean Bellorini : direct et populaire, tissé d’émotion et d’intelligence, pour frapper au coeur, cogner au ventre. » La Croix
« Ce spectacle est non seulement une formidable réussite formelle mais une belle matière à réflexion. » JSD
Je veux commencer ce petit texte de présentation par cette citation de Gilles Deleuze : « transmettre non pas ce que l'on sait mais ce que l'on cherche ».
Nous allons travailler autour d'un roman de Horváth. « Il faut que j'écrive ce livre. Ça urge, ça urge ! Je n'ai pas le temps de lire de gros livres, car je suis pauvre, et il me faut travailler pour gagner ma vie, manger, dormir. Moi aussi, je ne suis qu'un fils de notre temps... », écrivait Horváth à un ami en 1937.
Dans un premier temps, il s'agira de « rentrer » dans l'écriture, de se l'approprier tout en restant fidèle à sa musique propre. Malgré la traduction, il nous faudra chercher à retranscrire la langue.
Puis un travail choral sera fait pour explorer toute la complexité des interprétations possibles de ce texte. Le choeur non pas comme quelque chose qui rend uniforme l'interprétation mais au contraire comme la somme des visions et des personnalités de chacun dans une compréhension et une respiration commune.
Un travail sur la naissance - sur la provenance - de la parole. Le flot de parole jusqu'à la pathologie. La parole qui s'emballe jusqu'à la frénésie. Les remords et la honte.
Et puis surtout un travail sur un roman. Cela nous permettra de nous poser la question du récit au théâtre. La question de l'incarnation et de l'évocation.
Le « théâtre » naît - comme un petit miracle, l'espace d'un instant - de la rencontre entre l'imagination de l'acteur (sa force de croyance, sa force évocatrice, c'est-à-dire son pouvoir poétique) et celle du spectateur.
Jean Bellorini
Quatre acteurs et musiciens évoquent avec émotion la pensée troublée et instable d'un jeune homme qui ère à la recherche d'une place dans cette société sans repère. Une belle performance portée par une mise en scène sobre mais pleine d'évocation.
Pour 1 Notes
Quatre acteurs et musiciens évoquent avec émotion la pensée troublée et instable d'un jeune homme qui ère à la recherche d'une place dans cette société sans repère. Une belle performance portée par une mise en scène sobre mais pleine d'évocation.
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